Le Pentagone sanctionne Boeing pour espionnage industriel sur Lockheed-Martin

C'est une véritable série noire pour Boeing. Après avoir annoncé la semaine dernière une charge exceptionnelle de 1,1 milliard de dollars à cause de sa division spatiale, puis, avant-hier, une perte nette de 192 millions pour le second trimestre assortie d'une forte réduction de ses prévisions pour 2004, voilà que Boeing se fait lourdement punir par le Pentagone. L'US Air Force vient en effet de révoquer 10 contrats de lancements militaires qu'il avait attribués à Boeing, d'une valeur d'1 milliard de dollars environ, pour les redonner à son concurrent Lockheed-Martin.Chef d'accusation: espionnage industriel. Le Pentagone reproche en effet à l'avionneur de Chicago d'avoir dérobé 25.000 pages de document à Lockheed-Martin en 1998, lors d'un appel d'offres du gouvernement pour des lancements militaires d'une valeur totale de 2 milliards de dollars, au terme duquel Boeing avait rafflé 21 des 28 contrats.Pour sanctionner l'espion, l'armée de l'air américaine a donc décidé d'annuler 10 de ces contrats, d'une valeur d'environ 1 milliard de dollars, et de les transférer à Lockheed-Martin. En sus, l'US Air Force a révoqué l'exclusivité que détenait Boeing dans le lancement de satellites militaires sur la côte ouest. Conséquence, Lockheed-Martin aura le droit de construire son propre site de lancement en Californie, à Vandenberg.Et pour enlever définitivement à Boeing toute envie de récidiver, le Pentagone va suspendre la capacité de conclure de nouveaux contrats pour trois unités des systèmes de défense de Boeing. Une suspension qui pourra être levée si le groupe d'aéronautique prend des mesures draconiennes pour mettre fin à ces pratiques, a déclaré Peter Teets, le sous-secrétaire de l'US Air Force. Boeing, par la voix de son PDG Phil Condit, s'est "excusé de [ses] actions", et a ordonné que se déroule le 30 juillet une journée de sensibilisation à cette affaire et de formation sur l'éthique et l'intégrité.Ces sanctions ne peuvent pas plus mal tomber. La semaine dernière, Boeing avait justement annoncé qu'il se retirait du marché des lancements de satellites civils, dont les coûts ont fortement augmenté, pour se concentrer sur les commandes gouvernementales. La nouvelle stratégie du groupe est donc tombée sur un os. Et on se demande par la même occasion ce que vont donner les négociations entamées par Boeing auprès du gouvernement pour obtenir une revalorisation du prix de lancement des satellites militaires. Et l'affaire n'est pas terminée. Une procédure criminelle a été engagée par Lockheed-Martin devant un tribunal fédéral de Los Angeles.A New York, le titre s'est repris après avoir ouvert en baisse de 6,7% à 30,05 dollars, et gagne 0,31% à 32,30 dollars à mi-séance.
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