Réconcilier les milieux d'affaires et le pouvoir, construire des routes en Sibérie, devenir la première ferme du monde... : les six ambitions de Poutine

Dans son discours annuel devant le parlement et l'élite politique russe, le président russe a appelé les officiels à abandonner leurs préjugés négatifs sur les hommes d'affaires. Mais il a aussi exigé des sociétés qu'elles cessent de se réfugier sous d'autres juridictions.
Lors de son premier message sur l'état de la Fédération depuis son retour au Kremlin, Vladimir Poutine a précisé mercredi ses ambitions pour l'économie russe. Copyright Reuters

«Nous avons besoin d'un paquet de mesures pour dé-offshoriser l'économie russe». C'est en ces termes un peu barbares que Vladimir Poutine a caractérisé sa nouvelle approche de la politique économique. Son discours annuel, coïncidant avec le «Jour de la Constitution», a donné quelques clés pour comprendre les intentions de l'homme fort du pays, qui entame depuis mars son troisième mandat en tant que président. Plus cramponné à son texte que lors des éditions précédentes, Vladimir Poutine a avancé quelques idées de type libéral sur le plan économique, tandis que sur le fond, son orientation est clairement restée du côté de la stabilité et du conservatisme. Tant sur les valeurs morales que sur le système politique. Il n'a pas fait une seule fois allusion à la vague de protestation qui secoue le pays depuis décembre 2011, et alors qu'une grande manifestation de l'opposition est prévue pour le samedi 15 décembre.

Voici les points-clés de son discours :

? Limiter la fuite des capitaux

Pour stimuler l'afflux de capitaux, Vladimir Poutine a ordonné au gouvernement de préparer des mesures visant à combattre la tendance qu'ont les entreprises russes à transférer des contrats et des versements sous des juridictions étrangères. Citant des experts, Vladimir Poutine a indiqué que neuf transactions sur dix effectuées entre deux sociétés russes sont régulées par des juridictions non russes. Il a pointé du doigt le fait que même des sociétés contrôlées par l'Etat se livrent à ce petit jeu. L'irritation du Kremlin peut se comprendre : la fuite de capitaux est monumentale et devrait atteindre 70 milliards de dollars cette année.

? Une juridiction plus clémente envers les hommes d'affaires, et plus sévère contre les évadés fiscaux

A la décharge des sociétés, Vladimir Poutine a reconnu que la juridiction russe n'était pas toujours adaptée aux affaires. Il a donc agité une carotte pour les investisseurs: un développement législatif destiné à rendre le pays plus concurrentiel dans la chasse aux investissements étrangers. «Il faut renoncer à la présomption de culpabilité», a ajouté le président, faisant allusion au zèle exagéré des procureurs et policiers à chercher des poux dans la tête des hommes d'affaires. Mais il a aussi brandit un bâton en évoquant des négociations avec les pays (non cités) utilisés comme zones offshore afin de débusquer les évadés fiscaux. Pour l'instant, la Russie n'a signé aucun accord, mais le ministère des finances planche activement sur le sujet.

? Transposer la presssion fiscale sur la consommation, notamment de produits de luxe

Sur le volet fiscal, le président russe a annoncé une évolution : « il faut stimuler les investissements et le développement, en transposant la pression fiscale sur la consommation, en particulier sur les produits surtaxés (alcool, tabac) et le luxe (immobilier de haut standing et grosses cylindrées).

? Des projets d'infrastructures financés par les pétrodollars

Afin de trouver des sources de financement à long terme, Vladimir Poutine s'apprête à puiser dans le «Fonds national de prévoyance», constitué de pétrodollars. Sachant que les deux principaux fonds souverains russes représentent plus de 9% du PIB, il estime justifié d'y prélever 100 milliards de roubles (2,5 milliards d'euros) en 2013 pour des projets infrastructurels, principalement en Sibérie et dans l'Extrême-Orient russe.

? Se hisser dans le top 20 des pays où il fait bon faire des affaires

Côté belles promesses, Vladimir Poutine n'a pas été avare, avec notamment celle de faire entrer son pays dès 2018 dans le TOP 20 du classement «doing business» de la Banque Mondiale. On en est très loin pour le moment, puisque la Russie n'occupe que la 120e place.

? Devenir la première ferme du monde

Le secteur agricole, mis à rude épreuve par l'entrée du pays dans l'OMC, se voit une confier une mission non moins optimiste: atteindre l'autosuffisance d'ici à cinq ans, puis devenir leader mondial!
 

Commentaires 10
à écrit le 14/12/2012 à 12:19
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L'intox anti-Poutine continue...Quand allez-vous comprendre que les multinationales et la finance occidentailes ne vont jamais controler la Russie, comme elles le font en Europe. On ferait mieux d'apprendre à respecter et à dialoguer avec le présiden...

à écrit le 13/12/2012 à 18:04
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La Russie a un potentiel économique, agricole, industriel, touristique, de 1er plan. Ses réserves en gaz et en pétrole se situent dans les pays de tête. Ce pays redeviendra la puissance qu'elle a toujours été, une fois sa transition démocratique ache...

le 13/12/2012 à 22:00
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La notion de la démocratie n'a rien à voir avec la qualité de gestion. C'est juste une mode de gestion. Si en Russie il n'y a ni démocratie, ni bonne gestion, cela ne signifie pas qu'il y a un lien direct entre eux. Pour le reste d'accord, mais à co...

à écrit le 13/12/2012 à 0:14
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Faut qu'il arrête le botox Vladimir, sinon il va finir comme son pote Berlu.... Bon c'est vrai en nettement moins drôle. Pour le reste, ça ressemble à un cocktail mêlant le Gosplan sovietique des années 30 et une bonne petite mafia contemporaine. Br...

le 13/12/2012 à 8:31
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Pour être juste: le Gosplan des années 30 avec ces 35 % de croissance industrielle par an en moyen est un exemple d'efficacité économique. Plutôt le Gosplan de la fin des années 80.

à écrit le 12/12/2012 à 23:12
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ça nous ramène aux discours et aux objectifs de Khrouchtchev ! Quelle originalité

à écrit le 12/12/2012 à 18:05
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Leader mondial agricole avec des km2 contaminé au césium et résidus divers?, bon courage aux consommateurs. Pour les "affaires" c'est déjà le super plan, pour le business je demande a voir. Pour autant quand on pense au niveau de l'ex URSS, il faut r...

à écrit le 12/12/2012 à 18:01
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Demain sera mieux qu'aujourd'hui, demain on rase gratis, l'au-delà est mieux que notre monde actuel... faire rêver ne coûte pas cher... Dormez, bonnes gens, Big Brother veille sur vous et réfléchit pour vous...

le 12/12/2012 à 19:00
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A défait de Hollande, Poutine propose concret, et défend son pays quant à une vision long terme. Cf l'article LT de cet après midi qui montre que la France copie les modèles au lieu de s'en créer un et de se tenir a une ligne directrice afin d'attein...

le 12/12/2012 à 22:00
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Poutine fait son bla-bla habituel. Au niveau de démagogie, mensonge et promesses intenables il dépasse beaucoup la plupart des politiciens français (à gauche comme à droite), malgré qu'il dispose plus de moyens et de possibilité de man?uvre politique...

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