Fenêtre étroite

Et il suffit d'une glose un peu poussée sur l'intérêt - apparemment purement intellectuel - du PDG de BNP Paribas, Michel Pébereau, pour les grandes banques britanniques pour prédire des unions avec Barclays ou Lloyds TSB, qui se paient pourtant en Bourse à des multiples bien plus élevés que la première banque française cotée.Nul ne sait encore si ces multiples rumeurs vont être rapidement suivies d'effet. On présume que tôt ou tard, l'Europe bancaire va bouger. Et nous donner de grandes unions afin de rivaliser avec les géants américains tels Citigroup, leader mondial des services financiers, ou JP Morgan Chase, ou encore les spécialistes de la banque d'investissement, Goldman Sachs, Morgan Stanley Dean Witter ou Merrill Lynch. Ce qui est encore loin d'être le cas. Les acquisitions de Bankers Trust par Deutsche Bank, de First Boston par Crédit Suisse auront été les hors d'œuvre transatlantiques de renforcements attendus sur le Vieux Continent.Mais en matière de timing, il est une chose certaine : la fenêtre est délicate à trouver. Car la fin de l'année 2001 et le tout début de 2002 risquent d'être totalement occupés pour les banques européennes par le passage à l'euro. Transfert des comptes des entreprises, surtout les petites, actuellement à la traîne, basculement des comptes et des moyens de paiement scripturaux (chéquiers, cartes bancaires) des clients particuliers vont mobiliser à compter du second semestre les établissements financiers. Puis viendra le temps fort et à haut risque du passage à l'euro fiduciaire, les pièces et les billets, préparé fortement à partir de décembre.Il sera difficile à une banque de mener à bien toutes ces opérations et de lancer conjointement un vaste mouvement stratégique sur une consœur, a fortiori d'un autre pays. Certes, cela offrirait un réel effet de surprise mais le risque de réalisation serait élevé et même double : la banque pourrait à la fois rater son passage à l'euro et son projet de mariage.Pour éviter cet écueil, il faudrait soit procéder très vite, dans les toute prochaines semaines - mais la concrétisation de l'opération risquerait là encore de se heurter à la période de basculement à l'euro - soit prendre son temps (ou son mal en patience) et attendre la fin du premier trimestre 2002 voire le deuxième trimestre pour tout projet stratégique majeur. Ce qui vide un peu de leur substance brûlante les rumeurs actuelles.Un précédent avait eu lieu en 1999 lors du passage à l'euro financier (notamment sur les marchés). Fin 1998, les banques s'étaient concentrées sur ce premier basculement. Mais dès qu'il avait été digéré, passé les premières semaines de l'année, le mouvement s'était spectaculairement accéléré. La Société Générale avait surpris tout le monde en annonçant son mariage avec Paribas. Avant d'être à son tour surprise par la BNP qui avait lancé une machiavélique tenaille avec une double offre, à la fois sur la Générale et sur Paribas qui se soldera par un échec sur la première et un succès sur la seconde. Depuis, le monde bancaire français est retombé dans une relative apathie - nonobstant le projet d'union récemment dévoilé par la Tribune entre la Caisse des Dépôts et Consignations et les Caisses d'Epargne. Le réveil devrait sonner dans les mois qui viennent. En 2002 selon toute probabilité, après la digestion de l'euro. Mais nul n'est à l'abri d'une bonne surprise avec le déclenchement anticipé donc forcément très prochain, d'une " blietzkrieg ", une guerre éclair bancaire.
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