Chypre joue son avenir dans la zone euro à Bruxelles

Le président chypriote est ce dimanche à Bruxelles pour une réunion de la dernière chance avec les bailleurs de fonds internationaux, sous la menace d'une faillite du pays et d'une sortie de l'euro.
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Le président chypriote Nicos Anastasiades est arrivé vers 14h00 au siège du Conseil européen pour une rencontre dela dernière chance. Il a aussitôt eu une réunion avec les présidents du Conseil européen Herman Van Rompuy, et de la Commission José Manuel Barroso. Les trois dirigeants ont ensuite été rejoints par les présidents de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi et de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, ainsi la directrice du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde, a-t-on appris de source européenne.

Plus que quelques heures

"Le président et sa délégation doivent accomplir une tâche difficile (...) pour éviter un défaut qui menace l'économie, en l'absence d'accord final sur le prêt" que doivent accorder l'UE et le FMI, a expliqué le porte-parole du gouvernement, Christos Stylianides. Cette rencontre s'est déroulée quelques heures avant une réunion décisive des ministres des Finances de la zone euro qui doit tenter de boucler le plan de sauvetage pour Chypre. Christine Lagarde et Mario Draghi participeront à cet Eurogroupe qui doit débuter à 18h00.

Après une journée de négociations-marathon à Nicosie avec des représentants de la troïka -Union européenne, BCE et FMI -, Nicos Anastasiades va devoir convaincre Bruxelles du sérieux du plan proposé pour réunir les 7 milliards d'euros exigés par la zone euro en échange d'un prêt international de 10 milliards. "Les négociations sont à un stade très délicat. La situation est très difficile et le temps est limité", avait-il expliqué dans la nuit de samedi à dimanche à l'issue d'une réunion avec les responsables des partis politiques.

Nicosie subit des pressions de toutes parts

Selon un haut responsable du gouvernement chypriote, les tractations entre Nicosie et ses bailleurs de fonds prennent l'allure d'un bras de fer. Cité par l'agence chyrpiote CNA, sous couvert d'anonymat, il a critiqué samedi soir l'attitude "rigide" du FMI lors des négociations, en affirmant qu'il formulait "chaque demi-heure une nouvelle exigence".

Dans un entretien au journal Welt am Sonntag, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a averti Nicosie que son maintien dans la zone euro dépendait de la viabilité de son plan de sauvetage, estimant que le pays devait "s'attaquer aux problèmes à la racine" et se défaire d'un "modèle économique qui ne fonctionne plus". Son homologue français, Pierre Moscovici, a enfoncé le clou en estimant qu'il fallait en finir avec une "économie-casino au bord de la faillite". "Sinon c'est vous, c'est moi, c'est nous qui allons payer la facture", a-t-il ajouté. Chypre est aussi sous la menace directe de la BCE, qui veut couper les vivres aux banques dès lundi faute d'accord.

Samedi soir, le commissaire européen chargé des Affaires économiques, Olli Rehn, avait lui aussi promis du sang et des larmes aux Chypriotes. Jugeant "essentiel" qu'un accord soit conclu ce dimanche, il avait reconnu qu'il n'y avait plus de "solutions optimales". "Il n'y a que des choix difficiles", avait-il affirmé.

Un accord se dessine dans la douleur

Chypre et la troïka ont enregistré samedi soir des progrès, consistant principalement en un accord sur une taxe sur les gros comptes, selon les médias locaux. Plusieurs télévisions chypriotes ont annoncé que les deux parties s'étaient accordées sur une décote de 20% des comptes au-delà de 100.000 euros à la Bank of Cyprus et une taxe exceptionnelle de 4% sur les comptes dépassant ce montant dans toutes les banques du pays. La taxe exceptionnelle sur tous les dépôts bancaires envisagée dans un premier temps avait mis le feu aux poudres et avait été rejetée mardi par le Parlement.

Selon plusieurs sources proches des négociations à Bruxelles, le plan négocié comprend la restructuration de la Bank of Cyprus et de la Popular Bank (Laiki), qui "doivent disparaître" pour laisser la place à une nouvelle banque créée avec leurs actifs sains. La mesure devait être complétée par une décote sur les actifs sains tirés des deux banques. La loi de restructuration votée vendredi prévoit déjà le gel de tous les dépôts de la Laiki au-delà de 100.000 euros. Selon les médias locaux, la décote attendue sur les gros comptes de la Bank of Cyprus pourrait être compensée en bonds du Trésor, ce qui éviterait un vote au Parlement.

La population est tendue

Sur l'île, où les banques sont fermées depuis une semaine, la colère et la crainte des épargnants de voir leurs économies ou leurs fonds de pension partir en fumée montaient. De plus jeudi, la BCE a exigé, pour maintenir la fourniture de liquidités d'urgence aux banques chypriotes, qu'un accord soit trouvé d'ici lundi. "Si vous ne garantissez pas nos fonds de pension, nous nous mettrons en grève à partir de mardi", date prévue de la réouverture des banques, a lancé Loizos Hadgicostis, président de l'Union chypriote des employés de banques (Etyk) lors d'une manifestation qui a réuni samedi plusieurs centaines d'employés de banques devant le Parlement et le palais présidentiel. Dimanche matin, les murs du QG du parti du président étaient recouverts de tags comme "kleftes" (voleurs en grec) et "dehors". 

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Commentaires 26
à écrit le 25/03/2013 à 7:21
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Bruxelles pourrait peut-être envisager une contribution de la Turquie, qui occupe militairement la moitié de Chypre depuis 1974 ? Allo, allo, José...? allo Hermann...? allo Catherine...? allo Pierre...? Parlez plus fort, on ne vous entend pas !

