La TNT, un projet imparfait mais réussi

Le succès de la TNT et de ses chaînes montre que le choix d'un lancement rapide, en mars 2005, était le bon.

Un an après son lancement, l'installation de la télévision numérique terrestre dans le paysage n'en finit pas de donner tort à ses détracteurs. Les Français se sont rués sur l'équipement en adaptateurs, au delà de toutes les prévisions: plus de 2,5 millions ont été installés, portant à 3,3 millions le nombre d'individus pouvant recevoir la TNT. Les habitants des zones non couvertes interpellent leurs élus et réclament l'arrivée de la TNT dans des délais bien plus courts que ce qui était initialement prévu. Désormais, l'objectif de 100% de couverture en 2007 est devenu un objectif politique prioritaire.

Et les Français ne se contentent pas de s'équiper pour laisser le nouveau gadget dans un coin. Ils l'ont installé et ils regardent les nouvelles chaînes, comme le prouvent les résultats d'audience des nouvelles chaînes de la TNT publiés jeudi par Médiamétrie. De la dernière du classement, iTélé, à la première W9, les chaînes TNT attirent de 800.000 à 1,32 millions de téléspectateurs chaque jour. La preuve est faite qu'il existait une vraie attente dans le public pour une offre de télévision gratuite et élargie. Et qu'il était urgent d'y répondre.

Et pourtant... les critiques de la première heure ne désarment pas. Ils continuent à fustiger le lancement en deux temps de la TNT avec deux normes de compression - en Mpeg2 en mars 2005 pour les chaînes gratuites, en Mpeg4 à partir de septembre -. De fait, le système choisi par le gouvernement est loin d'être optimal pour une gestion rationnelle de la ressource rare des fréquences hertziennes. Il visait à concilier deux objectifs. D'abord le lancement rapide de la TNT gratuite avec une norme opérationnelle mondialement répandue, des adaptateurs produits en grande série à faible coût. Et ensuite, le souci de ménager pour l'avenir des ressources hertziennes pour de nouveaux usages, télévision haute définition et télévision sur mobile, en bénéficiant du dividende d'une norme de compression plus efficace, le Mpeg4.

L'inconvénient est de laisser s'installer un parc important d'adaptateurs Mpeg2, qu'il faudra renouveler dans les cinq ans à venir. Mais à moins de 100 euros l'adaptateur, et vu l'appétit des consommateurs pour les produits d'électronique grand public, le problème ne semble pas insurmontable. Pour l'économie des chaînes, en attendant l'extinction de la diffusion analogique, le système alourdit aussi l'addition. Celles qui voudraient être diffusées en haute définition devront payer le transport de deux flux: Mpeg2 et Mpeg4.

En revanche, les faits démontrent que si, comme on le lui soufflait, le gouvernement avait accepté de retarder le lancement de la TNT jusqu'à la production en série d'adaptateurs TNT à la norme Mpeg4-HD, ce n'est pas 6 mais 24 mois de retard qu'aurait pris le lancement de la TNT. Car les chaînes de production de puces Mpeg4-HD peinent encore à sortir des milliers de "chips" par semaine. La pénurie touche aujourd'hui les opérateurs de télévision par satellite, qui ont lancé leurs programmes haute définition mais peuvent à peine répondre aux réservations de leurs abonnés en décodeurs HD.

Fallait-il alors maintenir pendant deux ans de plus des millions de téléspectateurs dans un paysage à six chaînes? Leur réponse massive en faveur de la TNT gratuite tout de suite démontre qu'un projet, fut-il imparfait au regard d'une gestion rationnelle des ressources hertziennes, mais basé sur des technologies éprouvées, une mise en oeuvre simple et compréhensible pour le grand public, vaut parfois mieux que l'avant garde technologique à tout prix.

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