La prise de pouvoir des banquiers malmène la démocratie

Les gouvernements italien et grec ont chuté, faute d'avoir résolu le problème de la dette publique. Pour réussir là où ils ont échoué, les politiques ont désigné des économistes, anciens banquiers, qui ne sont jamais passés devant les électeurs.
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Mario Monti, l'Italien et ancien de Goldman Sachs, et Lucas Papademos, le Grec, membres du sérail européen, ont profité de la confusion politique pour gagner la tête de leurs pays respectifs... sans jamais passer par la case élection. Une atteinte à la démocratie pourtant saluée par la troïka et les dirigeants européens, qui y voient le seul moyen de mettre en place l'austérité. Celle-là même qui a eu raison de leurs prédécesseurs élus, Silvio Berlusconi et Georges Papandréou.

Mario Monti est un ancien commissaire européen et membre fondateur du groupe Spinelli, qui défend l'idée d'une Europe fédérale. Lucas Papademos était quant à lui vice-président de la BCE jusqu'en 2010. Et tous deux jouissent d'une reconnaissance internationale pour leur expertise en économie. Ce qui leur a permis de faire l'unanimité parmi les parlementaires, au-delà des esprits partisans, pour assumer la lourde tâche de faire sortir leurs pays de la crise.

Mais les huit années passées par Lucas Papademos à la BCE ne lui ont pas permis de prévoir la dégradation des comptes grecs, ni d'anticiper la crise actuelle. Gouverneur de la banque centrale de la Grèce au moment de l'entrée du pays dans la zone euro, celui-ci connaissait pourtant la situation des comptes helléniques qui avaient été maquillés par Goldman Sachs. Et le 1er décembre, son gouvernement d'union nationale connaissait déjà sa première journée de grève générale.

La connaissance des marchés

En Italie, la nomination de Mario Monti n'a pas calmé les marchés. Loin de faire confiance à sa seule réputation d'économiste, les souscripteurs de bons du Trésor italien veillent au grain. Le 25 novembre, c'est-à-dire à peine quinze jours après la nomination du nouveau président du Conseil, le taux de l'emprunt à 2 ans transalpin atteignait un niveau historique de 8,19 %. Le pressant de dévoiler au plus vite son plan de rigueur, adopté à une écrasante majorité par la chambre basse du Parlement le 5 décembre dernier.

À plus petite échelle, Mariano Rajoy, le nouveau Premier ministre espagnol, a nommé à la tête du ministère de l'Économie l'ancien président de Lehman Brothers dans la péninsule Ibérique, Luis de Guindos. Bien que membre du Parti populaire, cet expert n'a jamais participé à la moindre élection. Ces technocrates présentent en fait surtout l'avantage de parler la même langue que leurs collègues financiers et bruxellois. Celle de la rigueur budgétaire, qu'ils pourront mettre en place sans crainte d'une sanction électorale, puisqu'ils ne sont pas engagés dans une carrière politique de long terme. Selon Silvio Berlusconi, qui s'exprimait dans le journal italien « Il Corriere della Sera » du 20 novembre, Mario Monti se serait engagé devant le président Giorgio Napolitano à ne pas être candidat aux prochaines élections législatives de 2013.

Mais le risque de montée du populisme qui découle de ces nominations est bien réel. Et les professionnels du genre, à l'instar de la Ligue du Nord d'Umberto Bossi en Italie et de l'extrême gauche en Grèce, se préparent déjà à fustiger d'autant plus l'austérité, tueuse de croissance, qu'elle semble être aujourd'hui l'oeuvre directe des bras armés de Bruxelles et des banques.

Commentaires 2
à écrit le 28/12/2011 à 15:07
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Démocratie à la poubelle ? j'ai bien peur que oui. Nous avions déjà pas mal d'intégristes (gauche en tête avec ses petits protégés aux moeurs étranges) en France.... voilà une petite couche supplémentaire dans le totalitarisme

à écrit le 28/12/2011 à 8:31
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Tout est sous contrôle - Pour l'instant - D'abord les financiers qui propageront des incendies de haine , puis les militaires et cette grand impatiente , la guerre civile et son cortége de conflits aux confins de l'Europe; ainsi les dettes des états ...

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