En Irlande aussi, drogue et prostitution ont dopé la croissance

Par Jérémy Hébras  |   |  500  mots
Le ministre irlandais des Finances Michael Noonan prévoit une croissance de 2,1% pour l'Irlande en 2014
Au premier trimestre 2014, la croissance irlandaise rebondit à 2,7%. Ce regain est notamment dû aux bonnes performances du commerce extérieur. Le gouvernement irlandais espère, grâce à ce bon résultat, limiter les mesures d'austérité auxquelles le pays est soumis et atténuer la hausse des impôts.

2,7% : voilà un taux de croissance économique qui ferait pâlir d'envie plus d'un pays de la zone euro. Cette bonne performance est à attribuer à l'Irlande, dont l'économie nationale a rebondi de façon spectaculaire au premier trimestre 2014 par rapport au trimestre précédent.

Une bonne nouvelle qui tranche avec une fin d'année 2013 décevante. "Il y a un rééquilibrage par rapport à la mauvaise performance du quatrième trimestre 2013", confirme Alan Lemangnen, économiste Europe chez Natixis.

Changement de la méthode de calcul du PIB

Il convient néanmoins de relativiser ce regain de croissance, qui s'explique pour partie par le changement des règles de calcul du PIB. D'ailleurs cette nouvelle méthode a eu pour conséquence une révision de la croissance en 2013: au lieu d'une contraction de 0,3% précédemment annoncé, l'économie irlandaise a enregistré une croissance de 0,2% l'an dernier. 

Depuis quelques mois, certains pays de l'Union européenne, parmi lesquels l'Irlande et l'Italie, comptabilisent les secteurs de la prostitution et de la drogue comme producteurs de richesses.

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Michael Noonan, le ministre irlandais des Finances, avait d'ailleurs prévenu en juin que l'adoption de cette nouvelle méthodologie allait se traduire par une hausse de la richesse nationale.

Regain de la demande extérieure

S'il est "difficile d'évaluer l'importance des nouvelles règles de calcul de la croissance dans le rebond irlandais" pour Alan Lemangnen, elles n'expliquent pas tout. Avec un taux d'ouverture avoisinant 120% (l'un des plus élevés de la zone euro), l'économie irlandaise a bénéficié au premier trimestre de 2014 d'un regain de la demande extérieure. Les exportations ont progressé de 1,8%, et sont le "seul" indicateur au vert. Cette dépendance vis-à-vis de l'extérieur est la raison pour laquelle la croissance irlandaise varie fortement d'un trimestre sur l'autre, la demande extérieure étant par nature volatile.

Une croissance autour de 2% en 2014

"La consommation intérieure reste atone"

Toutefois, "la consommation, tant privée que publique, reste atone" selon Alan Lemangnen de Natixis. La demande domestique se contracte légèrement avec un recul de 0,1%. Malgré cela, Dublin espère pouvoir atténuer la hausse des prélèvements obligatoires et limiter les mesures d'austérité auxquelles l'Etat est soumis.

Le gouvernement irlandais prévoit désormais une croissance à 2,1% pour 2014. Natixis, de son côté, maintient ses prévisions de croissance à 1,8%. Son argument: le gouvernement d'Enda Kenny devrait "garder son programme de consolidation en l'état". 

Retour sur les marchés

Le pays est cependant sur la bonne voie. En janvier dernier, l'Irlande a fait un son retour sur les marchés après avoir passé des mois sous la tutelle de la Troïka (UE, Banque centrale européenne et FMI) et au mois de mai, l'agence de notation Moody's a relevé la note du pays en soulignant "l'accélération de la dynamique de croissance".