L'opinion de la presse internationale sur le 1er tour des présidentielles

Retrouvez le tour d'horizon des opinions des journaux étrangers sur le premier tour des élections présidentielles françaises.
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La presse britannique souligne la « colère » des Français

« Victoire aigre-douce pour la gauche » : le quotidien de centre-gauche The Guardian a mis le doigt sur l'impression probablement ressentie hier par le Parti socialiste. Il estime que « de gauche comme de droite, le message de cette élection est que la France en a eu assez de son président » et voit donc François Hollande l'emporter malgré le débat télévisé entre les deux candidats car « plus agressif devient Mr Sarkozy, moins il semble présidentiable ». Surtout que Marine Le Pen « désire convertir ce succès électoral en une présence de taille à l'Assemblée nationale et que voter pour un président perdant et l'homme d'hier ne serait pas nécessairement dans l'intérêt de son parti. » Le journal conservateur The Daily Telegraph voit dans le score du Front National que « les gens sont en colère », « avec des votants déçus et désireux de se tourner vers les extrêmes », et « passionnés » avec l'abstention à moins de 20%. Et quoi qu'il arrive, « il serait stupide que n'importe lequel des candidats prenne sa victoire comme le signe que l'ancien ordre a été rétabli ».


La Presse Portugaise très attentive

« La France entame un dur face à face et donne de la force à l'extrême droite » écrit le quotidien Público dont la une est barrée des portraits de François Hollande et de Nicolas Sarkozy. « Les 18 % de la candidate du Front national placent le second tour sous conditions », écrit le journal qui consacre plusieurs pages à l'élection. Le quotidien économique Jornal de Negocios relate pour sa part que le leader socialiste portugais, José Seguro, a félicité Hollande pour son score au premier tour, et espère une victoire claire des socialistes français, pour la France et pour l'Europe. « L'Europe doit emprunter un autre chemin, celui de l'emploi et du développement économique, et nous mettons beaucoup d'espoir dans la victoire des socialistes », a déclaré José Seguro. C'est François Hollande et son « le changement c'est maintenant » qui occupe la couverture du journal économique. Son confrère, le Diario Economico, relève qu'un socialiste à l'Elysée permettrait d'assouplir les mesures de la « troïka ». « Hollande aura un effet de catalyseur des scepticismes face à la politique d'austérité menée par l'Allemagne », écrit le journal. Les signes d'assouplissement des ajustements en Espagne, le dernier rapport du FMI, et même l'éventuel redéploiement de l'aide au Portugal (qui a reçu 78 milliards d'euros du FMI et de l'UE pour redresser ses finances et revenir sur les marchés pour éponger sa dette externe) sont des signes d'un changement de politique en Europe. Avec Sarkozy cette ligne stratégique plus souple peut être poursuivie. Mais avec Hollande « le changement sera plus rapide et profond » conclut le Diario economico.
 

Les journaux espagnols s'inquiètent de la schizophrénie française

Les électeurs français sont « schizophrènes », d'après le quotidien conservateur ABC. Le journal espagnol s'étonne des sondages qui annoncent la victoire de François Hollande au second tour grâce notamment à un report d'une partie des voix du FN vers le socialiste. « Deux semaines de campagne peuvent changer partiellement ce comportement schizophrénique de l'électorat français, qui a de profondes racines historiques. Pour gagner, Hollande et Sarkozy doivent modifier ces déséquilibres instables, imprévisibles et inflammables ». La presse espagnole constate ainsi le poids décisif de Marine Le Pen sur le second tour. Toutefois, El País rappelle dans son éditorial que les enjeux de l'élection française vont au-delà des frontières du pays et concernent toute l'Europe : « Toute l'Europe se sent concernée par ce scrutin au cours duquel s'affrontent diverses conceptions de l'intégration continentale. [...] Il semblerait paradoxal que le principal allié de Mariano Rajoy finisse par être un socialiste à l'Elysée, mais seulement en apparence, car Sarkozy l'a bien été pour Zapatero ».


