British Airways rétrogradé en catégorie spéculative par S&P

Le redressement du résultat (voir ci-contre) opéré par British Airways sur son dernier exercice n'aura pas suffi. Face à une situation financière tendue, l'agence de notation Standard & Poor's (S&P) a décidé ce mardi d'abaisser de BBB- à BB+ la note de la dette à long terme de la compagnie britannique. Une dégradation qui, bien que ne dépassant pas un cran, s'avère tout de même très symbolique puisqu'elle place désormais British Airways dans la catégorie spéculative (junk bonds). La notation de la dette non garantie passe quant à elle de BB+ à BB-.Les motifs sont sans véritable surprise, alors que la compagnie elle-même disait en mai s'attendre à "un environnement difficile en 2003/2004 [son exercice se termine en mars], avant une reprise économique". De la même façon, l'agence de notation s'inquiète de "la détérioration de l'environnement dans le secteur". D'autant que pour S&P, British Airways y est particulièrement sensible en raison "de son endettement élevé, de l'accroissement attendu de sa contribution aux programmes de retraites, de la concurrence toujours soutenue sur les marchés clé, de la détérioration de son offre et de son exposition aux lignes de l'Atlantique Nord supérieure à la moyenne".Dans ces conditions, ajoute l'agence, "le profil financier de British Airways et ses ratios de crédit ne sont plus appropriés à une notation en catégorie d'investissement [à partir de BBB-]". Si elle s'attendait bien à traverser une période de turbulences, la compagnie s'est tout de même déclarée "stupéfaite" de la décision de S&P, et surtout du moment choisi, alors que Moody's a choisi la semaine dernière de laisser ses notes inchangées. "La guerre est terminée, l'épidémie de SRAS touche à sa fin, l'économie américaine montre des signes de reprise et les volumes de trafic s'améliorent", a déclaré John Rishton, le directeur financier, en ajoutant: "nous avons dépassé tous nos objectifs financier et de restructuration selon notre programme".De fait, lors de ses résultats 2002/2003 (à fin mars), la compagnie avait annoncé des résultats meilleurs que prévu grâce à l'avance prise sur le plan de réduction des coûts baptisé "Future size and shape". Au lieu des 450 millions de livres attendus, ce sont des économies de 570 millions qui ont été annoncées. Ainsi, la compagnie a pu sortir du rouge avec un bénéfice imposable de 135 millions de livres. Autre annonce en direction de la communauté financière: le transporteur avait indiqué le 12 juin vouloir ramener de 5,15 à un peu plus de 3 milliards de livres son endettement d'ici trois ans.Mais pour S&P, les mesures mises en place ne sont pas suffisantes et ne peuvent que "compenser partiellement" les faiblesses du groupe. L'agence ne voit d'ailleurs pas d'amélioration possible "pendant plusieurs années".En Bourse, la sanction n'a pas tardé. L'action a décroché à mi-séance et cède 2,63% à 148 pence en fin d'après-midi. Mais, contrairement à ce que pourrait laisser croire la progression annuelle du titre de 9,6%, les investisseurs n'ont pas attendu cette dégradation pour manifester leur prudence. La hausse reste en effet inférieure à celle d'autres compagnies comme Lufthansa ou Air France et le PER 2004 reste deux fois moins élevé que celui de la compagnie française. Il faut dire que certains analystes ont déjà évoqué les risques pesant sur British Airways. C'est le cas de Yan Derocles chez Crédit Lyonnais Securities qui, dans une interview à latribune.fr en avril, pointait du doigt un ratio d'endettement de 325%.
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