Le monde entier réfléchit à l'immigration "choisie"

Des hispaniques aux Etats-Unis aux citoyens d'Europe de l'Est, en passant par ceux d'Afrique ou d'ailleurs, tous les immigrants cherchent une vie meilleure. Mais les pays riches, comme la France, veulent pouvoir choisir ceux qui arrivent chez eux. Une ambition dérisoire.

Drôle de coïncidence, hier, jour du premier mai et fête du travail. Si aux Etats-Unis, c'est un jour comme les autres - le "labor day" étant fêté en septembre - c'est cette date qu'avaient choisie des milliers d'immigrants illégaux pour montrer, en refusant de travailler, d'aller au supermarché ou à l'école, ce qu'ils apportent à l'économie du pays et le poids qu'ils peuvent avoir, au moment même où le Congrès américain cherche à durcir les conditions d'accueil.

C'était aussi en ce jour de premier mai que sonnait, pour les pays riches de l'Europe des 15, l'heure de décider s'il fallait ou non accepter d'ouvrir le marché du travail aux immigrants d'Europe de l'Est. Certains, comme la Suède, le Royaume Uni ou l'Irlande, ont ouvert leurs frontières depuis l'élargissement, en mai 2004, et en retirent des bénéfices... D'autres, comme la France, ont finalement préféré sélectionner certains secteurs pour une ouverture, des secteurs en mal de travailleurs, et sans forcément grande qualification, d'ailleurs. Et c'était aussi, en France, la veille des discussions sur un projet de loi très controversé sur l'immigration "choisie".

C'est, dans de nombreux cas, la même philosophie qui domine: celle d'une immigration "choisie". Mais comment choisir? Aucun système ne semble réussir. Certes, certains pays, comme les Etats-Unis, le Canada ou l'Australie, ont adopté depuis longtemps un mécanisme à base de points ou encore des quotas. Ce qui ne les empêche pas d'accepter aussi des exilés politiques, des immigrants sans diplômes et des regroupements familiaux. Et ce qui n'empêche pas non plus, d'ailleurs, ces systèmes de trouver leurs limites, puisque les immigrants clandestins continuent d'affluer.

D'autres pays, telle la France, rêvent de pouvoir attirer des cerveaux uniquement: par exemple des étudiants qui, diplôme en poche, resteraient dans le pays et contribueraient à l'économie. Mais comment les universités européennes peuvent-elles espérer attirer des génies étrangers quand elles sont si pauvres, comparées aux universités américaines? Ces dernières peuvent en effet se permettre d'offrir aux étudiants étrangers des bourses d'études très confortables, des laboratoires de recherches dernier cri, et ensuite, des emplois à la mesure des leurs qualifications et de leurs ambitions.

Autant dire que nombre des solutions envisagées sont dérisoires. Sans doute en existe-t-il une autre. Celle que préconise l'Abbé Pierre, quand il dit que pour éliminer l'immigration, il faut d'abord éliminer la pauvreté dans les pays fournisseurs de mains d'oeuvre immigrée. Mais de cela, personne ne parle...

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