La zone euro et le FMI exigent un engagement écrit de la Grèce sur sa politique de rigueur

Le Premier ministre grec, Lucas Papademos, a réuni dimanche les chefs des partis gouvernementaux pour les engager à soutenir les nouvelles mesures de rigueur conditionnant, avec l'accord en vue sur la réduction de la dette, le deuxième renflouement du pays par l'UE et le FMI.
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Le rendez-vous a débuté à 11H00 GMT au siège du gouvernement grec, en présence de l'ex-Premier ministre socialiste (Pasok), Georges Papandréou, évincé en novembre, son rival conservateur Antonis Samaras, leader de la Nouvelle Démocratie, et le dirigeant d'extrême-droite (Laos) Georges Karatzaferis.
L'enjeu est de réaliser l'unisson sur les grandes lignes de l'accord avec les créanciers privés pour l'effacement de 100 milliards de dette, et de la nouvelle cure de redressement prônée par les bailleurs de fonds publics UE et FMI.
La zone euro et le FMI exigent cet engagement, dont ils veulent même une trace écrite, pour la deuxième fois depuis novembre, pour tenter de garantir une ligne de conduite de la Grèce au-delà des élections anticipées prévues au printemps, et pour lesquelles M. Samaras, longtemps pourfendeur des recettes UE-FMI, part favori.
Après des semaines de cacophonie et de frondes de députés contre les nouveaux sacrifices réclamés, une entente politique donnerait à M. Papademos des coudées plus franches pour boucler le grand marchandage en cours, à temps pour épargner au pays le défaut de paiement dont il est menacé dès fin mars.

Un accord la semaine prochaine

Avec les créanciers privés du pays, banques et assurances, les discussions ont enregistré "des progrès importants" ouvrant la voie à un accord "la semaine prochaine", s'est prévalu samedi soir le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos. Athènes avait indiqué cette semaine espérer obtenir le feu vert à la finalisation de l'accord au sommet européen lundi, à Bruxelles.
Mais avec la troïka UE-FMI-BCE, dont l'aval est nécessaire pour débloquer les prêts de quelque 130 milliards d'euros promis au total d'ici 2015, le bras de fer se durcit.
"Nous devons faire face à de difficiles dilemmes (...) les jours prochains seront déterminants", avait donné le ton M. Vénizélos à l'issue samedi soir d'une rencontre avec la troïka, appelant les partenaires gouvernementaux "se mobiliser" pour "aider" le pays.

Une dévaluation "intérieure"

Dans une zone euro pressée de contenir la crise, les créanciers publics paraissent décidés à battre le fer tant qu'il est chaud pour imposer la dévaluation intérieure (tout en restant dans l'euro) qu'ils jugent nécessaire pour que l'économie redevienne compétitive et exportatrice.
En particulier sur une réforme du marché du travail censée relancer une économie en récession depuis cinq ans, où le taux de chômage a atteint 18%.
Mais les baisses réclamées sur les salaires du privé fâchent jusqu'au sein du patronat, dans un pays déjà paupérisé par deux ans de rigueur. L'hebdomadaire de centre gauche To Vima dénonçait ainsi dimanche un "chantage", tandis que le quotidien de gauche radicale Avghi barrait sa une d'un "NON".
La troïka réclame aussi de nouvelles coupes dans les pensions de retraites complémentaires, allocations sociales et dépenses de santé, une hausse des impôts immobiliers, des suppressions d'organismes et emplois publics pour tenir l'objectif de 150.000 postes de moins dans la fonction publique d'ici 2015.
Le tout en s'opposant au droit de regard réclamé par l'Etat, qui devra recapitaliser les banques grecques.
De quoi anticiper une levée de boucliers sociale et politique, et alimenter la défiance des bailleurs de fonds sur la volonté (et la capacité) des dirigeants grecs à mettre ces mesures en oeuvre. En attestent la proposition informelle avancée par l'Allemagne d'un contrôle européen direct du budget grec, catégoriquement rejetée samedi par Athènes comme une atteinte à la souveraineté nationale, et la volonté affichée également samedi par la Commission d'une surveillance renforcée du pays.

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