Greenspan annonce la reprise graduelle

C'est un message globalement rassurant qu'a délivré mardi après-midi Alan Greenspan à l'opinion publique. S'exprimant devant la chambre des réprésentants, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) s'est attaché à redonner confiance non seulement aux décideurs américains mais aussi aux consommateurs et aux marchés. A ces derniers, il fait clairement savoir que la Fed ne va pas resserrer brutalement sa politique monétaire. Au contraire, Alan Greenspan indique que la Fed est prête à baisser encore substantiellement ses taux si nécessaire pour soutenir l'activité économique. Le loyer de l'argent aux Etats-Unis a été ramené à 1% au mois de juin dernier, soit son plus bas niveau depuis juillet 1958. De l'avis de la Fed, cette politique permet d'"augmenter la croissance de la production, doper l'utilisation des ressources" et de "se prémunir contre une désinflation mal venue peut être maintenue pendant une période considérable sans alimenter au bout du compte les pressions inflationnistes".Concernant la santé de la première économie mondiale, la Fed continue de croire en un schéma de reprise, mais celle-ci ne sera que graduelle. En conséquence, et malgré la levée de certaines hypothèques (conflit irakien, prix élevé du pétrole...), la Fed révise en baisse sa prévision de croissance pour 2003 la ramenant à entre 2,5% et 2,75% contre une fourchette de 3,25% à 3,5% prévus en février dernier. Les autorités monétaires américaines s'attendent néanmoins à ce que l'"activité économique accélère au second semestre de cette année et gagne de l'allant en 2004". Et pour l'année prochaine, les experts de la Fed parient sur une croissance du PIB comprise entre 3,75% à 4,75%.S'il n'écarte pas complétement le scénario d'une déflation - Alan Greenspan parle d'un "scénario particulièrement pernicieux, quoique encore éloigné, dans lequel l'inflation deviendrait négative (...) ce qui engendrerait une spirale corrosive de déflation" -, le président la Fed estime que les Etats-Unis sont bien armés pour éviter cet écueil dans lequel a sombré l'économie japonaise. L'inflation, mesurée selon les dépenses personnelles de consommation (PCE), devrait s'inscrire entre 1,25% et 1,5% en 2003, et entre 1% et 1,5% en 2004, selon la Fed. Alan Greenspan a par ailleurs estimé que l'amélioration récente des conditions financières "devrait soutenir l'activité économique au cours des trimestres à venir". Et une nouvelle fois il a souligné l'extrême solidité de la consommation des Américains, les dépenses des ménages devraient rester soutenues dans la période à venir en raison de la baisse des intérets et des liquidités dégagées par le refinancement des prêts hypothécaires, a-t-il assuré. Les chiffres relatifs aux ventes au détail publiés aujourd'hui vont d'ailleurs dans ce sens (lire ci-dessous). Les baisses d'impôts récemment votées devraient également donner un coup de pouce considérable au revenu disponible des ménages, a-t-il ajouté. Inquiet ces derniers mois de la frilosité des chefs d'entreprise, Alan Greenspan semble percevoir un léger mieux de ce point de vue. Il estime en effet que la dynamique de redémarrage dans le secteur des entreprises était près de se mettre en place, dans laquelle les firmes, percevant une hausse de la demande, seraient plus enclines à embaucher et produire plus, reconstituer leurs stocks et mobiliser de nouveaux capitaux. Malgré tout, la Fed continue à anticiper pour les prochains mois une certaine dégradation du marché du travail. Elle table sur un chômage entre 6 et 6,25% à la fin de l'année 2003, qui ne devrait que légèrement décroître fin 2004 pour s'établir entre 5,5% et 6%.Solides ventes au détail en juin. Encouragés par une météo clémente et par la perspective de recevoir bientôt par la poste un chèque de l'admnistration Bush au titre d'un crédit d'impôt, les consommateurs américains ont retrouvé le chemin des centres commerciaux. Les ventes au détail ont progressé de 0,5% en juin. C'est leurs plus forte progression depuis le mois de mars dernier. Hors secteur automobile, le bond est encore plus remarquable (+0,7%). A l'exception de l'automobile, en recul de 0,1%, presque tous les secteurs ont profité en juin de la fièvre "acheteuse" des Américains. Ces derniers ont porté leurs choix en particulier sur deux secteurs: les accessoires de sports et loisirs (+3%) et l'ameublement (+0,5%), dopé par le boom persistant du marché immobilier. Les matériaux de construction et les produits de jardinage ont également affiché une forte progression par rapport à mai (+2,6%) après un recul de 0,2% le mois précédent. La contreperformance du secteur automobile s'explique sans doute par une nouvelle surenchère de ristournes et rabais en tous genres entre les différents constructeurs.
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