Débat au sein de la BCE sur une éventuelle baisse des taux

Les spéculations autour d'une baisse brutale des taux d'intérêt de la zone euro sont "extravagantes", estime Yves Mersch, membre luxembourgeois du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), alors que son collègue Ewald Nowotny juge de son côté qu'une baisse des taux en général ne doit pas être exclue.
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Les marchés d'actions européens ont trouvé lundi matin un soutien dans ces espoirs de voir la BCE baisser d'un demi-point de pourcentage son taux directeur, actuellement à 1,5%, pour doper une économie atone. Les Bourses ont progressivement réduit leurs gains dans l'après-midi faute de déclarations plus précises venant confirmer les spéculations sur une baisse de taux et de nouvelles mesures de soutien au secteur bancaire.

Mais il existe plusieurs obstacles à un tel scénario : la BCE semble divisée sur le sujet et un tel revirement pourrait sonner comme un aveu d'échec alors que Jean-Claude Trichet s'apprête à quitter ses fonctions.

La réunion de politique monétaire du 6 octobre sera la dernière que présidera Jean-Claude Trichet au terme de huit ans de présidence de la BCE.

"Ces anticipations extravagantes montrent seulement que certains ont perdu le Nord", a dit à l'agence Market News International (MNI), lors d'une interview réalisée samedi.

Dans un entretien publié lundi par le quotidien allemand Börsen Zeitung, Yves Mersch précise que "des baisses de taux ne sont pas complètement exclues", mais qu'elles nécessiteraient une "détérioration significative de la dynamique de l'économie".

La BCE est la seule des quatre "grandes" banques centrales internationales à avoir enclenché un cycle de hausse des taux, les relevant à deux reprises depuis avril. L'apaisement des tensions inflationnistes conforte ainsi ceux qui pensent que la BCE sera contrainte d'assouplir sa politique monétaire en raison de l'atonie de la croissance.

Fracture

La possibilité que la BCE abaisse ses taux d'intérêt ne doit pas être exclue, a aussi estimé lundi Ewald Nowotny, également membre du conseil des gouverneurs de la BCE, selon des propos rapportés par MNI. "La BCE ne s'engage jamais à l'avance et des abaissements de taux ne peuvent être exclus", a dit le gouverneur de la banque nationale d'Autriche. "Tout dépend des évolutions à venir." Ewald Nowotny a également déclaré que la BCE prendrait les mesures nécessaires pour assurer le bon fonctionnement des marchés monétaires.

Un troisième membre du conseil des gouverneurs de la BCE, le maltais Josef Bonnici, a de son côté déclaré à MNI qu'il était plus urgent pour l'institution de fournir aux banques suffisamment de liquidités que de se déchirer au sujet des taux.

Des divergences au sein de la BCE s'étaient déjà fait sentir au moment de la réactivation en août du programme de rachat d'obligations souveraines visant à éviter une propagation de la crise de la dette dans la zone euro.

Les analystes jugent que les commentaires sur les taux révèlent une profonde fracture au sein de la BCE, et que l'institution, qui recherche traditionnellement le consensus, va sans doute devoir se résoudre à un vote pour trancher la question.

"Plus qu'à aucun autre moment de l'histoire de la BCE, voilà une situation qui va probablement conduire à un vote difficile", commente James Nixon, économiste pour la Société générale.

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