Le G8 se veut raisonnablement optimiste

Le sommet des huit pays les plus riches de la planète s'est achevé la nuit dernière à Kananaskis, au Canada. Les chefs d'Etat et de gouvernement rassemblés dans cette station des montagnes Rocheuses ont tenu à afficher leur optimisme en matière économique, et cela malgré les turbulences actuelles des marchés boursiers, les scandales financiers à répétition et la chute du dollar. Alors que d'habitude, les réunions du G8 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni, Russie) sont essentiellement consacrées à l'économie, il en a relativement peu été question cette fois. Les chefs d'Etat et de gouvernement se sont contentés pour l'essentiel de reprendre les conclusions de leurs ministres des Finances rassemblés à la mi-juin à Halifax. "Nos économies n'ont cessé de se renforcer et devraient continuer à le faire tout au long de l'année. Nos perspectives futures sont encourageantes", avaient alors affirmé ces derniers. "Nous avons eu une discussion productive sur les perspectives de l'économie mondiale et exprimé notre confiance dans nos économies et la croissance économique mondiale", a déclaré hier le Premier ministre canadien, Jean Chrétien, en conclusion du sommet qu'il a présidé. "Dans l'ensemble, les responsables du G8 ont marqué un certain optimisme. A leur avis, l'année 2002 devrait se terminer dans un contexte de croissance et en 2003 la croissance pourra aller jusqu'à 3%", a renchéri le président français Jacques Chirac, ajoutant que ce taux de croissance serait probablement supérieur en Russie et au Canada. En revanche, sur la question brûlante de la chute du dollar face à l'euro et au yen, la discrétion est restée de mise. Les taux de change ont été "très peu" évoqués lors des discussions, a affirmé Catherine Colonna, porte-parole de Jacques Chirac. "Certains ont pu l'évoquer, mais seulement incidemment et brièvement", a-t-elle noté. Tout juste le président de la Commission européenne Romano Prodi a-t-il relevé que la remontée de l'euro avait été plus rapide que prévu et souhaité que ce raffermissement n'aille pas trop loin. Autre dossier explosif : la tourmente qui s'est abattu sur les marchés boursiers, avec notamment le scandale WorldCom. La question ne figure pas dans la déclaration finale, mais le président américain George Bush s'est appliqué à rassurer les marchés : les malversations comptables de WorldCom, l'opérateur américain de télécommunications, sont "scandaleuses" et leurs responsables seront poursuivis, a-t-il promis. "Tout le monde s'accorde à penser que nous devons oeuvrer collectivement à ce sujet, parce que ce n'est pas seulement un problème aux Etats-Unis mais c'est un problème qui affecte l'économie de tout le monde occidental et probablement de tous les pays du monde", a déclaré pour sa part Jean Chrétien. Les huit ont par ailleurs consacré le développement économique de l'Afrique comme une grande cause qu'ils entendent promouvoir sur le long terme. Largement présente lors du sommet de Kananaskis, la question sera de nouveau à l'ordre du jour l'année prochaine lors de leur réunion en France. Le sommet de cette année a en tout cas permis au G8 d'adopter un "plan d'action pour l'Afrique", s'appuyant sur l'initiative du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) lancée par plusieurs chefs d'Etat africains. Quatre d'entre eux, le sénégalais Abdoulaye Wade, le sud-africain Thabo Mbeki, l'algérien Abdelaziz Bouteflika et le nigérian Olusegun Obasanjo étaient présents au Canada. Ils ont été invités par le président français Jacques Chirac à revenir dans un an en France, pays qui exercera alors la présidence du G8. Pour les responsables africains, le NEPAD et son souhait d'associer aide internationale et investissement public avec les initiatives du secteur privé sont le meilleur moyen de garantir le développement économique à long terme du continent le plus pauvre du monde. Même si les attentes sont mesurées : "On ne peut garantir à celui qui n'a qu'un dollar aujourd'hui pour vivre qu'il en aura deux demain. Les taux de croissance de 100% n'existent pas", a constaté le président sénégalais. Le soutien apporté par les pays riches au NEPAD ne s'accompagne cependant d'aucun engagement financier. Pour Thabo Mbeki, cette absence n'est pas surprenante. "Ce qui va maintenant arriver est que nous allons nous asseoir et entrer dans les détails des engagements et voir quelles sont les initiatives pratiques que nous pouvons prendre. C'est dans ce contexte qu'un calendrier et des volumes de ressources spécifiques seront déterminés", a-t-il affirmé. Le soutien du G8 a toutefois une contrepartie importante. Les pays africains vont devoir honorer leurs promesses de meilleure gestion de leurs affaires publiques et de lutte contre la corruption. "Le plan d'action est un partenariat. S'ils ne remplissaient pas leur part, l'argent ne viendrait pas", a affirmé Jean Chrétien.
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