Bernard Arnault devriendra-t-il Belge grâce à sa fortune? Outre-Quiévrain, l'argument de l'impact financier potentiel de sa naturalisation fait polémique. Le président de la Commission des Naturalisations de la Chambre, chargée de donner ou non son aval à cette demande, Georges Dallemagne l'a soulevé ce vendredi lors d'un entretien diffusé sur la RTBF. "Je dis, j'entends qu'il voudrait éluder l'impôt, j'entends au contraire que s'il y a des taxes de l'ordre de 7% qui sont les taxes aujourd'hui sur les donations privées, au moment où il léguera cet argent à ses enfants, ça représenterait plus de 1 milliard d'euros de taxes", a-t-il notamment déclaré. L'argument a aussitôt été rejeté par un autre représentant politique chargé du dossier de naturalisation. Le député socialiste, André Frédéric a ainsi jugé que l'obtention de la nationalité belge n'était "pas une braderie". "Laisser penser qu'il suffit d'être riche pour devenir Belge, c'est indigne", a-t-il confié à l'agence Belga.
Des sociétés qui ne paient pas d'impôt
Cette controverse intervient en plein examen de la naturalisation par la Commission parlementaire chargée d'étudier ce type de demandes. Pour cela, elle pourra s'appuyer sur quatre avis émanant de quatre instances différentes. Et pour l?instant, deux d?entre elles ont rendu un avis négatif tandis que l?une d?elle s?est déclarée favorable à cette naturalisation. Le débat reste ouvert donc, et de nouveaux éléments sont venus l'alimenter. Ainsi ce vendredi matin, le quotidien De Morgen a révélé que Pilinvest, la société belge du milliardaire français Bernard Arnault, a réalisé 193 millions d'euros de bénéfices ces trois dernières années et que sur cette somme, il n'a pas payé d'impôt. Cela n'a rien d'illégal s'est d'ailleurs empressé de faire savoir le Groupe Arnault, holding familiale de l'homme d'affaires.
"Il faudra savoir si sur un plan financier cette naturalisation peut être utile à la Belgique"
C'est cette information qui a fait réagir George Dallemagne. Le président de la commission des naturalisations a ainsi fait part de ses hésitations. "Il faudra savoir si sur un plan financier cette naturalisation peut être utile à la Belgique", a-t-il ainsi déclaré sur la RTBF. "Est-ce que la Belgique est instrumentalisée dans cette affaire et que finalement, elle ne s'y retrouve pas elle-même", s'est-il également interrogé aurpès de la RTBF. Il a notamment souhaité "qu'un petit peu plus de clarté" soit faite sur les sociétés détenues par le milliardaire français en Belgique. Une enquête de Libération publiée le 24 janvier affirmait que ces entreprises avaient reçu des transferts de plusieurs milliards d'euros visant à protéger le succession de l'homme le plus riche de France.
