Trimestre morose pour la pharmacie américaine

Grande journée pour les valeurs pharmaceutiques. Des deux côtés de l'Atlantique, une brassée de résultats trimestriels permet de prendre le pouls du secteur. Avec des destinées contrastées. Outre-Atlantique d'abord, les résultats sont plutôt mitigés. Merck a ainsi annoncé un recul de son bénéfice net au troisième trimestre de 1,4% sur un an, à 1,86 milliard de dollars. Certes, ce bénéfice progresse de 6% lorsqu'il est calculé par action à 83 cents, mais il est encore en deçà des attentes des analystes. Le consensus First Call prévoyait en effet un BPA de 85 cents. Dans un contexte commercial morose (avec un chiffre d'affaires en hausse modeste de 6% sur un an), le groupe américain doit faire face à une structure de coûts encore trop lourde. D'où la décision radicale annoncée mercredi de supprimer 4.400 emplois afin d'économiser 250 à 300 millions de dollars par an. Mais cette décision devrait amener une charge supplémentaire de 140 à 200 millions de dollars au quatrième trimestre. L'action Merck cédait en milieu de séance 6,40% à 45,78 dollars.Du côté de Schering-Plough, la situation est encore plus préoccupante. Poursuivi par la justice américaine pour des malversations marketing et confronté à la concurrence des génériques sur ses médicaments phare, le groupe du New Jersey a annoncé une perte trimestrielle de 265 millions de dollars. Le groupe a passé une provision de 350 millions de dollars pour faire face à ces poursuites. Mais la chute des ventes de son anti-allergique Claritin semble irrépressible: le chiffre d'affaires de Schering-Plough a reculé de 16% sur un an. Les analystes prévoient donc une nouvelle baisse du résultat du groupe l'an prochain. Le titre reculait à mi-séance de 5,19% à 15,17 dollars.Reste Pfizer qui, outre-Atlantique, résiste pour le moment le mieux. Le leader mondial du secteur aura cependant encore besoin de temps pour digérer sa fusion géante avec Pharmacia. Ce trimestre, le groupe a dû passer 1,28 milliard de dollars de charges liées à cette fusion, faisant reculer le bénéfice net de 4,6% à 2,24 milliards de dollars. Certes, ramené par action, ce bénéfice est de 47 cents, soit au-dessus des attentes des analystes (44 cents), mais le groupe a révisé son estimation de BPA pour l'ensemble de l'exercice 2003 de 54 cents à 51 cents. Le président de Pfizer Hank McKinell a beau considérer que "la plupart des aspects de la fusion sont réglés" et que Pfizer "dispose de forces, de stratégies et de capacités pour une croissance à long terme", cette révision en baisse de l'objectif de BPA est de bien mauvaise augure et laisse songeur quant à la capacité de la pharmacie américaine d'afficher des croissances solides à long terme. Pfizer cédait en milieu de séance 1,46% à 31,04 dollars.L'Eldorado serait-il alors en Europe ? Après les résultats corrects de Riche et ceux plus décevants de Novartis, le premier laboratoire européen, GlaxoSmithKline (GSK), affiche une croissance annuelle de 20% de son bénéfice net à taux de change constants, à 1,69 milliard de livres. Un chiffre qui se situe dans la fourchette haute des attentes du marché et qui est en grande partie dû au lancement américain de deux nouveaux médicaments, le Levitra, concurrent du Viagra, et le Wellbutrin XL, une nouvelle formulation de son anti-dépresseur Paxil. La licence de ce dernier est tombée outre-Atlantique depuis le 8 septembre dernier, et le groupe a mis en garde contre les impacts de cette situation sur les comptes du quatrième trimestre. Mais GSK compte sur son Wellbutrin XL pour limiter l'impact de cette perte de licence et table en conséquence sur une croissance annuelle "proche ou supérieure à 10%" du bénéfice par action à taux de change constant sur l'ensemble de 2003. Reste que les marchés sont sceptiques et se méfient de la perte du Paxil, le médicament phare du laboratoire anglais. Le titre lâchait donc 2,42% à 1.262 pence en clôture.Le soleil n'est donc pas radieux sur la pharmacie européenne. Pour preuve, si Sanofi-Synthélabo a annoncé un chiffre d'affaires pour le troisième trimestre en hausse de 9,2% sur un an à 2,04 milliards d'euros, il a fortement déçu les analystes. Ces derniers attendaient en moyenne 2,08 milliards d'euros, mais ils se sont surtout inquiétés de la chute de 16% des ventes du Stillnox, le somnifère du groupe. Certes, Sanofi a tenté de les rassurer, en indiquant que "la demande de Stillnox est toujours soutenue" et que les prévisions de croissance pour 2003 étaient maintenues, mais rien n'y a fait. Car, si l'anti-thrombotique Plavix a vu ses ventes progresser de 51% en un an, il est menacé par deux génériques dès 2004. Les investisseurs restent donc prudents sur le titre qui, à la clôture, abandonnait 2,59% à 52,55 euros.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.