Des chiffres éloquents ont été publiés le 6 mars par l'assurance-chômage néerlandaise (UWV) : pas plus de 2.000 contrats à durée indéterminée (CDI) ont été signés en 2011. Les contrats à durée déterminée (CDD), eux, ont explosé, passant de 227.000 à 368.000 entre 2010 et 2011, pour une population active de 9 millions de personnes. Le nombre de travailleurs indépendants a par ailleurs doublé l'an dernier. Ils sont désormais 750.000 personnes à s'auto-employer, sans être couverts par les conventions collectives.
Contrecoup de la crise de 2008
L'assurance-chômage juge ces chiffres "choquants" et n'a pas d'explication toute prête. "Il y a sans doute l'incertitude persistante sur le marché du travail, affirme un porte-parole de l'UWV, mais en réalité, nous n'en savons rien". Les syndicats, eux, voient là le contrecoup direct de la crise financière mondiale de la fin 2008. Ils ont bien senti le vent tourner avec la récession en cours. La Fédération des syndicats néerlandais (FNV), la plus grande centrale du pays, se bat en priorité depuis septembre 2011 contre la précarité et ce qu'on appelle aux Pays-Bas le flexwerk - le travail flexible sous toutes ses formes.
La centrale a notamment dénoncé la généralisation de CDD octroyés par des chaînes de supermarchés à des moins de 23 ans payés au rabais, selon les barêmes du Smic jeune (1.350 euros maximum). La FNV demande à ce que "l'emploi fixe reste la norme", notamment dans les secteurs d'activité les plus touchés par le recours au travail précaire : la poste, mais aussi la construction, ou il y a eu 4.000 CDI de moins en 2011, par rapport à 2010, avec 12.000 postes pourvus grâce au flexwerk (intérimaires, CDD ou travailleurs indépendants).
Un taux de chômage de 5% en moyenne
Les Pays-Bas affichent un faible taux de chômage, 5% en moyenne ces dernières années et un pic de 6 % en février 2012. Des chiffres flatteurs qui cachent mal la précarisation galopante sur le marché du travail. Selon les syndicats, le pays compte déjà 370.000 salariés vivant sous le seuil de pauvreté. Sur ce total, 78% sont des travailleurs précaires. Du coup, un malaise grandissant est habilement exploité par la droite populiste. Un site internet a en effet été lancé en février par le Parti de la liberté (PVV) de Geert Wilders, pour dénoncer les travailleurs saisonniers venus d'Europe de l'Est. Des Polonais, des Tchèques et des Roumains parfois prêts à travailler davantage pour moins que les Néerlandais de souche, qui les perçoivent comme une concurrence déloyale sur le marché du travail.
Sujets les + commentés