à écrit le 24/03/2013 à 21:27
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Les Russes ont raison de ne pas se presser pour aider Chypre : ils peuvent compter sur l'Union Européenne pour les mettre rapidement en position de force et tirer les marrons du feu sans se brûler.

à écrit le 24/03/2013 à 19:39
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Ce problème de base d'une économie saine ou de la fin d'une économie-casino qui constitue le noeud d'un "sauvetage" de Chypre, laisse bien songeur l'observateur lamda, tant est énorme ailleurs "l'économie"casino. Les plus de 500.000 milliards d'euros...

le 25/03/2013 à 0:01
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Vous ne savez visiblement pas ce qu'est le "shadow banking" et mélangez tout comme d'habitude.

à écrit le 24/03/2013 à 19:34
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Les employés de banque qui manifestent. Bon signe.

à écrit le 24/03/2013 à 18:59
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hahahahha réunion de la dernière chance, on connait la chanson, dernière de l'avant dernière de l'éventuelle sortie mais c'est la dernière avant la dernière ... Mon dieu que tout cela est ridicule ! Si les leaders n'étaient des pourris Européens ils ...

le 25/03/2013 à 9:36
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Naturellement Chypre avairt ete mis en garde depuis longtemps. Mais comme d´autre on se croit plus malin et en plius on est un étsat "souverain" et on a pas besoin de lecon des ces technocrates de Bruxelle ou de Berlin.... Le resultat on ...

à écrit le 24/03/2013 à 18:50
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Et la descente continue. Bientôt Bruxelles nous soumettra à des psychodrames pour trouver une solution à l'endettement de Trifouillis les Oies qui met en grave danger d'explosion l'UE, la zone euro et l'ensemble du système bancaire. Nous sommes dirig...

à écrit le 24/03/2013 à 18:43
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Faux! les chypriotes sont adultes et responsables et doivent simplement choisir entre accepter l'aide sous conditions, ou passer à la trappe..Bruxelles n'est pas chargé de gaspiller nos impôts..

le 24/03/2013 à 19:01
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Bruxelles gaspille deja en toute impunite vos impots depuis 20 ans, reveillez vous que diable. Rien que la piscine et centre de fitness a Bruxelles pour la sante de vos eurodeputes ont coute plus de 7 millions d'euros ... La tour d'ivoire des technoc...

le 24/03/2013 à 19:08
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les chypriotes sont adultes .... ils votent pour des c... comme la France !

le 24/03/2013 à 19:15
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"Bruxelles n'est pas chargé de gaspiller nos impôts.." vous avez raison .... mais la vue allemande de pas avoir d'inflation (histoire de protéger le capital) .. ne semble pas la bonne solution ... par contre La France...

à écrit le 24/03/2013 à 18:40
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Chypre devrait faire comme l'Islande, l'ile s'en sortirait ainsi et sortirait de la dictature eurocratique. Un precedent qui inspirera d'autres pays j'espere.

le 24/03/2013 à 19:04
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100% D'accord mais justement ils ne peuvent plus sortir car cela "inspirera d'autres pays" ! La dictature est en place,

le 24/03/2013 à 19:43
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Encore un qui croit aux légendes nordiques. L'islande s'est sortie graçe à l'aide du FMI et des pays nordiques.

le 25/03/2013 à 6:45
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Aide du FMI limitee (1.25 milliards d'euros) ne veut pas dire aide de l'UE et encore moins de votre Euro avarié. Demontrez moi que j'ai tort plutot que de faire un commentaire pueril. Je prefere les legendes nordiques a celles de Barosso et de vos te...

à écrit le 24/03/2013 à 18:40
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Le premier à sortir ne sera pas forcément celui qui s'en tirera le moins bien. L'Euro est condamné de toutes façons. C'est sûr. Après, c'est comme le Communisme soviétique : ce n'est pas parce qu'un système est condamné qu'il s'écroulera facilement. ...

le 24/03/2013 à 19:58
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+1

le 24/03/2013 à 20:36
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Concernant votre première phrase, savez vous qu'un prix Nobel d'économie, Joseph Stiglitz, a dit la même chose il y a à peine plus d'un an ? Plus précisément, c'était: "les premiers qui quitteront l'euro s'en sortiront le mieux" !

à écrit le 24/03/2013 à 18:39
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En espérant voir des politiques griller à feu doux ... histoire que les nôtres puissent se rendre compte de la situation qui les attend !

à écrit le 24/03/2013 à 18:27
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Les politiques Français sont à la manif contre le mariage gay ... mais Chypre ... heuuu chut !!!!!!!!!!!!!

à écrit le 24/03/2013 à 18:25
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Bref ...dans le meilleurs des cas .." une semaine de perdue " ... dans le pire la descente aux enfers .... !

à écrit le 24/03/2013 à 18:23
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nous aussi, on joue notre avenir a Bruxelles...bon dieu que ca m'angoisse !

le 24/03/2013 à 18:45
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Entre l'augmentation formidable de la dette , du petit Nicolas (sur notre dos) , et l?incompétence (commune) de François ... nous ne sommes pas tirés d'affaires !

le 24/03/2013 à 22:38
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L'augmentation de la dette formidable du petit Nicolas comme tu dis n'étais que la simple prise de conscience d'une situation, la crise et de la manière d'essayer de la gérer, par contre effectivement l'incompétence de François c'est autre chose !......

à écrit le 24/03/2013 à 18:13
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Faux suspense. Comme d'habitude, un accord (bancal) sera trouvé, histoire que la fuite en avant se poursuive jusqu'à la prochaine réunion de la dernière chance.

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