La dette britannique reste une valeur refuge grâce à l'activisme de la Banque d'Angleterre

Le taux à 10 ans vient d'atteindre un plus bas historique ce vendredi outre-Manche.
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Les joutes verbales franco-britanniques traduiraient-elles un certain agacement de Paris vis-à-vis de la très bonne tenue du marché obligataire britannique en pleine crise de la zone euro ? Depuis début juillet, le taux des obligations d'État à 10 ans britanniques a en effet baissé de plus de 130 points de base pour inscrire ce vendredi un nouveau plus-bas historique de 2,03 %. Dans le même temps, la référence à 10 ans française a baissé de moins de 40 points de base pour atteindre 2,97 %.

L'écart en termes de coût de financement entre Paris et Londres se creuse et le porte-parole du Premier ministre britannique David Cameron s'est permis de le souligner ce jeudi : « le taux des obligations d'État traduit la crédibilité [du] programme » de réduction des déficits. Un peu plus tôt, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, avait mis le feu aux poudres en déclarant qu'un abaissement de la note de la France n'est « pas justifié au regard des fondamentaux économiques » à moins que les agences ne commencent par « dégrader le Royaume-Uni qui a plus de déficits, autant de dettes, plus d'inflation, moins de croissance que nous ».

Malgré ces handicaps, la dette britannique continue pourtant d'attirer des flux acheteurs confortables. Le cours des titres d'État de maturité supérieure à 10 ans a ainsi grimpé de 18,9 % depuis début juillet, contre une hausse de 8,1 % pour les obligations françaises similaires.

Pour les investisseurs, la dette britannique reste une valeur refuge AAA bénéficiant d'une perspective « stable » auprès des trois agences de notation. À l'inverse, l'agence Fitch a annoncé vendredi qu'elle modifiait la perspective associée au AAA de la France à « négative », soit un peu plus de « 50 % de chance d'un abaissement de la note d'ici à deux ans », car la France est le pays « le plus exposé à une intensification de la crise » parmi les pays de la zone euro notés AAA.

Surtout, la dette britannique bénéficie de l'effet du programme d'achat de titres d'État de la Banque d'Angleterre (BoE). Selon une étude récente de la Banque des règlements internationaux, la première tranche du programme de 200 milliards de livres, annoncée en 2009, s'est traduite par l'acquisition de 29 % de l'encours flottant des obligations d'État britanniques. Déjà rallongée à 275 milliards de livres en octobre, la monétisation de la dette financée par la « planche à billets » de la BoE pourrait selon les experts rapidement être portée à 350 milliards l'an prochain.

Commentaires 4
à écrit le 19/12/2011 à 17:44
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La querelle verbale qui bat son plein entre la France et l'Angleterre n'a pas lieu d'être car à bien y regarder, même si la position économique des anglais est moins bonne que la notre, il en demeure pas moins que le fait de battre leur monnaie amène...

à écrit le 19/12/2011 à 16:19
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A force de tirer leurs dernières cartouches, qu'ils n'oublient pas de se réserver la dernière

à écrit le 19/12/2011 à 14:05
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L'Angletterre est endettée a 220 % de son PIB et pourtant elle n'est pas dégradée par les agences de notation : oui mais, il y a une grosse différence elle peut encore battre sa monnaie et dévaluer ce qu'elle a fait depuis le début de la crise d'au m...

à écrit le 19/12/2011 à 9:39
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Et le cour de la livre britannique ne baisse pas ? Où se situe la balance des paiements de la grande Bretagne ? Bénéficiaire ou déficitaire ? Un peu de "fondamental" nous permettrait peut-être de nous repérer un peu mieux.

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