En Italie, on souligne la défaite du « Sarko allemand »

Avant même de connaître le résultat du premier tour, Giulio Tremonti, l'ancien ministre de l'Economie de Silvio Berlusconi a annoncé: « en France, je voterais Hollande », au motif, selon lui, qu'une victoire du candidat socialiste le 6 mai prochain permettrait l'introduction d'Eurobonds et la relance d'une politique de croissance en Europe. Au-delà des commentaires sur François Hollande « qui fait la course en tête» mais avec « Sarkozy qui espère encore » (Corriere della Sera) où sur « l'ouragan Le Pen » (La Repubblica) qui jette une « ombre noire sur le vote » (Il Messaggero), les journaux italiens reviennent largement sur l'influence que le vote français pourrait avoir sur la vie politique intérieure et sur l'Europe. Le journal de gauche L'Unità affiche par exemple en Une un portrait de François Hollande avec le titre « L'Europe peut changer ». Les quotidiens conservateurs analysent les résultats français en pointant le doigt contre la politique d'austérité d'Angela Merkel soutenue par Nicolas Sarkozy et Mario Monti. « Le Sarko allemand a été recalé » souligne Il Tempo « il paie la crise et l'appui à Merkel » « Gifle à l'Europe de Monti » enchaîne Il Giornale qui ajoute « la gauche de Hollande est devant Sarkozy qui paie son alliance avec Merkel ». Pour Il Foglio « les socialistes de Hollande ont conquis les employés et les ouvriers en promettant plus d'impôts. Les spéculateurs sont prêts pour l'attaque ».
 

En Belgique, la poussée frontiste ne surprend pas

L'humoriste flamand invité lundi matin de la RTBF, la radio publique francophone belge, s'en est donné à c?ur joie sur le thème : maintenant eux aussi, ils ont leurs infréquentables. Les media belges offrent une vue panoramique et décentrée des poussées populistes en Europe: Marine Le Pen y côtoie l'incontournable nationaliste flamand Bart De Wever, prenant le départ des Dix Miles d'Anvers, et le Néerlandais Geert Wilders, qui vient de faire chuter son gouvernement. La Libre Belgique titrait sobrement ce matin : « Hollande bien parti, Le Pen en force », quand son concurrent Le Soir mettait en avant « la colère des Français ».

La presse néerlandaise s'interroge sur le poids des électeurs de Le Pen

« Les électeurs de Le Pen vont décider », titre en une le NRC Handelsblad. Le quotidien « de référence » néerlandais, plutôt de gauche, insiste sur le fait que « 7 millions d'électeurs du Front national » vont faire la différence lors du second tour de la présidentielle française, le 6 mai. « Comment les deux candidats vont-ils s'assurer des voix vitales au second tour? » s'interroge de son côté De Volkskrant, le plus grand quotidien d'Amsterdam, tandis que la politique française passionne tellement peu qu'elle ne figure dans aucune des manchettes du jour du Telegraaf, le plus grand quotidien national, conservateur.

La Grèce lit le scrutin avec ses propres yeux

En Grèce les résultats des élections françaises occupent la première page des quotidiens et ouvrent tous les journaux télévisés. Chacun y trouve son compte. Les journaux de droite qui soutiennent en Grèce la candidature du conservateur Antonis Samaras, opposé aux mesures d'austérité, soulignent l'échec de la Politique Merkozy, ceux de gauche qui soutiennent le parti socialiste grec le Pasok soulignent la victoire personnelle de François Hollande, et parlent même du « message d'espoir » des électeurs français. Ceux qui sont encore plus à gauche que les socialistes mettent l'accent eux sur le rôle de « régulateur» de Jean Luc Mélanchon tout en regrettant qu'il n'ai pas pu devancer Marine Le Pen. Là ou tout le monde est d'accord c'est sur le score du Front National , « inquiétant » d'un aveu commun. Le quotidien progouvernemental Ta Nèa en fait sa une avec une photo en pied Marine le Pen brandissant le poing un peu comme d'autres faisaient le salut nazi. L'amalgame, est voulu car le parallèle est fait par le journal, l'un des plus lu en Grèce, avec la montée en Grèce d'un petit parti néo nazi Aube Dorée ouvertement révisionniste, fasciste ,et raciste qui risque d'avoir au prochain parlement 10 sièges selon les sondages. En fait tous les medias toutes tendances confondues se rejoignent sur ce point : la montée de l'extrême droite en France peut ici avoir des conséquences inattendues.

Aux États-Unis, le vote français révèle un refus de l'austérité

Pour le « Financial Times », rien n'est joué. La victoire « étroite » de François Hollande au premier tour sur un Nicolas Sarkozy « centre droit » est surtout marquée par le score de Marine Le Pen. Le quotidien économique estime par ailleurs que les « 9,2 % recueillis par François Bayrou pourraient faire de lui le faiseur de roi ». Le « New York Times » voit dans les résultats du premier tour un « désir de changement en France » exprimé par « une forte représentation à gauche et de la colère aux extrêmes ». Pour le quotidien, la victoire du candidat socialiste au premier tour pourrait représenter « les premiers frémissements de la contestation d'une Europe dominée par l'Allemagne ».

