Le plan d'Alstom n'a pas levé toutes les inquiétudes

L'euphorie n'aura pas duré longtemps. Si à sa reprise de cotation mercredi l'action a gagné plus de 7% (le spectre de la faillite s'étant éloigné), elle a rapidement fait machine arrière. Et avec les 9,96% qu'elle cède vendredi midi (2,08 euros), elle porte désormais ses pertes à plus de 32% sur trois jours.C'est que désormais pour le marché se pose le problème de la valorisation du titre après les multiples mesures annoncées (voir ci-contre), dont une augmentation de capital de 600 millions d'euros et une émission d'obligations remboursables en actions (ORA) de 900 millions. Or, sur ce point, les observateurs sont plutôt pessimistes.Ainsi, Fideuram-Wargny n'hésite pas à parler de "dilution massive faisant passer dès octobre le nombre d'actions de 282 à 762 millions (+170%) et à terme de 1,405 à 1,476 milliard d'actions après conversion des ORA". Dès lors, "la plupart des analystes disent que ce plan privilégie les banques et sacrifie l'actionnaire", ajoute un vendeur joint par Reuters.De fait, la dilution sera d'autant plus difficile à amortir que les perspectives restent inquiétantes. Le groupe lui-même a annoncé que des provisions sur "certains contrats" allaient amputer le résultat d'exploitation au premier semestre 2003/2004 d'environ 100 millions d'euros et, après la vague de cessions annoncée l'agence de notation Fitch s'interroge sur "la vigueur des activités conservées". Bref, le redressement sera long: comme déjà annoncé, l'objectif de marge opérationnelle de 6% ne devrait être atteint qu'en 2005/2006. "C'est encore loin", déplore le contact de Reuters.Certes, "tout risque de liquidité à court terme est désormais éliminé, le groupe va pouvoir honorer ses échéances de remboursement de 2003 et 2004", remarque CIC Securities. Mais le bureau d'analystes d'ajouter dans la foulée: "dès les premières échéances de remboursement significatives, le groupe se retrouvera à nouveau dans une situation financière tendue". Un point de vue que partage Fitch. "Les inquiétudes persistent sur les besoins de financement à long terme, compte tenu de l'arrivée à échéance de 650 millions d'euros d'obligations en juillet 2006", souligne l'agence de notation. Conséquence: bien que le groupe ne soit pas noté par les grandes agences, Fitch a tout de même procédé à une évaluation théorique, classant Alstom en catégorie spéculative avec une note de BB.Le marché tire donc des conclusions sévères, globalement résumées par Fideuram-Wargny pour qui il n'est pas question de revenir vers le titre "sans avoir l'assurance d'un redressement de l'activité et de la marge opérationnelle et sans un assainissement effectif de la situation bilantielle et des engagements hors bilan."Dans l'attente d'un peu plus de visibilité, le titre devrait donc "rester particulièrement volatil en fonction des annonces", estime CIC Securities. L'une des annonces les plus attendues sera notamment la décision de la Commission européenne. Car certains n'excluent pas un blocage par Bruxelles du soutien apporté par l'Etat.
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