Shinzo Abe : une troisième "flèche" pour assurer sa réélection... en attendant plus

Le premier ministre japonais Shinzo Abe a présenté vendredi le détail du troisième volet de sa stratégie de croissance. Il s'est toutefois gardé d'évoquer les sujets qui fâchent, comme la réforme du marché du travail, à quelques semaines d'une élection importante.
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On l'attendait depuis des semaines. La troisième flèche de Shinzo Abe, le premier ministre japonais, a été présentée en grande pompe ce vendredi dans un document sobrement intitulé : "Le Japon est de retour". Ce plan de modernisation de l'économie japonaise doit venir compléter ses Abenomics qui faisaient déjà une large place aux largesses budgétaires et à la souplesse monétaire.

Au programme : "défis, ouverture et innovation". Voilà pour le cosmétique. Sur le fond, le plan se divise en trois volets : la revitalisation industrielle, la libéralisation de nouveaux marchés stratégiques et le développement à l'international, qui passe par des accords de libre-échange, notamment avec l'Europe, les Etats-Unis et son nouvel objectif prioritaire, l'Asie du Sud-Est, aujourd'hui en plein boom économique.

Parmi les mesures qui seront effectivement lancées à partir de l'automne pour effacer les séquelles de deux décennies de fluctuations entre croissance et récession, et 15 ans de déflation, figurent notamment une baisse des impôts des sociétés sous condition d'investissement, une intensification des aides à l'innovation, des soutiens ciblés aux secteurs jugés clefs, une amplification des mesures pour inciter les femmes à travailler et les salariés à bouger et une extension des programmes de recherche.

Shinzo Abe est en campagne

Ces mesures sont censées soutenir les promesses d'un premier ministre en campagne pour les élections à la chambre haute du parlement japonais qui doivent avoir lieu le mois prochain. De l'issue de cette élection dépendra sa capacité à véritablement réformer. La semaine dernière, alors qu'il annonçait la présentation de cette troisième flèche, Shinzo Abe avait en effet promis que ses mesures permettraient une augmentation des salaires des Japonais et uen profusion d'investissements, le tout permettant aux Japon de soutenir un niveau de croissance moyen de 2% par an durant la prochaine décennie.

En revanche, rien sur la réforme du marché du travail, réclamée par le Fonds monétaire international et de nombreuses entreprises japonaises, qui accusent le droit du travail d'accentuer la déflation car il empêcherait de restructurer pour faire face au ralentissement des commandes et donc d'augmenter les salaires. Il l'avait pourtant évoquée la semaine dernière. Cette urgence n'est toutefois pas partagée par tout le monde.

D'abord, parce que le droit du travail japonais à permis de maintenir le taux de chômage à un faible 4,1%, malgré une conjoncture dégradée, mais aussi parce qu'en l'allégeant, on favoriserait l'emploi précaire en période de creux, sans effet bénéfique sur les salaires, et donc la consommation, selon certains économistes. Alors que l'un des objectifs de Shinzo Abe est précisément la relance de la demande intérieure pour être moins dépendant des soubresauts de l'économie mondiale.

La hausse de la TVA a elle aussi été évacuée du discours. Quoiqu'il en soit, Shinzo Abe, en campagne, n'avait pas intérêt à évoquer ces questions maintenant. Toutefois, a-t-il prévenu, "la stratégie de croissance officiellement décidée aujourd'hui sera la ligne de départ. Mais il n'y aura pas de fin à la réforme".

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Commentaire 1
à écrit le 15/06/2013 à 10:36
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les japonais comprennent que des bas salaires sont nuisibles a l'économie dans sa globalité , en europe on continue le contraire et d'ou la crise qui s'amplifie et le chômage qui sert de variable d'ajustement et a ceci se rajoute toujours des hausses...

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