Best of du Web : comment la presse américaine commente la décision de S&P

Depuis vendredi soir, la presse américaine accorde naturellement une grande place à la décision de S&P de déchoir les Etats-Unis de leur statut AAA. Et l'on y décèle davantage de résignation sur la perte d'influence des Etats-Unis qu'un sentiment de panique sur les conséquences de cette décision sur le financement de la dette.
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Pour le New York Times, cette décision revêt une portée symbolique, mais ses implications économiques ne sont pas claires. En particulier, cette dégradation ne devrait pas affecter la capacité des banques à emprunter en utilisant comme garantie les bons du trésor. Le quotidien américain, dans son édition du 6 août, ne cache pas cependant son étonnement devant une décision qui affecte un produit financier considéré comme l'un des plus surs du monde, sinon le plus sur. Le New York Times pointe cependant que "l'incapacité des dirigeants politiques de parler d'une seule voix, qu'il s'agisse du plafond de la dette américaine ou de la crise qui frappe l'Union européenne, est au c?ur des problèmes". Le quotidien américain cite Olli Rehn, commissaire européen à l'économie, appelant les investisseurs à prendre en compte le travail en train d'être accompli par l'Union européenne pour résoudre la crise de la dette.

"Peut-être", écrit le New York Times, "mais maintenant que la Grèce, l'Irlande et le Portugal ayant bénéficié d'un important plan de soutien, les investisseurs s'inquiètent de ce qui pourrait se passer si des pays aux économies plus importantes comme l'Espagne ou l'Italie devaient connaître les mêmes difficultés". Les parlements européens doivent voter sur l'extension des capacités du Fonds européen de stabilité financière après les vacances, note le New York Times, mais le problème est que les marchés n'attendront peut-être pas aussi longtemps et augmenteront le coût de la dette espagnole ou italienne à un point où ces deux pays ne pourront plus rembourser. Or, les leaders européens sont encore loin de franchir le pas décisif vers davantage de fédéralisme afin que l'Union Européenne ressemble davantage aux Etats-Unis...

Or le quotidien note que même l'idée d'émettre des « eurobonds » rencontre une forte résistance de la part de l'Allemagne où un député proche d'Angela Merkel les a baptisés de « poison ». Enfin, concernant la France, le New York Times écrit : « si la crise en Italie et en Espagne ne peut pas être évitée, la France, en tant que l'un des participants majeurs au plan de sauvetage, se retrouverait dans une position de plus en plus faible. Le spread sur les bons du trésor français se sont élargis face au bund allemand. Le déficit de la France est élevé, et si l'importance des capitaux à mobiliser pour protéger l'Espagne et l'Italie devait augmenter sensiblement, les investisseurs commenceraient à se poser la question de la capacité de la France à y prendre part ».

Par ailleurs, dans sa rubrique Opinion du 6 août, le New York Times écrit : "Washington peut tenter de le nier, mais selon un sondage New York Times/CBS, plus d'un Américain sur deux estime que la création d'emploi devrait être une priorité plus grande que la diminution des dépenses publiques. Ce sondage montre aussi que 82% des Américains affirment désormais qu'ils désapprouvent le Congrès , un sentiment nourri par la conviction que le combat pour relever le plafond de la dette était plus affaire de gain politique qu'une tentative de faire le mieux possible pour le pays."                                                          https://www.nytimes.com/pages/business/index.html


Le New York Times s'interroge par ailleurs sur le rôle des agences de notation, en donnant la parole à certains membres du Congrès, qui, ont participé à la fin du mois de juillet à une réunion avec les dirigeants de S&P, à propos des risques d'un défaut américain. Les parlementaires s'interrogent sur la pertinence d'une implication aussi forte d'une agence de notation dans les débats sur la politique fiscale. Randy Neugebauer, un Républicain du Texas, président du sous-comité des services financiers à la Chambre des représentants, estime ainsi qu'il est normal que S&P tienne compte de la situation politique dans ses analyses. "Mais ce qui les situe désormais dans un territoire inexploré, c'est le fait qu'ils essaient de prédire ce que le Congrès va faire et d'utiliser cette prédiction comme base de leur décision."
https://www.nytimes.com/2011/08/07/business/economy/standard-poors-downgrades-evokes-anger-in-washington.html

Le Washington Post, dans son édition du 6 août s'est intéressé au rôle de Barack Obama dans les discussions sur le relèvement du plafond de la dette. Certains leaders démocrates estiment en effet que le président Obama a cédé trop ou et trop vite aux républicains. "Les membres du staff présidentiel estiment que l'approche du président paiera sur le plan politique. Ils pensent que l'image d'Obama en tant que chercheur de compromis raisonnable est précisément ce que les Américains attendent de lui. Mais beaucoup de Démocrates craignent qu'Obama s'écarte trop des valeurs clés du parti, alors que les Républicains sont unis dans leur quête d'un état de plus en plus rétréci." Pour le Washington Post, la situation du président américain n'est pas simple, car il doit respecter une sorte d'équilibre précaire entre sa volonté d'en découdre avec les Républicains et sa volonté de rassurer les marchés et la communauté américaine sur le fait qu'il n'y aurait pas de défaut des Etats-Unis.
https://washingtonpost.com:politics:obama-role-in-debt-ceiling-talks-scrutinized:2011/08/05/gIQAtADNxl_story_2.html

Quant au Wall Street Journal, il résume ainsi la décision de S&P : "ce n'est pas un choc mais cela ajoute à la déprime". Pour le quotidien économique et financier, la perte du statut AAA devrait bien provoquer quelques tumultes sur les marchés la semaine prochaine, mais à plus longue échéance, cette dégradation ne sera rien d'autre qu'un épisode du déclin de l'économie américaine.                                                                                                                   https://europe.wsj.com/home-page

Commentaires 4
à écrit le 08/08/2011 à 10:56
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Cette dégradation de la note de la dette US est fondamentalement une bonne chose: le gouvernement US doit contrôler et diminuer sa dette. C'est une obligation absolue. Et c'est valable pour tous les Etats occidentaux trop endettés depuis 30 ans. C'es...

à écrit le 08/08/2011 à 5:20
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ne vous inquiétez pas après qlq mois l'oncle sam retrouvera son triple A C ca les USA est un enfant gâté , ils font des caprices si on lui donnent des mauvaises notes alors du coup on fait semblant d'être gentil avec eux même si on sait que ce sont ...

le 08/08/2011 à 9:34
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Non Ludo, pas cette fois. Ce sont 55.000 milliards de dollars virtuels qui gravitent autour du globe et 30.000 milliards devront avoir disparu des comptes d'ici la fin de l'année. Il est temps de sonner le glas.

à écrit le 07/08/2011 à 21:09
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Les dirigeants de S and P devraient éviter de voyager, car ils pourraient être la cible des services spéciaux américains ou alliés.

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