L'Etat compte bien aider Alstom

L'Etat français ne veut pas laisser tomber Alstom. En milieu de journée, le ministre de l'Economie lui-même a annoncé à la Commission européenne que l'Etat allait contribuer pour moitié à l'augmentation de capital de 600 millions d'euros approuvée par les actionnaires du groupe industriel en début d'été.Si Francis Mer n'a fait que confirmer ce que pressentaient les observateurs, la nouvelle suscite tout de même de nombreuses réserves. A commencer par celles de Bruxelles. Contacté par l'AFP, un porte-parole de la Commission a déclaré: "nous avons certains doutes sur le fait qu'un investisseur privé à ce stade aurait opéré un tel investissement dans l'entreprise". Cette source a également précisé que pour l'heure la Commission n'avait pas reçu de notification formelle.Chez certains économistes, la tendance est même à la critique. Pour Elie Cohen, directeur de recherches au CNRS interrogé par l'AFP, ce soutien attendu de l'Etat "montre que la situation de cette entreprise est plus grave encore que ce que l'on pensait". L'économiste emploie même le terme de "faillite" et fait le parallèle avec "la nationalisation de fait de la sidérurgie par Raymond Barre en 1978." Assimilant cette intervention à un regain de "gaullisme", il s'interroge dès lors sur les réactions à venir de la Commission mais aussi sur celles d'autres groupes industriels européens en difficulté, tels ABB ou Siemens, même s'il reconnaît le "sinistre social" que représenterait une faillite.Si cette affaire mobilise l'attention, elle ne doit pas pour autant masquer l'autre volet des mesures que devrait prochainement annoncer Alstom. Car le groupe de Patrick Kron devrait aussi dévoiler une restructuration de sa dette pour un montant de 3 milliards d'euros. Selon des informations recueilllies par La Tribune (voir ci-contre), une partie de l'endettement pourrait en effet être transformée en obligations convertibles et en titres subordonnés, au prix d'âpres négociations avec les créanciers.Comme Alstom l'avait annoncé dès lundi, ces mesures devraient lui permettre de "satisfaire ses besoins financiers", c'est-à-dire renforcer son bilan, refinancer sa dette et s'assurer des liquidités suffisantes pour les mois à venir. Il faut dire qu'en dépit du plan adopté ces derniers mois (cessions, suppressions d'emplois...) Alstom reste dans une situation délicate. L'endettement de près de 5 milliards d'euros représente cinq fois les fonds propres et surtout Alstom va devoir rembourser pour 1,8 milliard de crédits au premier semestre 2004.Les prochaines heures devraient permettre d'y voir plus clair puisque le groupe doit diffuser un nouveau communiqué faisant le point avant mercredi matin. Initialement, la publication était prévue pour mardi. Mais, "le conseil a décidé de se réunir à nouveau dans la journée [mardi]", précisait le groupe industriel dans la matinée.Les négociations semblent donc prendre plus de temps que prévu et, dans l'attente de son prochain communiqué, le groupe a demandé que la suspension de cotation de ses actions soit prolongée.
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