Pour le populaire USA Today, Marine Le Pen et sa politique anti-immigration qui « vise des millions de musulmans en France », pèsera sur le second tour de l'élection présidentielle qui se jouera entre « un socialiste français aux manières douces qui veut s'occuper plus des personnes sans emploi et des pauvres » et Nicolas Sarkozy, monsieur « dur-sur-la-politique-de-l'immigration ».

Pour le correspondant du « Washington Post » à Paris, Edward Cody, le score de Marine Le Pen « témoigne de l'étendue du mécontentement à l'encontre de la présence de plus en plus visible des musulmans et d'autres immigrants dans une société française de tradition chrétienne ». Le quotidien relève aussi la « colère » ressentie par les Français des classes les moins favorisées qui « se sont sentis délaissés pendant la crise par les principaux partis de gouvernement ». Une analyse qui expliquerait également la percée de Jean-Luc Mélenchon.

Pour le « Wall Street Journal », Nicolas Sarkozy se bat désormais « pour sa survie » face à un François Hollande décrit comme plus conciliant que son rival. Il lui faudra en outre tenir compte de la forte abstention attendue chez les électeurs de Marine Le Pen. Le quotidien met surtout en exergue l'importance du choix français pour le reste de l'Europe. « Jusqu'à présent, le pays a suivi la recette allemande de l'austérité », pour lutter contre la crise, estime le WSJ, « mais M. Hollande, favori pour le second tour du 6 mai, pousse ses voisins à dépenser plus afin de retrouver la croissance économique ». Et de citer l'adresse du candidat socialiste aux pays étrangers dans son discours de dimanche soir. Le journal économique ne se montre pas particulièrement tendre avec le président-candidat. « Bien que M. Sarkozy ait réussi à éviter le sort de la Grèce, de l'Irlande et du Portugal (...), il a échoué à tenir sa promesse » de 2007 puisque « le chômage atteint son plus haut niveau depuis 13 ans », relève le quotidien.
 

Vote « antiMerkel » et « caché » à la Une au Mexique

Pour le quotidien de gauche mexicain Reforma, les français ont aussi voté « contre Merkel », les électeurs de François Hollande, mais également ceux de Mélenchon et de Le Pen n'étant pas favorables aux mesures anticrise engagées dans la zone euro sous l'égide de la chancelière allemande. Le journal souligne par ailleurs « l'inquiétude » des milieux fortunés face à la probable victoire du candidat socialiste au second tour. En une analyse plus convenue, El Universal (centre) met l'accent sur la « bonne campagne » de Hollande, l'homme du « changement tranquille », tout en remarquant que la « percée » de Marine Le Pen, non prévue par les sondages, témoigne de l'existence d'un « vote caché » favorable à l'extrême droite, et que l'abstention a été beaucoup moins élevée qu'annoncé. Enfin, La Prensa (populaire) évoque « la confiance » de Sarkozy, tout en dressant un portrait de François Hollande, « l'antihéros » désormais favori pour être le prochain président français.

En Argentine, on insiste sur le succès de François Hollande

"Courte victoire du socialiste Hollande", titre Clarín, le quotidien argentin de plus fort tirage, qui souligne également la « percée » de Marine Le Pen, dont les électeurs joueront un rôle « décisif » au second tour. Le conservateur La Nación, qui met également en Une le « succès » de Hollande face à Sarkozy, estime que le leader du PS est « en bonne position » pour accéder à l'Élysée le 6 mai, tout en remarquant que « la grande surprise » est le score réalisé par la candidate de l'extrême droite, qui « a intérêt » à permettre le succès de Hollande afin d'assister à « l'implosion » de l'UMP. Pour Página/12 (gauche), « La rose est de retour » : François Hollande apparaît comme « le grand favori » du second tour, même si le président sortant fera tout pour rassembler les voix de « cette France xénophobe et antieuropéenne » qui a voté Le Pen, « la fleur noire ». Le quotidien économique El Cronista Comercial dresse le portrait de Hollande, un « aimable socialiste en passe de devenir « l'improbable champion de la gauche française et même européenne ». La plupart des journaux voient venir des changements en Europe et une crise dans les relations franco-allemandes si le candidat socialiste s'impose le 6 mai.

