La dernière chance du câble

Beaucoup n'y croyaient plus. Et pourtant, ça bouge enfin dans le câble. Suez a officialisé cette semaine la cession de sa participation majoritaire dans Noos, le premier câblo-opérateur du marché français. Ceux qui espèrent encore voir le câble jouer un rôle dans l'Hexagone ne peuvent que se réjouir d'une telle issue, d'autant que c'est un spécialiste du métier, l'américain Liberty Media, qui devrait emporter le morceau.Jusqu'à très récemment, plusieurs verrous hypothéquaient sérieusement l'avenir du secteur. Verrous réglementaires d'abord avec un cadre juridique spécifique particulièrement contraignant, comportant notamment des seuils de couverture de la population qui empêchaient les rapprochements entre câblo-opérateurs. Verrous industriels ensuite avec l'omniprésence de France Télécom à la fois au capital et dans la propriété des réseaux des principaux câblo-opérateurs. Sans oublier, aussi, le rôle particulier des collectivités locales qui administrent certains réseaux en les concédant aux opérateurs.Pour lever ces hypothèques, des changements législatifs ont certes été indispensables. Mais il a surtout fallu que les différents protagonistes finissent par s'entendre et se concerter. L'engagement de Liberty Media, bien que particulièrement échaudé par ses aventures allemandes d'il y a quelques années, prouve en tout cas que les conditions d'une recomposition sont enfin réunies. Pourtant, ce n'est là qu'une première étape.Il reste en effet deux câblo-opérateurs, France Télécom Câble et Numéricâble qui, appartenant respectivement à France Télécom et à Vivendi Universal, sont intégrés à des groupes qui ne font pas du câble un actif stratégique. Toute recomposition du secteur nécessitera de trouver aussi preneur pour ces deux acteurs importants du marché. On peut penser qu'avec le rachat de Noos, Liberty Media sera tenté de poursuivre sur sa lancée. Mais, là encore, c'est de l'ordre du nécessaire, mais pas du suffisant pour permettre au câble de sortir la tête de l'eau.Car le câble est aujourd'hui sinistré. Et c'est en ce sens qu'il faut espérer que les mouvements en cours n'interviennent pas trop tard. La France compte aujourd'hui moins de 4 millions d'abonnés au câble. Si l'on compare avec la situation d'autres pays, les réseaux français ne sont pas tous d'une qualité qui permette de faire passer à la fois de l'Internet à haut débit, de la télévision numérique et des services de téléphonie. Enfin, le câble est aujourd'hui attaqué de toute part. Dans la télévision, par les bouquets satellites et bientôt la télévision numérique terrestre et la télé sur ADSL. Cette dernière technologie est par ailleurs celle qui est privilégiée aujourd'hui pour apporter l'Internet à haut débit.Sans grand mystère, Liberty Media devra donc investir de façon conséquente pour se faire une place de choix dans le paysage français des télécoms et du câble. Avec UPC France, le câblo-opérateur qu'il contrôle déjà, il est le seul à proposer une offre de téléphonie à ses abonnés. Il lui faudra poursuivre sur cette lancée et ne plus jouer en défense face à ses nombreux concurrents. Mais plutôt les attaquer de front avec de la téléphonie à bas prix grâce au protocole IP et de l'Internet à haut débit à des prix enfin compétitifs.
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