Jean-Claude Trichet signale au marché une hausse des taux en octobre

Comme prévu, la Banque centrale européenne a choisi aujourd'hui le statu quo sur ses taux, la poursuite du resserrement monétaire risquant de doucher prématurément la croissance européenne. Mais le discours de Jean-Claude Trichet cet après-midi indique clairement que la prochaine hausse des taux interviendra en octobre.

"Une grande vigilance" est nécessaire sur les risques inflationnistes, notre politique monétaire reste "accommodante": il n'en fallait pas plus dans le discours de Jean-Claude Trichet, cet après-midi, pour confirmer les anticipations d'une hausse des taux d'un quart de point lors du prochain conseil le 5 octobre. Le 3 août, la BCE avait relevé pour la quatrième fois depuis décembre dernier son taux directeur d'un quart de point à 3%.

Si la reprise se poursuit, et l'inflation continue de dépasser sa limite autorisée, alors la BCE "continuera à progressivement réduire le caractère accommodant de la politique monétaire", a également déclaré Jean-Claude Trichet. Autant de déclarations qui confortent les économistes dans leurs pronostics: ils parient dans leur ensemble sur deux nouveaux resserrements des taux, en octobre, puis en décembre, d'un quart de point à chaque fois. Seul bémol nénanmoins, Jean-Claude Trichet, dans son discours, a indiqué que "la BCE ne prend pas de décisions préderminées". Mais très peu d'économistes ont relevé cette phrase ambigüe.

Aujourd'hui, la BCE a décidé sans surprise de laisser ses taux inchangés. Il faut dire que la banque centrale n'a jamais relevé ses taux deux fois d'affilée. Mais l'institution devrait néanmoins poursuivre son cycle de resserrement des taux dans les prochains mois. "Pourquoi? Parce que, selon les critères d'appréciation de la BCE, la croissance de la zone euro est trop forte. Rendez-vous compte: 2,4 %, un sommet depuis le premier trimestre 2001! Pis, le chômage ne cesse de baisser et l'inflation reste supérieure à 2% (2,3% en août)", ironise Marc Touati, chez Natexis.

D'autant que la BCE a revu à la hausse aujourd'hui ses anticipations de croissance et d'inflation. Elle anticipe désormais une progression du PIB de 2,5% cette année contre 2,1% attendu en juin et de 2,1% en 2007 contre 1,8%. De son côté, l'inflation pour 2006 a été relevée à 2,4% contre 2,3% et pour 2007 à 2,4% contre 2,2%, à cause principalement de l'envolée persistante des prix du pétrole.

Mais nombre dÂ?économistes croient à un plus net ralentissement de la croissance et de lÂ?inflation de la zone euro en 2007. Beaucoup craignent donc qu'une politique monétaire trop rigoureuse ne vienne doucher la croissance prématurément. Le ministre de l'Economie et des Finances, Thierry Breton, a d'ailleurs indiqué ce matin à Troyes qu'avec ses homologues de la zone euro, il était "attentif" à ce que "la politique de la BCE en particulier ne vienne pas entraver la croissance" en France et dans la zone euro.

"Il y aurait donc un mauvais timing de la politique monétaire de la BCE par rapport au cycle", estime Patrick Artus, chef économiste chez Ixis. "Au lieu d'être en avance sur le cycle économique, ce qui est normalement nécessaire en raison des délais dÂ?action de la politique monétaire, la BCE est systématiquement en retard de six mois sur le cycle". Au lieu dÂ?inverser la direction de la politique monétaire au troisième trimestre 2006, ce qui serait raisonnable, elle le fera probablement au premier trimestre 2007, estime l'économiste.

En attendant, les marchés des changes, eux, ont immédiatement enregistré la prochaine hausse du loyer de l'argent annoncée par Jean-Claude Trichet. L'euro a grimpé à 1,2870 dollar après ces déclarations pour redescendre à 1,2796, contre 1,2831 dollar hier soir.

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