L'Union européenne, douée en austérité mais médiocre en croissance

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne espéraient ajouter lundi un volet croissance et emploi à leurs politiques d'austérité, et convaincre ainsi les marchés financiers que l'Europe est en passe de résoudre la crise de la dette dans laquelle elle est plongée depuis plus de deux ans.
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Le sommet de Bruxelles, qui s'est ouvert vers 15h00 GMT, doit également être l'occasion d'envoyer un message fort sur la détermination politique de la zone euro à se doter de règles de fonctionnement plus fortes et de mécanismes d'urgence puissants, alors que la situation en Grèce, au Portugal et à un moindre degré en Italie et en Espagne reste préoccupante.

L'économie espagnole est sur le point de glisser dans une longue récession après avoir enregistré en recul de 0,3% sur le dernier trimestre 2011.

L'économie italienne est également sous pression, même si les coûts de financement italiens ont chuté lundi, signe que le gouvernement de Mario Monti est en passe de rétablir la confiance des investisseurs dans son pays.

Rome et Madrid ont réclamé ces dernières semaines que les objectifs de réduction de déficits soient adoucis au sein de la zone euro et que l'accent soit mis sur la croissance afin de ne pas sacrifier l'activité économique sur l'autel de l'austérité.

Lundi, la Commission européenne a ouvert la porte à un assouplissement des critères du déficit espagnol, se montrant consciente qu'il sera très difficile pour l'Espagne d'atteindre ses objectifs en la matière.

De nombreuses voix se sont également élevées pour souligner que les déficits publics dans certains pays n'étaient pas seulement le résultat d'une politique budgétaire et fiscale accommodante mais aussi le reflet des déséquilibres économiques plus profonds au sein de la zone euro et le résultat de l'excédent commercial et la modération salariale en Allemagne.

La chancelière Angela Merkel a toutefois prévenu qu'elle ne changerait pas de cap à Bruxelles et qu'elle insisterait sur la nécessité de poursuivre coûte que coûte les réformes structurelles et la consolidation budgétaire.

Ses vues sont susceptibles de s'imposer lors du sommet, qui consacrera sa mainmise sur la zone euro après l'explosion du tandem "Merkozy" qu'elle constituait avec le chef de l'Etat français mais qui a perdu toute raison d'être après la perte du "triple A" de la France mi-janvier.

"PAS VRAIMENT DE STRATÉGIE"

Plus concrètement, les dirigeants des Vingt-Sept devraient s'essayer à un difficile exercice de coordination de leurs politiques de croissance et d'emploi.

Parmi les initiatives attendues figurent l'utilisation de près de 20 milliards d'euros de fonds européens non dépensés pour soutenir la croissance, une aide à la mobilité des jeunes et un nouveau coup de pouce au financement des petites entreprises, qui ont créé 85% des nouveaux emplois dans l'UE pendant la décennie écoulée.

Ces recettes ont toutefois été utilisées avec un succès inégal depuis dix ans par les autorités communautaires, et peu d'analystes s'attendent à ce qu'elles constituent une formule magique pour sortir le continent de sa pire crise économique depuis plus d'un demi-siècle.

L'UE, qui est au bord d'une nouvelle récession, affiche un taux de chômage moyen de 10%, avec une poussée à près de 25% de la population active et 45% chez les jeunes en Espagne.

"Ils n'ont pas vraiment de stratégie en dehors de la liste de courses classique et des réformes du marché du travail, ce qui est positif mais ne va pas vraiment changer la donne à court terme", dit Guntram Wolff, directeur adjoint de Bruegel, un think-tank bruxellois qui conseille fréquemment les autorités européennes sur leurs politiques économiques.

NOUVEAUX TRAITÉS

Moins de deux mois après avoir entrepris une refondation de la zone euro en s'entendant sur un nouveau traité budgétaire, les dirigeants des 17 pays utilisant la monnaie unique et les neuf autres Etats membres de l'UE qui ont décidé de les rejoindre (seul le Royaume-Uni a décidé de ne pas s'associer) devraient aussi endosser le texte avant sa signature en mars.

Ils devraient également valider le texte final du Mécanisme européen de stabilité (MES) - le fonds d'urgence de la zone euro - qui doit commencer à fonctionner en juillet.

Une discussion doit encore avoir lieu d'ici au début mars sur les ressources de ce fonds, qui sont aujourd'hui plafonnées à 500 milliards d'euros, mais celle-ci ne nécessitera pas de révision du traité en lui-même.

Une vaste majorité de pays de l'UE, ainsi que le Fonds monétaire international, ont insisté ces derniers jours pour que le MES soit doté d'une puissance de feu suffisante pour rassurer les marchés sur sa capacité à voler si nécessaire au secours de pays comme l'Italie ou l'Espagne, mais l'Allemagne a jusqu'à maintenant refusé de déplafonner le fonds.

Des sources de haut rang au sein de la zone euro indiquent toutefois que Berlin pourrait assouplir sa position une fois que les deux traités seront signés, afin notamment de convaincre les membres du G20 de doper les ressources dont le FMI dispose pour soutenir la zone euro.

Ces discussions pourraient d'ailleurs se voir donner un coup d'accélérateur avec l'évolution de la situation en Grèce et au Portugal, pays qui est revenu ces dernières semaines sous le feu des projecteurs des investisseurs.

Athènes pourrait finaliser les discussions avec les créanciers privés sur une restructuration de la dette grecque dans les prochaines heures et se voir octroyer rapidement un nouveau plan d'aide, mais Lisbonne apparaît déjà comme un candidat évident à un nouveau plan de soutien.

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