Le Sage de Karlsruhe

Andreas Voßkuhle préside la cour des Sages Allemands et étudie en ce moment les plaintes déposées contre le MES et le paquet budgétaire. Son verdict sera décisif pour l'Europe.
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Il est aujourd?hui l?un des hommes les plus puissants du monde, pourtant son nom reste inconnu du grand public. Andreas Voßkuhle est le président de la cour constitutionnelle de Karlsruhe, en d?autres termes « le juge suprême du pays leader de la première zone économique mondiale » comme le rapporte la Süddeutsche Zeitung. C?est à lui qu?incombera de dire si le Mécanisme Européen de Stabilité (MES) et le pacte budgétaire sont compatibles avec la loi fondamentale allemande ou d?envoyer au tapis la construction européenne et ? sans doute ? les marchés et les économies européens.


Ascension fulgurante


Ce quadragénaire aux joues rondes et au visage sympathique est un homme pressé. Après avoir été nommé professeur à l?Université de Fribourg-en-Brisgau à 35 ans, il en devient à 43 ans le plus jeune recteur. En 2008, il est présenté par le SPD pour être le plus jeune candidat à la cour suprême. C?est alors que la cour constitutionnelle de Karlsruhe est saisie pour vérifier de la compatibilité du traité de Lisbonne avec la constitution allemande.


Premier rendez-vous avec l?Histoire, validé sous conditions, le tout jeune vice-président déclare : "la Loi fondamentale dit « oui » à Lisbonne, mais exige au niveau national un renforcement de la responsabilité du Parlement". Par ailleurs, Andreas Voßkuhle laisse entendre qu?une adhésion de l?Allemagne à une Europe fédérale sera incompatible avec la constitution. Pour une plus grande intégration et un transfert supplémentaire de souveraineté il estime « être déjà à la limite du cadre ».


En mars 2010, il devient le plus jeune président de la cour des sages alors qu?Angela Merkel lui promettait la présidence de la République. En 2011, il doit cette fois juger le premier plan de sauvetage de la Grèce dont il conditionne la validité à un droit de regard systématique de la commission du budget du Bundestag aux futurs plans d?aides.


« La dernière fois »


Le 19 juin dernier, Voßkuhle critique les conditions d?adoption du MES par Berlin et impose au gouvernement une participation accrue du Parlement dans les futures décisions qui renforceraient l'intégration européenne. La décision de la cour des sages à l?examen rapide des plaintes déposées contre le MES et le paquet fiscal devrait intervenir dans les deux semaines, le jugement final seulement en 2013. Pour Charles Blankart, professeur à la Humboldt Université de Berlin et conseiller spécial au ministère de l?Economie l?issue ne fait toutefois pas de doutes : « Voßkuhle est pour une Europe fédérale, comme à son habitude il dira « c?est la dernière fois » mais il validera l?ESM et le pacte budgétaire ».

Commentaires 4
à écrit le 11/07/2012 à 15:49
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Le suspens est intenable!

à écrit le 11/07/2012 à 15:05
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Donc, si on prend votre article au pied de la lettre, l'Allemagne entend bien mettre son veto aux décisions de Bruxelles mais ne souhaite pas diluer son pouvoir dans une fédération européenne? Pourquoi ne pas l'avoir dit plus tôt? Nous n'aurions pas ...

le 11/07/2012 à 22:39
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Mais c'est bien le problème. Les autres pays, gouvernements, parlements, citoyens... Doivent se soumettre aux décisions de Bruxelles et de l'UE sans sourciller. Rien n'est négociable. Émettre la moindre critique est assimilée à de l'europhobie... Par...

à écrit le 11/07/2012 à 13:08
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Aucun doute que le jugement ne soit favorable, à chaque fois on dit que c'est chaud mais ça finit toujours par passer! C'est de la mascarade tout ça, l'opinion allemande comme les autres opinions en europe est flouée..

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