Affaire Murdoch : David Cameron reconnaît des liens "trop étroits"

Interrogé par une commission d'enquête durant six heures, le Premier ministre britannique a démenti l'existence d'accords entre son parti et Murdoch tout en reconnaissant des liens "trop étroits" entre la presse et le pouvoir. La divulgation à l'audience d'un texto embarrassant a pimenté l'entretien diffusé en direct à la télévision.
Copyright Reuters

Le Premier ministre britannique David Cameron, contraint de s'expliquer jeudi devant une commission d'enquête sur ses liens avec le groupe Murdoch, a démenti tout accord entre son parti et cet empire de presse. Arroseur arrosé, le chef du gouvernement s'est retrouvé dès 10H00 du matin sur le gril de la commission Leveson sur l'éthique des médias, qu'il a lui-même mise en place l'été dernier quand le scandale des écoutes téléphoniques s'est révélé dans toute son ampleur. Un exercice difficile pour le Premier ministre appelé à se justifier pendant six heures, en direct à la télévision et sous serment, sur ses relations avec le puissant patron de presse Rupert Murdoch et son groupe.

Des accords explicites ? Absurde !

David Cameron a qualifié d'"absurde" l'"idée d'accords explicites" entre son parti et Murdoch, que les conservateurs sont soupçonnés d'avoir ménagé en échange d'un couverture médiatique favorable et notamment d'un ralliement de ses journaux pendant la campagne électorale de 2010. "Je n'accorde aucun crédit non plus à la théorie d'un accord secret", a ajouté le Premier ministre. Il a toutefois admis que les liens entre la presse britannique et le pouvoir étaient "trop étroits" et qu'il faudrait à l'avenir "un peu plus de distance". L'affaire News Corp a conduit à la démission de plusieurs responsables de la police britannique, braquant les projecteurs sur les relations entre les élites politiques et les cadres du groupe de médias.

Des rapports ambigus entre Rebekah Brooks et David Cameron

Les liens d'amitié qui ont existé entre le Premier ministre conservateur et Rebekah Brooks, ancienne rédactrice en chef de l'hebdomadaire tabloïd News of the World et ex-directrice de News International aujourd'hui mise en examen pour entrave à la justice, et son mari en sont un des exemples les plus frappants.

En 2009, celle-ci avait envoyé un texto de soutien à Cameron alors chef de l'opposition, juste avant le discours qu'il devait prononcer devant la conférence de son parti conservateur. "Je suis totalement avec toi", lui avait-elle écrit, "non seulement parce que nous sommes amis, mais aussi parce que professionnellement, nous sommes dans le même bateau". La jeune femme lui proposait aussi un "dîner à la campagne" pour discuter d'une affaire concernant le Times, un des journaux de Murdoch.

Début mai, Rebekah Brooks, qui a été arrêtée à deux reprises dans l'affaire des écoutes, avait déjà révélé que le chef du gouvernement signait "lots of love" les messages de soutien qu'il lui adressait quand le scandale des écoutes faisait rage.

Les autres casseroles

David Cameron s'est par ailleurs efforcé de justifier le recrutement d'un ancien rédacteur en chef du News of the World, le tabloïde au centre de ce scandale, comme responsable de sa communication. Rattrapé par le scandale, Andy Coulson avait ensuite été contraint à la démission. Le chef du gouvernement est également critiqué pour avoir protégé son ministre de la Culture, Jeremy Hunt, que le Labour accuse de conflit d'intérêts dans la gestion du dossier de rachat de la totalité du bouquet de télévision par satellite BSkyB par News Corp.

La décision du Premier ministre britannique d'accepter de passer un jour entier devant la commission, alors que l'actualité est dominée par la crise économique, montre à quel point cette affaire embarrasse le pouvoir britannique, et le Premier ministre en premier lieu.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.