Renouvellement ministériel en trompe-l'œil en Russie

La composition du nouveau gouvernement russe a été dévoilée lundi après des semaines de tractations secrètes. Les poids lourds suivent Vladimir Poutine au Kremlin pour former un gouvernement parallèle.
Olga Golodets, réputée proche du milliardaire Mikhaïl Prokhorov, seule femme du gouvernement, occupera le rang de vice-Premier ministre/Copyright AFP

Le Kremlin met en avant le fait que trois-quarts des ministres ont été remplacés. Mais si l'on regarde dans le détail le nouveau cabinet dirigé par Dmitri Medvedev, c'est le sentiment de continuité qui domine. Le haut de la structure, constitué par sept vice-Premiers ministres, ne comporte qu'un seul nouveau nom. Le premier vice-Premier ministre Igor Chouvalov, réputé être à la fois proche de Vladimir Poutine et de Dmitri Medvedev, reste à son poste. Arkadi Dvorkovitch, ex-conseiller économique du président, suit son patron au gouvernement pour superviser le « bloc économique », c'est-à-dire les ministères de l'Economie, des Finances et de l'Energie. Cet économiste âgé de 40 ans est réputé d'obédience libérale.

Une seule nouvelle tête, et unique femme, Olga Golodets

Les autres vice-premiers ministres conservent leurs positions. Réputé idéologue du régime, Vladislav Sourkov s'occupe désormais entre autres du pôle Innovations. Dmitri Rogozine est chargé de l'énorme programme de la modernisation des forces armées, qui inclue des commandes militaires à l'étranger. Alexandre Khloponine gère l'explosive région du Caucase et la construction de nouvelles stations de ski qui intéressent tant la Caisse des Dépôts. Dmitri Kozak, un proche de Vladimir Poutine, tentera de mener à bien l'organisation des jeux olympiques d'hiver 2014 à Sotchi. La seule nouvelle tête est aussi la seule femme à atteindre ce niveau. Il s'agit d'Olga Golodets, réputée proche du milliardaire Mikhaïl Prokhorov, qui s'était présenté contre Poutine aux présidentielles.

Limiter les tendances dépensières de certains ministères

Au niveau inférieur, c'est-à-dire celui des simples ministres, le « bloc économique » connaît des changements modérés. Anton Silouanov conserve le poste de ministre des Finances qu'il occupe depuis qu'Alexeï Koudrine en ait claqué la porte 'en septembre 2011 pour mésentente avec Dmitri Medvedev. Silouanov, qui était à l'époque adjoint de Koudrine, entend poursuivre la même politique de prudence fiscale, c'est-à-dire limiter fortement les tendances dépensières des autres ministères et injecter les revenus pétroliers dans deux fonds faisant office de « coussins financiers » pour protéger le budget contre les chutes possibles du cours du pétrole.

Elvira Nabioullina quitte le fauteuil de ministre de l'Economie, dont la rumeur la disait fatiguée, et se voit remplacée par son adjoint Andreï Belaoussov. Là encore, la continuité semble assurée. Belaoussov est un partisan d'investissements massifs de l'Etat dans l'économie, ce qui sonne bien peu libéral et fait dire aux experts que le contrôle du Kremlin sur l'économie russe va s'accroître, en dépit des annonces de privatisations. Le nouveau ministre de l'Industrie et du Commerce reste Denis Mantourov, tandis que le ministre des Ressources naturelles et de l'Environnement, un interlocuteur incontournable des groupes pétroliers étrangers en Russie, échoit à Sergueï Donskoï en remplacement de Iouri Troutnev, dont il était adjoint. Le ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov, reste inchangé depuis 2004.

 La loyauté privilégiée

Le départ le plus attendu était celui du premier vice Premier ministre Igor Setchine, qui supervisait les questions énergétiques mais s'entendait mal avec Dmitri Medvedev. Réputé appartenir au premier cercle de Vladimir Poutine, il devrait garder toute son influence, sinon davantage. Vladimir Poutine privilégie en effet par-dessus tout la loyauté et va récupérer une partie des ministres sortants au sein de la toute puissante administration présidentielle. Une sorte de gouvernement parallèle qui prend les vraies décisions dans l'ombre, tout en laissant au gouvernement de Dmitri Medvedev la responsabilité des échecs.

Commentaires 3
à écrit le 22/05/2012 à 12:46
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La russophobie n'est pas terminée à La Tribune; surtout la Poutinephobie. Attendez un peu pour les conséquences que les français vont subir par la faute de leurs médiacons et politicons. Cela ne sera guère différent avec Hollande qui amuse beaucoup l...

à écrit le 22/05/2012 à 12:26
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Vive Vladimir POUTINE, car Poutine est aimé dans sont pays, 60% d'électeurs au premier tour, lui Sarkozy en France était détesté, enfin un homme qui brise l'omerta sur la volonté des USA de créer un monde unipolaire par la guerre en se servant de l'O...

à écrit le 21/05/2012 à 19:29
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C'est sûr que si Medvedev avait eu un tant soit peu d'estime de lui-même, il aurait démissionné ... ou du moins refusé de redevenir le 1er ministre de Poutine, mais en Russie comme en France, la politique, c'est la poule aux oeufs d'or :-)

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