Vers de nouvelles dissensions au sein de la Banque d'Angleterre ?

Sans surprise, la Banque d'Angleterre a opté pour le statu quo ce jeudi, maintenant à un niveau inchangé depuis trois ans son taux directeur. L'avenir pourrait toutefois voir quelques dissidences au sein du comité de politique monétaire.
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Qui aurait parié en mars 2009, alors que la Banque d'Angleterre venait tout juste, et pour la première fois de son histoire, de porter le taux de base - son principal taux directeur - à 0,5% qu'elle le maintiendrait trois ans durant ? Les membres du comité de politique monétaire de l'institution, qui se réunissaient aujourd'hui, fêtaient ce triste anniversaire. Un anniversaire qui résonne comme le signe que l'économie britannique fait face à des difficultés persistantes, comme l'ensemble de l'Europe. Ce jour encore, la Banque d'Angleterre a maintenu inchangé son taux directeur.

Il y a trois ans, la banque centrale mettait également en ?uvre son programme de rachat d'emprunts d'Etat et d'obligations d'entreprises (d'un montant de 200 milliards de livres sterling à l'origine, et augmenté en octovre dernier) avec l'objectif d'infléchir les rendements longs. Un programme qui a encore été renforcé de 50 milliards de livres sterling, soit 325 milliards au total, en février dernier avec 7 votes au sein du comité, deux membres ayant demandé une rallonge de 75 milliards.

Un équilibre précaire au sein du comité de politique monétaire

Et maintenant ? Les économistes ne s'attendent pas à voir la Banque d'Angleterre inverser le mouvement de si tôt. Les incertitudes sur l'économie européennes notamment n'ont pas disparu. Surtout, l'équilibre au sein du Comité de politique monétaire apparaît bien fragile. De premières dissidences en faveur d'une politique moins accommodante pourraient apparaître au cours des prochains mois, selon les économistes de RBS.

Pour ces derniers, « il existe une probabilité raisonnable que d'ici au mois d'août plusieurs membres envisagent de d'annuler les effets de l'extension décidée en février ». Pour RBS, en effet, le compte-rendu de la dernière réunion du 9 février suggère que certains des membres ont voté en faveur des 50 milliards de rallonge sans grande conviction, des réticents convertis en quelque sorte.

Des membres convertis mais quelque peu réticents

« Un certain nombre de raisons pour une hausse moins importante ont été avancées », relèvent en effet les minutes de la réunion du 9 février. Parmi ces raisons : des statistiques économiques domestiques et internationales récentes plus favorables qu'anticipé en fin d'année 2011. De plus, la Banque centrale européenne, en conduisant sa première opération de refinancement à long terme - la seconde n'ayant eu lieu trois semaines après la réunion de la Banque d'Angleterre, son succès n'était pas encore connu des membres de la BoE - est parvenu à éviter un credit crunch, supprimant ainsi l'un des risques les plus importants pesant sur la croissance européenne.

Et pourtant, aucun vote en faveur d'une augmentation de 25 milliards de livres du programme de rachats de titres n'a été enregistré le 9 février. Cette dissidence, tûe l'espace d'un vote, pourrait donc bien s'exprimer à nouveau à l'avenir, peut-être même jusqu'à un vote en faveur d'une hausse des taux pour défaire l'effet de la rallonge de 50 milliards de livres décidée le mois dernier.

Inflation, Europe et croissance sous surveillance

RBS voit trois éléments susceptibles de pousser certains des membres à changer d'avis. L'inflation est certes revenue à 3,6% en janvier après 4,2% en décembre. Aujourd'hui, la Banque d'Angleterre fait le pari d'une poursuite de cette tendance en 2012. Mais quid d'une poursuite à la hausse du prix du pétrole ? Une amélioration de la situation en Europe - qui est déjà visible sur le front des marchés obligataires -, tout comme une économie domestique plus robuste auraient également cet effet.

Dans ce contexte, les comptes-rendus des réunions de prochains mois, et celui du jour, promettent donc d'être scrupuleusement analysés.
 

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