"Il existe des raisons d'être optimiste pour la croissance japonaise en 2015"

Contre toute attente, l'économie japonaise est entrée en récession au troisième trimestre. Pour Paul Chollet, économiste chez Coface, spécialiste des pays avancés, cette mauvaise performance ne devrait pas durer. D'après lui, le Japon dispose de ressorts de croissance qui pourraient jouer à plein régime en 2015.
"Les entreprises enregistrent des bénéfices records cette année. Elles ont donc la capacité d'investir et de stimuler la consommation en augmentant les salaires" estime Paul Chollet.

La Tribune : Comment analysez-vous les chiffres du PIB japonais publiés lundi 17 novembre et qui ont surpris tous les économistes ?

Paul Chollet : La consommation privée est inférieure aux attentes. Elle était attendue à un niveau plus élevé après la forte contraction du second trimestre. Le problème est que les salaires ne suivent pas le rythme de l'inflation. Tant que les salaires réels n'augmentent pas, la consommation restera atone. Il existe un autre facteur qui explique pour beaucoup ce résultat, c'est le déstockage des entreprises, qui a amputé la croissance de 0,6 point de pourcentage au 3ème trimestre. Toutes ces raisons devraient nous conduire à réviser légèrement à la baisse notre prévision de croissance pour le Japon en 2014 que nous estimions à 0,8% jusqu'ici.

L'inflation est trop forte ? Alors même que c'est un des objectifs de la politique économique du Premier ministre Shinzo Abe qu'on appelle les Abenomics...

Certes, l'inflation est forte (supérieure à 3% depuis avril), mais c'est l'effet mécanique du relèvement du taux de la TVA (passé de 6 à 8% en avril). Hors conséquences du relèvement du taux de la TVA, elle est à peine supérieure à 1%. Ainsi, malgré une augmentation des salaires en 2014 (+2,3% sur un an à fin septembre) supérieure à la moyenne de la décennie passée, le pouvoir d'achat des ménages diminue. Cette hausse de TVA avait provoqué la forte contraction du deuxième trimestre, mais ses effets ont continué à se faire sentir sur le troisième trimestre.

Mais l'inflation devrait être plus mesurée en 2015. Et si dans le même temps les salaires augmentent plus fortement, ce serait alors une bonne nouvelle pour les ménages japonais. D'ores et déjà, on peut voir dans les chiffres des ventes au détail de septembre que la situation commence à se redresser. Le choc de la hausse de la TVA semble passé.

Doit-on tirer les conséquences de cette contre-performance sur le programme des Abenomics ?

L'objectif des Abenomics était de créer un cercle vertueux de croissance et d'inflation. C'était un choc nécessaire pour sortir durablement de la déflation. Pour le moment, le Premier ministre japonais n'a tiré que les deux premières flèches de son programme (un assouplissement des politiques budgétaires et monétaires) dont la portée est conjoncturelle. La croissance de long terme, quant à elle, a besoin de réformes plus structurelles, c'est-à-dire la fameuse troisième flèche des Abenomics.

Voyez-vous des raisons d'être optimistes à l'avenir ?

Les entreprises enregistrent des bénéfices records cette année. Elles ont donc la capacité d'investir et de stimuler la consommation en augmentant les salaires. Les autorités multiplient les déclarations en ce sens. Conséquences de la politique monétaire très expansionniste de la BoJ, nous estimons que la consommation rebondira au 4e trimestre et en 2015. Outre la consommation, les stocks, qui ont pesé négativement sur la croissance au 3e trimestre, devront être reconstitués afin de répondre à la demande.

Du côté des investissements, le Japon ne possède pas de marge. En effet, l'utilisation des capacités de production est élevée et des investissements seront nécessaires afin de répondre à une demande croissance. Il existe donc des raisons d'être optimiste quant à la croissance japonaise en 2015. De plus, il est très probable que le gouvernement diffère la seconde hausse de TVA initialement prévue en octobre 2015.

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Commentaires 2
à écrit le 18/11/2014 à 11:05
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l'économie japonaise n'est qu'une immense pyramide de Ponzi dans laquelle le gouvernement injecte des liquidités en imprimant du Yen et en laissant l'ardoise au générations suivantes...de moins en moins nombreuses....le japon ne fait que dévaluer sa ...

à écrit le 18/11/2014 à 10:30
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"Les entreprises enregistrent des bénéfices records cette année."...Qu'elles vont distribuer aux actionnaires et pas injecter dans des investissements pour faire fonctionner l'économie "normale". Tout ce argent sera certainement très bien placé dans ...

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