Pertes abyssales pour Rhodia, qui engage ses cessions d'actifs

Rhodia creuse ses pertes, mais tente de réagir. Le groupe chimique français a présenté pour l'année 2003 une perte nette de 1,35 milliard d'euros. Un gouffre au regard de la perte de 4 millions d'euros enregistrée en 2002. Cette perte immense s'explique certes par une charge pour dépréciation d'actifs de 875 millions d'euros, mais la situation n'en reste pas moins très préoccupante. Car le groupe semble fonctionner au ralenti. L'excédent brut d'exploitation a ainsi été réduit de moitié en 2003 à 364 millions d'euros contre 798 millions d'euros un an auparavant. Du coup, la marge brute d'exploitation perd 5,4 points à 6,7%. Reste que la nouvelle direction s'est désormais très clairement engagée dans son programme de redressement lancé à l'automne dernier. Pour preuve, le groupe a annoncé qu'il était en "négociations exclusives" pour la vente de sa division "ingrédients alimentaires" avec le groupe danois Danisco. Cette division a réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 211 millions d'euros, mais le montant de la transaction n'a pas été précisé par Rhodia. Cette cession n'est pas la seule en cours de discussion. L'activité phosphates (400 millions d'euros de chiffres d'affaires en 2003) serait "dans un processus de cession", selon le groupe. Ce dernier affirme d'ailleurs avoir reçu "de nombreuses marques d'intérêts de la part d'acheteurs potentiels, tant industriels que financiers". Aucun nom n'a été révélé, mais si la branche phosphates devait être cédé dans les mois qui viennent, le nouveau président, Jean-Pierre Clamadieu, aurait réalisé sans doute une grande partie de son objectif de céder des actifs représentant 700 millions d'euros de chiffre d'affaires. Enfin, Rhodia continue de vouloir soigner son bilan. Un placement privé de 290 millions d'euros réalisé en 2002 auprès d'investisseurs américains sera remboursé cette année en deux tranches de 145 millions d'euros. Rhodia indique cependant que ce remboursement sera majoré des "intérêts et des pénalités dues". Le montant de ces pénalités n'a pas été précisé, mais certaines rumeurs les évaluent à 25%. Le groupe chimique pourrait donc débourser jusqu'à plus de 350 millions d'euros. Quoi qu'il en soit, la dette du groupe reste énorme: 3,24 milliards d'euros.Jean-Pierre Clamadieu se veut optimiste. "Nous avons une vision claire de ce que sera le groupe", a-t-il affirmé, précisant que les exercices 2004 et 2005 seront des années de "fortes transformations". Rhodia devrait à terme se concentrer sur deux pôles : la chimie d'application et les matériaux de spécialité. Le groupe prévoit un retour au bénéfice net en 2006, mais en attendant, les actionnaires devront ronger leur frein: aucun dividende n'est prévu pour l'exercice 2003.Si le titre a engrangé jusqu'à 6,44% dans la matinée, les investisseurs paraissant rassurés par les cessions, le repli du marché dans l'après-midi l'a fait revenir sur ses gains. A la clôture, il cède 0,28%.
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