Décomplexés vis à vis de l'argent, les Européens ? Absolument !

C'est de plus en plus vrai, en tout cas, pour les PDG. Si un fossé existe encore entre les salaires des patrons européens et leurs homologues américains, il tend à se réduire. Et ce n'est pas parce que les salaires américains baissent...

Coincés, coupables, moralisateurs les Européens vis à vis de l'argent? Certainement pas. A en juger par l'augmentation des salaires et packages des PDG, ceux-ci, au moins, ont perdu tout complexe. Au point même de se situer - presque - au niveau américain, qui sert de référence. C'est, de l'avis des experts, la première fois en trente ans que le fossé entre les packages européens et américains tend à se rétrécir.

Certes, les contrôles, de plus en plus stricts - du fait, précisément de scandales dans ce domaine - sur les émoluments des patrons américains ont eu un impact, mais c'est surtout l'envolée des salaires européens qui en est la principale cause. En 2005, le package médian (incluant les stock options) pour les PDG des 350 plus grandes sociétés américaines s'affichait à 6,8 millions de dollars. Soit 58% de plus que les 4,3 millions de dollars engrangés par les patrons des sociétés cotées dans l'indice Footsie britannique.

Mais le fossé, en 1998, était beaucoup plus grand, puisque les packages médians aux Etats-Unis s'affichaient à 4,6 millions de dollars, soit plus de quatre fois plus que le piètre 1,1 million de dollars des PDG britanniques. En France, par exemple, les packages médians offerts aux PDG des sociétés cotées au CAC 40 se sont élevés, en 2004, à 3 millions de dollars, contre seulement 780.000 dollars en 1998... Cette envolée n'est pas l'apanage de la France. Les PDG des entreprises du DAX allemand, par exemple, ont vu leur salaires augmenter de 11% en 2005.

Reste que tout cela fait grincer des dents. Comme les mésaventures de Jean- Marie Messier ou, plus proche de nous, du PDG de Vinci, Antoine Zacharias, en témoignent. Mais pour certains, la morale traditionnelle des Européens, et particulièrement des Français, élevés dans une société à majorité catholique et fondée sur une social-démocratie à base de redistribution, n'est plus au goût du jour. Si cette "morale" n'existe plus, quels pourraient être les nouveaux garde-fous?

Certains parient sur les nouvelles exigences en termes de transparence des salaires des PDG. Mais pour d'autres, l'effet est au contraire inverse! Le fait de savoir combien le voisin gagne ne ferait qu'inciter certains PDG à demander plus, histoire d'être alignés sur les plus chanceux... Du coup, certains observateurs parient sur un autre phénomène: l'activisme des investisseurs. Du fait qu'ils sont moins nombreux en Europe qu'aux Etats-Unis, il serait plus facile de les mobiliser pour qu'ils votent contre le salaire de certains PDG d'entreprises dont ils détiennent des actions. Mais le système a ses limites. Dans certains cas en effet, les investisseurs ne sont autres que des banques, friandes d'affaires que peuvent justement leur apporter les entreprises. Dans ce cas, mieux vaut fermer les yeux sur les packages des PDG...

Les solutions, on le voit, sont peu nombreuses. Et la tendance est, de l'avis des spécialistes, résolument à la hausse en Europe. Il y avait déjà les hamburgers, la musique et les films à gros succès: le vieux continent n'a donc pas fini d'importer les recettes américaines.

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