Crise de la zone euro : des dirigeants du G20 exhortent à agir vite

Sept dirigeants de pays du G20, dont ceux de la Grande-Bretagne et du Canada, ont adressé une lettre à Nicolas Sarkozy, engageant les gouvernements et institutions de la zone euro à agir vite. Alors que la France assure la présidence du G20 et du G7, Nicolas Sarkozy s'était efforcé mercredi de rassurer Barack Obama sur la situation de la zone euro.
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Les gouvernements et institutions de la zone euro doivent agir rapidement pour résoudre la crise de la zone euro, déclarent sept des dirigeants de pays du G20 dans une lettre adressée au président français, Nicolas Sarkozy. Dans leur lettre, les responsables de l'Australie, du Canada, de l'Indonésie, de la Grande-Bretagne, du Mexique, de l'Afrique du Sud et de la Corée du Sud écrivent que sortir de la récession sera difficile pour beaucoup d'économies avancées.
"Nous n'avons pas encore maîtrisé les défis de la crise. Les déséquilibres mondiaux augmentent encore", lit-on dans cette lettre. "Nous devons prendre des initiatives pour accroître la demande mondiale sans créer de déséquilibres insoutenables." La France assure la présidence du G20 et du G7.

"Le monde est dans la zone dangereuse"

De son côté, le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, a estimé ce jeudi que les pays occidentaux n'auraient "pas d'excuse" s'ils retombaient en récession et pesaient sur l'économie mondiale. "En 2008, beaucoup ont dit qu'ils n'avaient pas vu venir les turbulences. Les dirigeants n'ont pas d'excuse de ce genre aujourd'hui", a déclaré Robert Zoellick lors d'une conférence de presse à l'ouverture des assemblées annuelles de la Banque et du Fonds monétaire international à Washington. "Le monde est dans la zone dangereuse", a-t-il considéré.

Garantir le sauvetage de la Grèce

Mercredi à New york, Nicolas Sarkozy s'était pour sa part efforcé de rassurer Barack Obama sur la situation de la zone euro et avait plaidé pour une stratégie globale de croissance, qu'il veut promouvoir lors du prochain sommet du G20, en novembre. Le président français a évoqué les conséquences de la crise de la dette grecque et la préparation du sommet de Cannes avec son homologue américain et la présidente brésilienne, Dilma Rousseff, en marge de l'Assemblée générale de l'Onu. Il a ainsi "réaffirmé la volonté de la France de mettre en oeuvre, dans tous ses éléments, l'accord du 21 juillet" sur le sauvetage de la Grèce et le renforcement des moyens d'action de la zone euro, a dit la présidence française dans un communiqué.

Stratégie de croissance mondiale

Il a cependant ajouté que la résolution de cette crise devait "s'inscrire dans le cadre plus général d'une stratégie de croissance mondiale", précise l'Elysée.
Barack Obama s'est inquiété ces dernières semaines de la tourmente financière déclenchée en Europe par la crise de la dette grecque, qui ébranle notamment le secteur bancaire. Les grands pays émergents comme le Brésil s'inquiètent aussi d'une aggravation de la crise européenne, alors que de plus en plus de voix se font entendre pour juger que la solution réside aujourd'hui dans la reconnaissance de la faillite de la Grèce. Une éventualité que le président français continue d'écarter : la Grèce doit certes prendre les mesures "appropriées" mais "nous avons réaffirmé à chacun de nos partenaires notre souhait de résoudre cette crise en soutenant la Grèce", dit l'Elysée.

"Faire face à tout risque de contagion"

Selon la même source, le président français a également redit l'importance qu'il attachait à une flexibilité accrue du Fonds européen de stabilité financière (FESF), qui pourra à l'avenir soutenir les banques et acheter de la dette souveraine. Il s'agit dans son esprit de "faire face à tout risque de contagion de la crise à d'autres pays" comme l'Espagne ou l'Italie, précise un de ses conseillers. Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a pour sa part estimé mercredi, lors d'une intervention à l'université de New York, qu'un défaut grec n'était pas "envisageable".

En Grèce, de nouvelles mesures d'austérité

Le gouvernement grec a adopté mercredi de nouvelles mesures d'austérité afin d'obtenir le déblocage d'une nouvelle tranche d'aide et d'éviter de se retrouver en faillite le mois prochain. Des représentants du FMI et de l'Union européenne sont attendus à Athènes en début de semaine prochaine pour un état des lieux.
Nicolas Sarkozy entend cependant regarder au-delà de la crise de la dette grecque et de l'euro. "On a bien du travail sur la planche, pour la préparation du G20 de Cannes, sur ce sujet qui est notre priorité : comment faire retrouver au monde le chemin de la croissance", a-t-il dit au début de son entretien avec Barack Obama.  Pour l'Elysée, la situation actuelle "appelle la mise en oeuvre de stratégies crédibles sur le moyen terme pour revenir à des finances publiques saines" mais aussi "des politiques coordonnées au niveau mondial de soutien à la croissance", pour profiter du dynamisme du monde émergent.

"La situation mondiale est grave"

Selon l'Elysée, Dilma Rousseff et Barack Obama partagent le sentiment que "la situation mondiale est grave" et que la crise de la dette n'est pas seulement une crise de la zone euro. Ils partagent aussi l'idée que le sommet du G20 sera l'occasion de montrer "qu'il y a une stratégie globale pour traiter cette question de la dette", ajoute-t-on de même source. "Cela suppose à la fois le soutien des pays émergents et des stratégies crédibles orientées vers la croissance de la part des pays développés", souligne un conseiller de Nicolas Sarkozy.

Augmenter la consommation interne en Chine

Le président français a ainsi évoqué avec ses interlocuteurs la nécessité d'encourager les pays émergents, dont la Chine, à augmenter leur consommation interne et leurs importations. "Le président Obama a soutenu les idées françaises pour aller vers la convertibilité du yuan et l'intégration du yuan dans les DTS (droits de tirage spéciaux du FMI)", a ajouté ce conseiller. La France juge en revanche risquée la mise en place de purs programmes de relance susceptibles de fragiliser la crédibilité des politiques budgétaires de pays occidentaux croulant sous les déficits publics et la dette. "Nous ne pensons pas que nous sommes confrontés au risque d'une récession", dit-on à l'Elysée. "Donc nous ne pensons pas qu'il faut mettre en place des politiques de relance, d'autant moins que la situation budgétaire et la situation de la dette des pays développés est extrêmement fragile." Toute la question sera de trouver un équilibre entre effort de rigueur et soutien à l'économie, quitte à ce que les pays développés adoptent des stratégies différenciées - une question qui sera, selon l'Elysée, au coeur des discussions de Cannes. Nicolas Sarkozy a ainsi dit à Barack Obama qu'il était "intéressé par l'approche américaine" de soutien immédiat à l'économie et de rigueur sur le moyen terme.

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