Tempête de critiques en Italie face au nouveau plan d'austérité

Le plan d'austérité présenté vendredi par Silvio Berlusconi, le deuxième en moins d'un mois, soulève une tempête de critiques en Italie, où la principale organisation syndicale brandit la menace d'une grève générale pour dénoncer l'"injustice" des mesures annoncées.
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Le président Giorgio Napolitano a signé samedi le décret officialisant les mesures qui doivent permettre de réduire de 45,5 milliards d'euros le déficit budgétaire et de parvenir à l'équilibre d'ici 2013, un an avant ce qui avait été décidé le mois dernier.

Ce décret qui doit être approuvé par le Parlement dans les soixante jours sera probablement amendé au cours du débat, qui commencera au Sénat le 22 août.

"Une occasion manquée", commente dans la Stampa de dimanche Pier Carlo Padoan, économiste en chef de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Pour lui, le plan est positif dans ses efforts d'équilibre budgétaire mais pèche par son manque de mesures pour relancer la croissance et combattre la fraude fiscale, qui selon l'organisation patronale Confindustria représente 120 milliards d'euros.

La dirigeante de la puissante confédération syndicale CGIL, Susanna Camusso, juge dans La Repubblica que le plan d'austérité "ne frappe que ceux qui paient déjà leurs impôts".

Une réunion le 23 août décidera d'une éventuelle grève générale, ajoute-t-elle.

Le plan impose un nouvel "impôt de solidarité" de cinq pour cent sur les revenus annuels supérieurs à 90.000 euros, de 10% pour ceux qui excèdent 150.000 euros.

Economistes, syndicalistes et chefs d'entreprises jugent toutefois qu'une nouvelle taxe sur le patrimoine, plutôt que sur les revenus du travail, aurait été préférable car elle aurait permis de faire contribuer les fraudeurs qui ne déclarent pas tous leurs revenus et possèdent souvent de grandes richesses.

"TRAGÉDIE GRECQUE"

Pour le président de Ferrari, Luca Cordero di Montezemolo, qui s'exprime dans le Corriere della Sera, la nouvelle taxe de solidarité est "un scandale".

"C'est une chose de demander une contribution de solidarité à quelqu'un comme moi ou comme Berlusconi mais c'est tout autre chose de s'en prendre à un cadre qui est chargé de famille", dit-il.

Les éditoriaux de la presse italienne sont largement négatifs.

L'ancien commissaire européen Mario Monti, dans le Corriere della Sera, ne cache pas sa déception, jugeant que le plan pèse beaucoup trop sur les classes moyennes et ne prévoit rien en faveur de la croissance.

Pour l'économiste français Jean-Paul Fitoussi, interrogé par Il Messaggero, la pression des marchés a poussé Rome à prendre des mesures qui ne sont guère efficaces et pénaliseront une croissance déjà faible. "L'Italie est comme la protagoniste d'une tragédie grecque: obligée de faire des choses qui sont inutiles et même néfastes à long terme, mais nécessaires pour sa survie à court terme."

Dans une interview au quotidien économique Il Sole 24 Ore, la dirigeante de la Confindustria, Emma Marcegaglia, dit craindre que les nouvelles mesures fiscales ne poussent les cadres supérieurs à partir à l'étranger.

"On en arrive à un niveau totalement disproportionné d'imposition sur les hauts revenus - ou prétendus tels", dit-elle.

Elle estime aussi que la taxe baptisée "Robin des Bois", qui doit concerner les sociétés du secteur énergétique avec plus de 10 millions d'euros de chiffre d'affaires et un million de revenus imposables, est une "folie".

Emma Marcegaglia se prononce en revanche pour une hausse de la TVA et une réforme du système de retraite.

Sous la pression de la Banque centrale européenne (BCE), le président du Conseil Silvio Berlusconi a annoncé vendredi soir des mesures qui prévoient 20 milliards d'euros d'économies en 2012 et 25,5 milliards d'euros de plus en 2013, par un mélange de réduction des dépenses et de hausses d'impôts.

L'étendue des économies prévues témoigne du chemin parcouru par le gouvernement depuis les turbulences boursières liées depuis juillet à la crainte de voir l'Italie, troisième économie de la zone euro, s'enfoncer dans la crise de la dette à la suite de la Grèce et submerger les mécanismes de soutien de la zone.

Le ministre des Finances Giulio Tremonti a dit que le déficit budgétaire tomberait à 1,4% du produit intérieur brut (PIB) en 2012, contre 3,8% cette année, et serait effacé en 2013. Il a ajouté qu'il s'agissait là d'objectifs "prudents".

 

Commentaires 2
à écrit le 16/08/2011 à 4:56
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Une simple hausse de l imposition n y suffira pas: il faut que l on debate en europe de la question de l esperance de vie et du cout de la santé pour la société...

à écrit le 16/08/2011 à 4:32
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"le déficit budgétaire tomberait à 1,4% du produit intérieur brut (PIB) en 2012, contre 3,8% cette année, et serait effacé en 2013." Mathématiquement cela pourrait être juste, dans la réalité certainement pas, il faut tenir compte du ralentissement d...

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