Gucci ravive les craintes des investisseurs sur le secteur du luxe

Le luxe ne paie plus, ou plutôt il paie moins qu'avant. Après les bénéfices records engrangés en 2000, le secteur est confronté depuis le début de l'année à une conjoncture morose. Alors que le ralentissement commence à se faire sentir sur les ventes, les sociétés phares du luxe européen ont dû faire face à la dépréciation du yen (-5% contre l'euro en six mois), qui ponctionne leur chiffre d'affaires sur le continent asiatique et incite les touristes japonais à réduire leurs dépenses à l'étranger.Ce problème avait notamment incité le géant français du luxe LVMH (propriétaire de la Tribune) à avertir que son premier semestre 2001 pourrait être plus difficile que prévu. Lors de l'assemblée générale des actionnaires du groupe, en mai dernier, Bernard Arnault avait bien précisé que les 10% de croissance du chiffre d'affaires et du résultat d'exploitation attendus cette année étaient "un objectif et non une prévision". "Des variations économiques indépendantes de notre volonté pourraient avoir un impact négatif sur le groupe", avait-il ajouté.Aujourd'hui, Gucci donne une nouvelle illustration des difficultés du secteur. Le groupe italien, qui est détenu à 42% par Pinault Printemps Redoute et à 20,6% par LVMH, a lancé mardi un avertissement sur les résultats de son exercice 2001. Après avoir vu son bénéfice d'exploitation fortement décliner au premier trimestre (-33,6% à 43,5 millions de dollars), Gucci estime n'être plus en mesure d'atteindre les objectifs qu'il s'était fixé. Son chiffre d'affaires devrait finalement s'établir à 2,45 milliards de dollars, contre une précédente prévision de 2,6 milliards, et son bénéfice d'exploitation devrait être de l'ordre de 410 millions contre 440 millions.Bien sûr, Gucci est en proie à des problèmes propres qui n'affectent pas le reste de l'industrie du luxe. Cette année, sa filiale Yves-Saint-Laurent devrait lui coûter 75 millions de dollars, contre 50 millions de dollars prévu auparavant. La reprise d'YSL ne peut toutefois expliquer à elle seule la forte dégradation de la rentabilité d'exploitation de Gucci, et il y a fort à parier que la marque italienne est à son tour en proie aux difficultés évoqués un peu plus tôt cette année par LVMH.Les investisseurs ne s'y sont d'ailleurs pas trompés. Si Gucci est la valeur qui souffre le plus mardi en fin de matinée (-8,81% à 92,65 euros à la Bourse d'Amsterdam), d'autres "stars" européennes de l'industrie du luxe sont également sous pression. Le suisse Richemont et l'italien Bulgari accusent par exemple des baisses respectives de 3,21% et 2,99% vers midi. Après une ouverture en forte baisse, le leader du secteur LVMH réussit par contre à se ressaisir (+0,66% à 61,4 euros). L'action du groupe de Bernard Arnault reste toutefois en baisse de près de 13% depuis le début de l'année.Jean-Noël Roffiae
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