Au regard de la crise qui secoue actuellement l'Espagne, son adjudication réalisée ce jeudi matin était scrutée de près par les observateurs. Si la demande était au rendez-vous, ce qui a permis à Madrid de légèrement dépasser l'objectif affiché de 2 milliards d'euros, le pays a dû concédé des taux d'intérêt en hausse sur l'échéance-phare. Le taux à dix ans a ainsi atteint 6,044%, contre 5,743% lors de la dernière émission similaire du 19 avril, selon un communiqué de la Banque d'Espagne.

Malgré les fortes tensions qui ont secouées le pays ces dernières semaines, si la perspective d'une possible baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne cet été et la poursuite de son aide aux banques de la zone euro jusqu'au moins mi-janvier 2013 a contribué à apaiser le climat. Le taux à 10 ans n'a donc pas dépassé le niveau record qu'il avait atteint le 17 novembre 2011, à 6,975%.

Les coûts d'emprunt en hausse sur l'ensemble des échéances

Dans le détail, le trésor a levé 611 millions en obligations à 10 ans, 638 millions en obligations à deux ans et 825 millions en obligations à quatre ans. Pour les obligations à plus court terme, les taux sont également en forte hausse: 5,353% contre 4,319% pour les obligations à quatre ans lors la précédente émission comparable, et 4,335% contre 3,463% pour les obligations à deux ans.

L'Espagne est au coeur des inquiétudes des marchés, depuis la demande d'aide publique historique de plus de 23 milliards d'euros formulée en mai par Bankia, troisième banque du pays par actifs, les investisseurs craignant qu'elle ne puisse assumer seule ses obligations financières et doive demander une aide extérieure. Les analystes chiffrent la facture du renflouement des banques espagnoles entre 60 et 200 milliards d'euros, mais le ministre espagnol du Budget a assuré mardi que le chiffre ne serait "pas très élevé".

Entre 40 et 80 milliards d'euros pour sauver les banques, selon le FMI

Le Fonds monétaire international (FMI), qui dévoilera les conclusions de son rapport sur les banques espagnoles lundi 11 juin, estime quant à lui le coût de ce sauvetage entre 40 et 80 milliards d'euros, selon l'édition de jeudi du journal ABC citant des sources ayant eu accès à ce document. La présentation de ce rapport sera suivie, une dizaine de jours plus tard, de celle d'un audit indépendant. A partir de cette enquête, Madrid devrait prendre rapidement sa décision sur la recapitalisation de ses banques et par extension, sur un éventuel appel à l'aide internationale, comme l'a fait savoir mercredi le ministre espagnol des Finances au Parlement européen à Bruxelles.