Début difficile des négociations de l'OMC à Genève

L'accord de libéralisation du commerce de l'OMC prévu pour décembre prochain à Hong Kong est loin d'être conclu. La première journée des sessions de négociation de l'OMC qui se tiennent jusqu'à vendredi à Genève s'avère peu concluante. Avant d'accepter de nouvelles concessions en matière agricole, l'Union Européenne a demandé des efforts de la part de ses grands partenaires sur les terrains des produits industriels et des services. Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, a immédiatement qualifié cette proposition de "malheureuse", sachant que la question agricole est au coeur des débats du cycle de Doha. De son côté, l'UE estime avoir déjà fait des concessions majeures en acceptant de négocier la fin des subventions aux exportations et en offrant une baisse de 70% de ses aides directes aux agriculteurs et de 20 à 50% des droits de douane. Ces concessions ont d'ailleurs provoqué la colère de la France, qui tente de freiner des quatre fers les velléités de libéralisation de la Commission européenne sur le terrain agricole. Une réaction à la proposition du commissaire au commerce Peter Mandelson d'ouverture des barrières douanières de la Communauté sur cinq produits jugés sensibles (volailles, sucre, beurre, tomate et viande bovine).Ainsi Jean-Baptiste Mattéi, porte-parole du Quai d'Orsay, a assuré cet après midi que la France avait obtenu gain de cause pour surveiller plus étroitement les propositions de la Commission européenne sur ce volet. Une affirmation qui contredit les déclarations de Peter Mandelson et du chef de la diplomatie britannique Jack Straw hier à l'issue d'un Conseil des ministres européens à Luxembourg. Le ton s'est durci dans l'après-midi entre la France et la Commission. Selon un communiqué du ministère de l'Agriculture, la France "ne peut accepter" que le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson "évoque de quelque manière que ce soit le dossier agricole" cette semaine à Genève, la commission n'ayant "pas été capable de démontrer techniquement que son mandat n'était pas dépassé".Les représentants des agriculteurs européens ont également sommé cet après-midi Peter Mandelson de respecter le mandat qui lui a été donné pour les négociations agricoles à l'OMC. Le président du Comité des organisations professionnelles agricoles de l'UE (COPA), Rudolf Schwarzböck, et le président de la Confédération générale des coopératives agricoles de l'UE, Eduardo Baamonde, ont tous deux fait des déclarations en ce sens.Devant le congrès des agriculteurs européens réuni à Strasbourg, le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, avait appelé hier l'Union européenne à "faire preuve d'une plus grande flexibilité" sur l'accès à son marché agricole, relevant que les Américains avaient "franchi un cap" en acceptant la semaine dernière de réduire les subventions à leurs agriculteurs.En marge de cette querelle européenne, les pays africains producteurs de coton ont menacé aujourd'hui de faire échouer la prochaine conférence ministérielle de l'OMC s'ils n'obtiennent pas la promesse d'une élimination des subventions versées aux producteurs des pays riches. Les pays africains à l'origine d'une "initiative" à l'OMC sur le coton (Bénin, Burkina Faso, Mali, Tchad) exigent que la conférence de Hong Kong débouche sur la fixation d'une date pour la disparition des subventions au coton, principalement celles des Etats-Unis qui pèsent sur les prix mondiaux et pénalisent les producteurs du Sud.
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