Pour la presse péruvienne, la crise a pesé

« Les électeurs de Le Pen, arbitres su second tour », selon le quotidien conservateur péruvien El Comercio, pour qui François Hollande, malgré « son absence de charisme », est quand même le favori pour le 6 mai. « Avantage au socialiste », titre La República (centre), pour qui les électeurs français ont exprimé un « vote sanction » sur le bilan du président-candidat Nicolas Sarkozy. Pour La Razón (populaire de gauche), c'est « la crise économique » qui explique le succès du candidat socialiste. Le quotidien donne une dimension européenne au vote de ce 22 avril et souligne que, pour cause d'austérité, la gauche progresse dans les sondages en Italie, en Espagne et en Grèce. Enfin, Expreso insiste sur la difficulté pour Sarkozy de séduire les électeurs de Le Pen dans une France qui semble vouloir « un changement ».

Gauche et extrême droite vainqueurs pour la presse colombienne

Selon le quotidien colombien de centre droit El Tiempo, « La France vire à gauche » avec François Hollande, qui devrait capitaliser « le rejet » que suscite Nicolas Sarkozy dans un pays « en crise ». Pour sa part, El Espectador (gauche) souligne que « l'extrême droite a aussi gagné » ce 22 avril et affirme que le résultat « historique » de Marine Le Pen, qui confirme une tendance que l'on a également observé au Danemark et en Finlande, est un sujet de préoccupation pour l'Europe. De son côté, El Nuevo Siglo (centre) estime que la « dynamique » est favorable à Hollande, citant notamment l'analyse de politologues français. Le journal ajoute que Sarkozy, après avoir « battu des records d'impopularité » est le premier président-candidat arrivé à la seconde place au premier tour.

Prudence et préoccupation dans la presse chilienne

Le quotidien conservateur chilien El Mercurio estime que Nicolas Sarkozy a été victime d'un « vote sanction ». S'il affirme que François Hollande est bien placé pour l'emporter au second tour en incarnant « le changement », il évalue les chances du président-candidat, qui devrait faire du « contrôle de l'immigration » un des thèmes principaux de sa campagne. La Nación (gauche) souligne l'appel lancé par Sarkozy aux électeurs de Marine Le Pen, dont « il a entendu le vote de souffrance », tout en remarquant que le chef de l'État sortant semble avoir définitivement perdu son électorat de 2007. Quant au journal économique Diario Financiero, qui rappelle que Sarkozy a été à l'origine, avec la chancelière allemande Angela Merkel, des « mesures anticrise » dans la zone euro, il se préoccupe de « l'incertitude politique » suscitée par le succès du candidat socialiste, dont le premier effet serait « la chute des Bourses européennes » observée ce lundi.

Commentaires 6
à écrit le 24/04/2012 à 12:02
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sarko a tout fait pour faire monter marine depuis 5 ans et ses électeurs n'ont pas voté pour sarko ! tant pis si l'identité nationale et la viande hallal ont été un des thèmes de la campagne alors que le chômage et le pouvoir d'achat sont oubliés ! m...

à écrit le 24/04/2012 à 10:14
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Le candidat du peuple avec ses façons de monter les français les uns contre les autres comme "s'il était au bistro devant un Ricard", est le digne représentant d'une population soucieuse de préserver ses nombreux privilèges, avec la modestie des tart...

à écrit le 23/04/2012 à 22:07
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Cela dit, il semble quand meme qu'entre la victoire de Hollande, la percée de Le Pen et le refus de l'austérité de "Merkozy", les analystes convergent tous grosso modo vers la meme analyse. Je trouve quand meme que peu d'entre eux souligne la faible...

à écrit le 23/04/2012 à 22:03
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Ah ben si vous le dites, Gilles1, c'est que ca doit surement etre vrai... Mais j'ai quand meme l'impression que vous usez encore un peu trop de ce ton péremptoire qui vous caractérise si bien mais qui n'atteste pas forcément de votre connaissance pr...

à écrit le 23/04/2012 à 20:08
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Encore une fois, la France laisse tous les observateurs politiques étrangers perplexes! C'est le seul pays d'Europe dont l?éventail politique se décline entièrement à gauche: socialisme national du FN, social-nationalisme de NDA, socialisme à géométr...

à écrit le 23/04/2012 à 15:25
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L?Amérique latine se fiche éperdument des problèmes de la France.

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