L'affaire Chen Guangcheng perturbe à nouveau la rencontre sino-américaine

Le dissident chinois a appelé le Congrès américain en pleine audition sur son cas pour faire part de son inquiétude pour sa famille et demander l'aide de la secrétaire d'État Hillary Clinton, en visite à Pékin pour le sommet annuel sino-américain.
AFP - Libérez Chen Guangcheng

Ils pensaient avoir réglé le problème avant l'ouverture, jeudi matin, de la réunion annuelle entre les États-Unis et la Chine sur les grands dossiers économiques et de politique internationale. Mais si Chen Guangcheng a quitté l'ambassade américaine la veille de la rencontre internationale -l'accueil du fuyard par l'ambassade américaine avait irrité au plus haut point le gouvernement chinois-, faisant redescendre quelque peu la tension, le dissident chinois a de nouveau fait parler de lui ce vendredi. Ce deuxième et dernier jour de rencontre entre Pékin et Washington, l'avocat autodidacte aveugle a en effet téléphoné depuis sa chambre d'hôpital à Pékin à des élus du Congrès américain réunis jeudi lors d'une audition sur son cas. Et lancé un appel à l'aide en direction de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton.

Le dissident chinois craint pour la vie de ses proches

"Je veux rencontrer Mme Clinton. J'espère que je pourrai obtenir davantage d'aide de sa part", a expliqué Chen Guangcheng au cours d'une conversation téléphonique avec le représentant républicain Chris Smith qui présidait la séance et retransmise en pleine audition de la commission exécutive du Congrès sur la Chine. Le dissident chinois souhaite voir garantir "sa liberté de mouvement" car il veut "venir aux Etats-Unis pour se reposer", a traduit son ami Bob Fu devant un public et des journalistes qui assistaient à cette scène inédite. "J'ai peur pour la vie des membres de ma famille", a continué le militant des droits civiques dont l'évasion, la semaine dernière, de la maison dans laquelle il était assigné à résidence depuis l'automne 2010 avait fait grand bruit dans les médias occidentaux. "Ce qui m'inquiète le plus maintenant, c'est la sécurité de ma mère et de mon frère, et je veux savoir ce qu'il advient d'eux", a-t-il ajouté.

Au Congrès, l'opposition assure Chen de son soutien et critique l'action d'Hillary Clinton

Ce à quoi Chris Smith a répondu que plusieurs des témoins qui se trouvaient à l'audition étaient "désespérément inquiets" pour lui et sa famille. "Nous prions pour vous et nous continuerons nos efforts sans relâche" pour tenter de trouver une solution, a ajouté l'élu de l'opposition. Le représentant républicain a par ailleurs estimé qu'Hillary Clinton devait se rendre auprès du dissident à l'hôpital. "Vous et votre famille et vos soutiens devriez être à bord d'un avion vers les Etats-Unis pour, comme vous le dites, obtenir un repos que vous méritez bien", a appuyé Chris Smith. Jeudi, au cours de l'audition, plusieurs dissidents exilés en contact avec Chen Guangcheng ont estimé devant les élus qu'il était "temps" pour Mme Clinton de s'atteler à résoudre cette crise. Bob Fu, fondateur de l'association ChinaAid, a estimé que les Etats-Unis ont pu pousser le dissident à quitter l'ambassade américaine où il s'était réfugié pendant six jours. A ce titre, il s'est adressé à la Sécrétaire d'État en ces termes :"Mme Clinton, il est temps d'agir, de tenir les promesses que vous avez faites, ce que vous avez répété au cours de ces dernières années".

Doutes sur les raisons du départ de l'avocat aveugle de l'ambassade américaine

Les Etats-Unis ont expliqué que Chen Guangcheng, 40 ans, avait accepté de quitter l'ambassade après avoir obtenu des garanties pour sa sécurité de la part du régime chinois. Mais le dissident, qui s'est fait connaître en dénonçant les expropriations, les stérilisations et les avortements forcés, a ensuite fait savoir à la presse étrangère qu'il craignait que sa sécurité soit menacée et qu'il souhaitait s'expatrier. Cependant, plusieurs personnalités républicaines, dont Mitt Romney le probable adversaire de Barack Obama à la présidentielle de novembre, ont fait le rapprochement entre les discussions et une possible pression de la part de l'administration pour demander au militant de quitter l'ambassade américaine. La secrétaire d'État américaine n'a pas nommé Chen Guangcheng lors des débats mais son cas a été évoqué, lorsque, dans un discours, elle a parlé des "aspirations des citoyens" chinois et de "l'état de droit". La prise de position d'Hillary Clinton consécutive à "l'incident Chen" a bel et bien pesé sur les discussions économiques et de politique internationale, objet de ce sommet.

Commentaire 1
à écrit le 05/05/2012 à 10:40
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Le gouvernement chinois n'a qu'à procurer à ce perturbateur une crise cardiaque ou un accident de voiture. Pendant les 21 années que j'ai passées en Amérique, vous ne pouvez imaginer le nombre de dissidents ou de sympathisants communistes qui sont mo...

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