Moscou hésite sur sa politique monétaire

Le ralentissement de croissance couplé avec une relance de l'inflation complique la tâche de la banque centrale russe.
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La Banque Centrale de Russie envisage de relever les taux directeurs pour faire face à une brutale reprise de l?inflation, partiellement causée par une mauvaise récolte. Parallèlement, la croissance a ralenti à 3,9% au 2ème trimestre contre 4,9% au premier (en rythme annuel). En outre, un consensus d?économistes voient la croissance réduire jusqu?au quatrième trimestre (1,8% pour l?Ecole d?Economie Russe).

Perte de crédibilité ?

 

Certains experts estime que la Banque Centrale de Russie risque de perdre son autorité en touchant à des taux directeurs qu?elle a pour la dernière fois modifiée en décembre dernier. D?autres jugent que son attentisme jure avec l?objectif affiché de procéder à une transition depuis la politique consistant à contrôler le taux de change du rouble à une politique axée sur la jugulation de l?inflation.

L'inflation inquiète

 

Pour l?instant, elle n?a rien fait, estimant que le risque d?un ralentissement économique reste faible alors que la consommation domestique demeure solide. Le point qui l?inquiète davantage est l?inflation, qui frôle désormais les 6%, à la limite supérieure de l?objectif de la banque. La banque d?investissement Troika Dialog se félicite de cette décision, notant que « en principe, la Banque Centrale ne corrige ses taux à la hausse que si le taux de refinancement tombe sous les 2% en termes réels, sachant que ce dernier est actuellement de 8%. » Cependant, l?inflation observée ces dernières semaines est liée à des facteurs (forte hausse des prix des denrées alimentaires) sur lesquels la Banque Centrale n?a aucune prise. « Le régulateur ne peut pas influencer ce type d?inflation non monétaire, et augmenter les taux d?intérêts pourrait potentiellement ralentir l?activité économique », s?inquiète Troika Dialog, qui conserve son pronostic d?une inflation à 6% sur l?ensemble de l?année 2012.

Silence de la Banque centrale

 

Pour la première fois cette année, la Banque Centrale de Russie s?est gardée d?indiquer quelle sera sa politique dans les prochaines semaines. Ce qui a été interprété comme le signe qu?un changement était envisagé. Jusqu?ici, les experts pariaient plutôt sur un relèvement des taux directeurs à la fin du troisième trimestre.

Détente sur les taux ?

 

Mais chez la banque d?investissement UralSib, on parie sur le mouvement inverse. « A la lumière de la décélération de l?économie, la Banque Centrale pourrait chercher à stimuler la croissance en abaissant ses taux directeurs cet automne », prédit Alexeï Deviatov, analyste chez UralSib. Pour lui, le ralentissement de la croissance est du à deux facteurs principaux : l?affaiblissement de la consommation et des investissements. « La consommation domestique était jusqu?ici le facteur clé pour tirer la croissance, avec une augmentation entre 6 et 7% au premier trimestre. Mais les déboires de l?économie européenne tendent à faire baisser le cours du pétrole et créent un risque pour le budget russe », commente Alexeï Deviatov. Les taxes prélevées sur les exportations d?hydrocarbures représentent autour de la moitié des recettes budgétaires du pays.

Dévaluation progressive

 

Parallèlement, la Banque Centrale de Russie a élargit le corridor d?échange du rouble, permettant davantage de flexibilité et réduisant ainsi la nécessité d?intervenir sur le marché des changes. Bien que le rouble se soit renforcé ces dernières semaines contre le dollar, les économistes s?attendent à une dévaluation progressive cet automne.

 

 

 

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