La Norvège baisse ses taux directeurs de 100 points de base

Difficile de maintenir aujourd'hui des taux élevés. La Norvège semble en faire l'amère expérience. Longtemps attachée à des taux élevés qui attiraient les investisseurs, la banque centrale, la Norges Bank, a dû revoir sa politique. Elle a ainsi annoncé mercredi l'abaissement de 100 points de base de ses taux directeurs. Le taux de base (taux folio) est donc désormais maintenant à 3% et son taux au jour-le-jour à 5%. Depuis décembre dernier, le taux folio de la Norges Bank a été abaissé de 400 points de base. Désormais, ce taux est à son plus bas niveau historique et la Banque centrale a prévenu qu'il fallait s'attendre à une nouvelle baisse au mois de septembre. Le différentiel de taux entre la Norvège et la zone euro se réduit donc rapidement. Il faut dire que la situation était devenue intenable pour l'économie locale. En 2002, la couronne norvégienne s'était ainsi appréciée de 10% face à l'euro, atteignant en décembre son plus haut historique face à la monnaie unique à 7,22 couronnes pour un euro. Evidemment, la hausse face au dollar a été encore plus forte: entre janvier 2002 et mai 2003, la couronne a gagné plus de 26%. Ce renchérissement a coûté très cher à l'économie norvégienne, notamment à l'industrie pétrolière qui réalise la majorité de ses échanges en dollars.Certes, la politique de baisse des taux entamée depuis le début de l'année a entraîné une reprise à la hausse de l'euro face à la couronne. Mais la spirale de la récession était déjà entamée. Touché par la couronne forte, les entreprises norvégiennes, évidemment très dirigées vers l'export, ont commencé à voir leurs profits reculer. Elles ont alors fortement réduit leurs effectifs. De même, les taux élevés ont bloqué toute possibilité d'investissement. L'économie s'est sclérosée et le chômage, pratiquement inconnu jusqu'ici dans le Royaume, a commencé à monter. En juin, il a ainsi passé la barre des 4% de la population active, à 4,1%. Le taux de chômage n'était que de 3,4% en juin 2002. En fait, les forts taux d'intérêts norvégiens ont entraîné l'économie dans une spirale déflationniste. Les prix ont commencé à baisser (-0,2% en juin sur un mois et +0,7% sur un an) et la demande à faiblir. Hors pétrole et gaz, la croissance pour 2003 ne devrait pas dépasser 1%. Il était donc nécessaire de réagir et de lancer un signal fort aux acteurs économiques. C'est ce qu'a décidé la Norges Bank mercredi, abandonnant définitivement la position qu'elle a longtemps tenue de faire de la Norvège un havre de bonheur pour les amateurs de taux forts et d'obligations très rentables. Le ministre de l'Economie norvégien Per-Kristian Foss s'est d'ailleurs félicité de cette baisse importante des taux. Il a salué "une contribution importante à la lutte contre le chômage et à la sauvegarde des emplois dans le secteur concurrentiel". Une opinion partagée par un banquier local interrogé par Bloomberg qui estime que "la baisse des taux devrait faire rebondir l'économie et donner un peu d'air frais aux entreprises". Après l'annonce de la Norges Bank, la couronne a repris sa chute face à l'euro, cédant près de 1% en une heure à 8,32 couronnes pour un euro. Mais certains, comme le gérant de SEB Asset Management, Stig Erik Brekke, se demandent si cette baisse n'arrive pas déjà trop tard. " La Norvège semble avoir six à huit mois de retard par rapport aux Etats-Unis ou à la zone euro, il faudra donc attendre un bon moment avant de voir la reprise".
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