Le LTRO, arme anti-crise de la BCE, mode d’emploi

La BCE songe à réutiliser ce prêt à long terme déjà activé en 2012. Mais qu’est-ce que le LTRO ? A quoi sert-il ? Quels sont ses risques ? Tentatives de réponses.

Y aura-t-il un nouveau LTRO ? C'est la question principale que se pose la plupart des observateurs de la Banque centrale européenne (BCE) avant la réunion du Conseil des gouverneurs qui, ce mercredi, se déroulera exceptionnellement à Paris. Cette question est devenue très pressante après que Mario Draghi eut évoqué en septembre cette possibilité. Mais qu'est-ce que le LTRO ?

Le LTRO késaco ?

Cet acronyme désigne le programme connu en anglais - la langue officielle de la BCE - sous le nom de Long Term Refinancing Operations. Il s'agit de prêt à long terme accordés par la Banque centrale aux banques. En 2011 et 2012, 1.100 milliards d'euros avaient ainsi été distribués aux établissements financiers de la zone euro sur trois ans.

Il s'agit d'un changement considérable de paradigme pour la politique monétaire qui, d'ordinaire, prête à très court terme aux banques. Au début de la crise financière en 2007, les prêts à trois mois semblaient déjà une révolution…

A quoi sert-il ?

Quel est le but d'une telle opération ? Il s'agit de donner aux banques plus de liberté en leur accordant un matelas financier durable sur lequel elles peuvent s'appuyer pour, notamment, prêter à l'économie et se prêter entre elles.

En 2011 et 2012, le LTRO avait un autre objectif - caché celui-là - qui était de soutenir le marché des obligations d'État des pays périphériques. Ce devrait être moins le cas cette fois-ci, sauf si l'Italie sombre dans la crise politique.

Pourquoi est-il nécessaire aujourd'hui ?

Le véritable problème de la BCE est de freiner le credit crunch dans la zone euro (la baisse des prêts au secteur privé s'est encore accélérée en août à - 2% sur un an) et de freiner la remontée des taux interbancaires (le taux Euribor à 3 mois est passé depuis le début de l'année de 0,13 % à 0,23 %).

Mario Draghi doit se rendre à l'évidence : ni l'OMT, le programme de rachat illimité d'obligations d'Etat, ni le « forward guidance », l'assurance que la BCE va maintenir ses taux bas durablement exprimée en juin, n'ont permis de régler le problème du financement de l'économie européenne et de la fragmentation de la distribution de crédit.

Or, sans crédit, la reprise économique risque de n'être (au mieux) qu'une stabilisation.

Pourquoi les banques ne prêtent-elles pas ?

Si les banques ne prêtent pas dans les pays périphériques, c'est d'abord parce qu'elles n'ont pas confiance dans le climat économique. Elles refusent de prendre de nouveaux risques alors même qu'elles doivent assainir leurs bilans et que, dans le cas italien par exemple, elles sont chargées de dettes souveraines nationales qui demeurent risquées.

A cela s'ajoutent la pression règlementaire des nouvelles règles prudentielles, le futur stress-test lié à l'union bancaire à partir de février prochain et, enfin… le remboursement des sommes empruntés dans le cadre du précédent LTRO !

Le LTRO est-il sans risque ?

Non. Le LTRO reporte le risque à plus tard. Mais il créé un « précipice » de remboursement lorsque les prêts à 3 ans doivent être remboursés. Pour les plus fragiles des banques, ce précipice est infranchissable. Le message que pourrait envoyer la BCE avec un nouveau LTRO, c'est que l'on comble ce précipice en en créant un autre, plus loin.

Autrement dit, on se livre à de la cavalerie financière en attendant le retour de la croissance qui doit tout régler (mais sera-ce le cas ?). Par ailleurs, rien ne garantit que les fonds du LTRO soient utilisés à bon escient. Si les banques les stockent pour se préparer aux stress tests et rembourser le précédent LTRO en 2015, elles ne prêteront pas davantage.

Sans compter qu'il existe le risque que les banques qui se présentent au guichet du LTRO soient considérées comme peu sûres par leurs pairs et se ferment ainsi les portes du marché interbancaire.

Bref, le LTRO n'est pas l'arme suprême, c'est, comme l'OMT ou le forward guidance, un moyen de gagner du temps en attendant la (vraie) reprise économique. 

 

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Commentaires 12
à écrit le 17/03/2014 à 18:30
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La BCE ne peut rien contre le fait que des Etats en économie divergente ne devraient pas avoir le même taux de change. Un autre problème étant que l'excédent courant de la zone euro étant en hausse du fait des dévaluations internes de pays membres de...

à écrit le 03/10/2013 à 0:28
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Votre mode de vie naguère reconnue (heureux comme dieu en France disent mes vieux copains allemand, ça date de la guerre cette expression) n'est plus valable ou se dégrade à vitesse grand v, surtout à Paris naguère si agréable. Moi qui habite dans un...

le 03/10/2013 à 21:33
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D'autant plus qu'en Ostereich il y a eu récemment un premier ministre d'extrème droite dont on s'est aperçu quand il est mort qu'il était homo et le cachait pour ne pas effrayer son électorat...

à écrit le 02/10/2013 à 19:50
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Je pense que l'auteur aurait été bien inspiré de citer l'étude KPMG de octobre 2012 qui met en évidence 1500 milliards de créances douteuses (non performing loans) dans les banques européennes.Sur base de ce constat, cela permettrait aux lecteurs de ...

à écrit le 02/10/2013 à 18:29
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Sans nouveau LTRO, les banques seraient incapables de rembourser les 700 milliards restants à rembourser des LTRO précédents. Le nouveau LTRO sert donc à maintenir en survie artificielle des banques en faillite, des banques zombies. C'est ce qui a en...

à écrit le 02/10/2013 à 18:08
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Première remarque intéressante la remontée de l'Euribor ce qui signifie une remontée des remboursement des prêts révisables qui n' ont cessé de baisser ces dernières années donc baisse du pouvoir d'achat pour les ménages concernés. Si les banques ne ...

à écrit le 02/10/2013 à 17:25
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"Quel est le but d'une telle opération ? Il s'agit de donner aux banques plus de liberté en leur accordant un matelas financier durable sur lequel elles peuvent s'appuyer pour, notamment, prêter à l'économie et se prêter entre elles." Question est-ce...

à écrit le 02/10/2013 à 16:20
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En fait on refait le jeu de la dette des états payés par de la nouvelle dette mais pour les banques, c'est ça ?

à écrit le 02/10/2013 à 13:40
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Il est urgent et vital de sortir de l?UE/Euro/Otan. Comprendre pourquoi l?Europe nous mène droit dans le mur avec des arguments indiscutables et sourcés : http://www.u-p-r.fr/conferences-en-ligne

à écrit le 02/10/2013 à 12:58
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Les LTRO c'est le quantitative easing européen, c'est à dire plus d'infection de fausse monnaie papier qui ne sert à rien puisque ce papier monnaie (fausse) n'est pas accessible à l'économie qui en a besoin, formule qui a déjà échoué aux Us comme au ...

le 02/10/2013 à 13:17
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Faux : ça sert aux spéculateurs et aux cupides à la tête des banques ...

le 15/10/2013 à 20:34
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ça sert surtout à maintenir les prix de l'immobilier.

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