La Lettonie aux urnes avec un oeil sur l'Ukraine

Les Lettons élisent ce samedi leur Parlement dans un scrutin qui devrait laisser au pouvoir la coalition sortante de centre droit. La campagne électorale s'est déroulée sur fond de craintes apparues après l'annexion de la Crimée par la Russie et l'éclatement du conflit en Ukraine.
Selon des sondages, le parti de l'importante minorité russophone, Harmonie, dont le dirigeant, le maire de Riga Nils Ushakovs, se déclare fan du président russe Vladimir Poutine, devrait arriver en tête avec 24 % des voix

Inquiets de l'agressivité de la Russie en Ukraine, les Lettons, membres de la zone euro depuis janvier dernier, élisent ce samedi leur Parlement dans un scrutin qui devrait laisser au pouvoir la coalition sortante de centre droit. Le résultat est attendu par les analystes, même si ces derniers prédisent un bon score du parti pro-Kremlin. Treize partis présentent des candidats. Les bureaux de vote ont ouvert à 07h00 (04h00 GMT) et devaient fermer à 20h00 (17h00 GMT).

Selon des sondages, le parti de l'importante minorité russophone, Harmonie, dont le dirigeant, le maire de Riga Nils Ushakovs, se déclare fan du président russe Vladimir Poutine, devrait arriver en tête avec 24 % des voix. Mais il n'aurait aucune chance de former le gouvernement, les autres formations se liguant contre lui, comme c'est le cas actuellement. Ainsi, la coalition sortante conduite par le parti Unité de la Première ministre Laimdota Straujuma, une technocrate de 63 ans, devrait être reconduite à la tête du pays balte de deux millions d'habitants, membre de l'Otan, de l'UE et de la zone euro.

Une coalition qui représente les Lettons de souche

"J'ai voté pour Unité, estimant que c'est un moindre mal. En ce qui concerne l'économie, je leur fait confiance plus qu'aux autres", déclare à l'AFP un joggeur de 25 ans, Maris Skrastins, après avoir mis son bulletin dans l'urne à Jugla, la banlieue nord de Riga. Mais Leonids, un ingénieur à la retraite, préfère Harmonie. "J'ai suivi les débats et j'ai constaté qu'Usakovs était le meilleur (...) Je ne pense pas qu'il se fasse dicter par Poutine comment faire".

Selon l'institut de sondages SKDS, la coalition quadripartite pourrait obtenir 61 sièges, soit cinq de moins qu'actuellement, dans une chambre qui en compte 100. "Depuis l'indépendance en 1991, tous les gouvernements lettons ont été formés par des coalitions de partis représentant les intérêts des Lettons de souche", rappelle le professeur de sciences politiques comparatives à l'Université de Lettonie, Daunis Auers.

Un oeil sur l'Ukraine et la Crimée

La campagne électorale s'est déroulée sur fond de craintes apparues après l'annexion de la Crimée par la Russie et l'éclatement du conflit en Ukraine, où des séparatistes sont soutenus par Moscou. Soupçonnant le Kremlin de vouloir rétablir son autorité dans la zone de l'ex-URSS, les Baltes craignent la déstabilisation de leurs petits Etats, dont deux, la Lettonie et l'Estonie, abritent d'importantes minorités russophones. "Ce pays a été envahi à plusieurs reprises par son voisin et beaucoup de gens en gardent un vif souvenir", explique le chef de la commission des Affaires étrangères au Parlement et membre du parti Unité, principale force de la coalition sortante, Ojars Kalnins.

Le parti des russophones fait aussi peur à certains Lettons. "Si Harmonie gagne, ce sera un désastre pour le pays. Ils le vendront aux Russes", déclare à l'AFP un musicien de Riga, Karlis Kalnins, un ruban aux couleurs nationales, rouge et blanc, épinglé à sa veste. Cependant, les russophones, environ 25 % de la population, démentent avec vigueur toute sympathie excessive pour la Russie de Vladimir Poutine. "Nous vivons ici, nous payons des impôts, nous élevons nos familles (...) Nous sommes plus loyaux que tous ceux qui sont partis à l'étranger chercher du travail" (plus de 200.000 personnes), explique à l'AFP Marina Sokolova, porte-parole de la ville de Rezneke, gouvernée par Harmonie et dont la moitié de la population est russophone.

Croissance de 4 %

L'autre thème de la campagne électorale est la situation économique dans un pays où l'arrivée du capitalisme a accentué les différences de niveau de vie. La Lettonie a opéré un rétablissement spectaculaire après la crise de 2008-2009, quand sa production a baissé de près d'un quart. Mais c'était au prix de mesures d'austérité douloureuses ayant laissé des traces. Les chiffres sont redevenus bons depuis : la croissance a atteint 4 % l'année dernière, un record à l'échelle de l'UE.

Riga s'attendait à près de 5 % cette année avec son adhésion à l'euro mais l'embargo imposé par Moscou en réponse aux sanctions européennes, touche durement les pays baltes, dont les économies sont encore liées à celle de la Russie.

Commentaires 7
à écrit le 05/10/2014 à 13:11
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L’article n’est pas à la hauteur. Nils Ushakovs est un politicien letton pro-européen d’origine russe avec orientation centre-gauche et l’éducation en Occident. Le problème politique de la Lettonie (je ne parle pas de la pauvreté relative et l’émigra...

à écrit le 05/10/2014 à 8:51
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Je reviens de Lettonie où j'ai adopté une fratrie de 3 enfants et donc vécu +1 mois pour la "période de convivialité". Riga est une ville merveilleuse, les Lettons sont débrouillards et surtout travailleurs ! Tout est ouvert de 8h à 21h 7 jours sur 7...

le 05/10/2014 à 13:40
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Vous avez dû discuter avec les Lettons nationalistes. Heureusement la majorité des Lettons ne croient pas à l’invasion russe et ne considèrent pas les co-citoyens russes comme les agents de Poutine. Etrangement les nationalistes lettons n’ont pas de ...

à écrit le 04/10/2014 à 20:21
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La preuve que les européens ne sont pas les gens les plus intelligents du monde, la Lettonie vient d'entrer dans une zone euro en faillite.

à écrit le 04/10/2014 à 14:07
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Qu'est ce qu'on s'emerde avec ce confetti baltique...

à écrit le 04/10/2014 à 13:46
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un ami letton m'a dit que les russophones ne sont pas loin de representer 50% de la population ( cela dit vu le nombre de russes qui ont fui la russie pour la lettonie c'est pas gagne que tous les russophones veuillent etre rattaches a moscou)

le 04/10/2014 à 20:23
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On lit aussi qu'il y a des mouvements sécessionnistes aux Etats-Unis, les populations s'organisent contre la politique menée par Washington.

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