Démission du ministre des Finances... autrichien

Crise politique en Autriche. Le ministre des Finances a démissionné suite à des critiques au sein de son parti. L'avenir s'annonce incertain pour la "grande coalition" au pouvoir à Vienne.
A gauche, le ministre des finances démissionnaire Michael Spindelegger avec le chancelier Werner Faymann.

Il n'y a pas que la France qui soit en proie à une crise gouvernementale. Ce mardi 26 août au matin, le ministre des Finances autrichien Michael Spindelegger, par ailleurs vice-chancelier et chef du parti conservateur ÖVP, a annoncé sa démission de l'ensemble de ses fonctions.

Critiques internes

Depuis quelques semaines, plusieurs critiques s'étaient fait jour au sein de l'ÖVP sur la réforme fiscale de Michael Spindelegger. Une réforme voulue par les sociaux-démocrates de la SPÖ qui devait alourdir les impôts sur les plus fortunés et alléger le poids fiscal pesant sur les plus modestes. Mais plusieurs dirigeants de Länder conservateurs avaient réclamé plus de temps pour réaliser cette réforme. La répartition du coût de cette réforme faisait débat.

Ces querelles internes révèlent surtout une fracture au sein de l'ÖVP entre les partisans du maintien de la « grande coalition » avec les sociaux-démocrates de la SPÖ, au pouvoir depuis 2006, et ceux qui voudraient s'en libérer. En arrière-plan, il y a évidemment le spectre de l'extrême-droite de la FPÖ de Hans-Christian Strache, formation xénophobe et très critique de la politique d'austérité budgétaire menée par la grande coalition. La FPÖ, malgré son échec relatif aux européennes, pèse toujours aux alentours de 20 % des voix.

Problèmes bancaires

En apparence, l'Autriche ne se porte pas si mal. Certes, la croissance n'a été que de 0,2 % au deuxième trimestre, mais elle est sortie de la procédure de déficit excessif de la Commission européenne et son taux de chômage reste le deuxième plus bas d'Europe. Mais voilà, l'Autriche marche au ralenti et, surtout, elle souffre d'un système bancaire hypertrophié et trop exposé au risque émergent, notamment dans les Balkans et l'ex-URSS.

Le gouvernement a ainsi dû ce printemps régler en urgence le dossier Hypo Alpe Adria, une banque régionale en faillite, en faisant payer le prix fort aux créanciers, mais aussi en injectant plusieurs milliards d'euros dans cette banque en faillite. Pour ne pas sortir des clous du pacte de stabilité, il a fallu trouver des fonds ailleurs et faire des économies, notamment dans le budget de l'éducation.

Les Länder irrités

Tout ceci a irrité une partie de l'ÖVP. D'autant que la décision de faire payer les créanciers de la banque, y compris ceux dont la dette était garantie par l'Etat a conduit les agences de notation a revoir à la baisse la notation des Länder autrichiens, en estimant que le lien entre l'Etat fédéral et ces entités était désormais plus faible. Les dirigeants de ces Länder, les Landeshauptmänner, conservateurs, n'ont guère apprécié la manœuvre. Ils l'ont fait payer à Michael Spindelegger.

De nouvelles élections ?

Et maintenant ? L'ÖVP va devoir trouver rapidement un successeur au ministre démissionnaire. Ce ne sera pas simple. La question de la coalition avec la SPÖ ne manquera pas de s'ouvrir à nouveau. Cette démission pourrait donc déboucher sur de nouvelles élections en Autriche et une redéfinition du paysage politique. L'austérité budgétaire a fait une nouvelle victime...

Commentaires 3
à écrit le 26/08/2014 à 19:22
Signaler
Amusant mais là, ce n'est qu'un autre "indice" que le système général a du mal... Pour ceux qui veulent un avis éclairé, voyez les économistes hétérodoxes. Mais cela n'est réservé qu'aux personnes en état de réfléchir. Ce qui ne coure pas les rues.

le 26/08/2014 à 23:37
Signaler
Ce qui ne court pas les rues... réfléchissez un peu davantage avant d'écrire ;)

à écrit le 26/08/2014 à 15:17
Signaler
Et ce n'est que le début... Bonne crise à tous.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.