Forte mobilisation contre le CPE dans toute la France

780.000 personnes recensés par les syndicats, 300.000 selon la police: plus forte que lors de la première journée d'action contre le CPE début février, la mobilisation d'aujourd'hui devrait satisfaire syndicats et étudiants. Face à l'inflexibilité de Dominique de Villepin, leur partie ne semble pas gagnée pour autant.

Il y avait aujourd'hui 780.000 manifestants dans les rues, selon les syndicats, et 300.000 à en croire la police: la mobilisation contre le Contrat première embauche (CPE) apparaît comme un succès en cette fin d'après-midi. La CGT s'estime même en mesure "d'affirmer que le million de manifestants a été dépassé" durant la journée. Alors que la première journée de mobilisation contre ce nouveau dispositif avait obtenu un succès en demi-teinte le 7 février, en pleine période de vacances scolaires, réunissant entre 218.000 et 400.000 personnes, selon la police ou les syndicats, les associations syndicales et étudiantes espéraient une mobilisation bien plus conséquente aujourd'hui dans les 160 manifestations prévues en France.

"Si on veut peser effectivement, il faut faire beaucoup plus de 500.000 personnes", avait affirmé ce matin le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, pour qui les manifestations du 7 février contre le CPE n'étaient qu'un "coup de semonce". Près de deux-tiers (65%) des Français jugent d'ailleurs "justifiée" cette nouvelle journée de mobilisation, selon un sondage BVA. "Nous souhaitons qu'à la vue de la mobilisation qui est très importante, le Premier ministre revoie sa position sur le CPE. Avec les congés scolaires, il comptait nous mettre devant le fait accompli, c'est raté! Les syndicats et les étudiants ont été unanimes dès le départ pour dire que nous refusions la liberté de licencier selon le bon vouloir des employeurs. Nous ne lâcherons pas cette bataille-là", a de son côté déclaré Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT.

Du côté des grèves, les transports urbains ont été inégalement perturbés suivant les secteurs et les régions. Et pour cause: seuls trois syndicats - FO, la FSU et Sud - appelaient à la grève. C'est en province que le trafic était le plus touché, en particulier à Marseille, Lyon ou Nantes. En revanche à Paris, le trafic était quasi-normal sur l'ensemble du réseau de la RATP (métro, bus, RER A et B).

Au registre du trafic aérien, plusieurs vols ont été retardés voire annulés, à Paris comme en province, alors qu'à la SNCF, le trafic demeurait normal sur l'ensemble du réseau. La journée de mobilisation devait également entraîner des perturbations à la Poste, à l'ANPE ou encore à l'Education nationale. Plusieurs antennes de Radio-France étaient également touchées par des mouvements de grève. Enfin, 18 universités étaient en grève dans toute la France, et le recteur de Paris a ordonné la fermeture de la Sorbonne.

Reste que la partie n'est pas gagnée pour les manifestants. Malgré une importante chute de popularité directement liée au CPE, le Premier ministre n'a absolument pas exprimé l'intention de reculer sur le sujet. Le CPE, a-t-il une nouvelle fois plaidé cet après-midi à l'assemblée nationale, est "un véritable contrat anti-précarité", qui "a trois atouts" car "il donne une expérience", "permet une insertion directe dans l'emploi" et "ouvre droit à une formation" dès le deuxième mois d'embauche. Interrogé sur la baisse de popularité de Dominique de Villepin, le ministre de l'Education nationale Gilles de Robien a répondu: "quand on a des solutions audacieuses, on prend des risques au niveau de l'opinion publique et qu'est-ce qui est le plus important: apporter des solutions et supporter de l'impopularité, fut-elle temporaire, ou être les bras croisés en disant ce n'est pas de ma faute?".

En tous cas, les syndicats n'ont pas non plus l'intention d'en démordre. Affirmant en fin de journée que la mobilisation était "un succès incontestable", le secrétaire confédéral de la CGT Jean-Christophe Le Duigou a averti que la CGT voulait "continuer la mobilisation" si le gouvernement "persistait".

Présenté par le gouvernement pour réduire le chômage des jeunes, le CPE permet aux entreprises de pouvoir embaucher les jeunes de moins de 26 ans avec deux ans de période d'essai. Pour l'opposition et les syndicats, mais aussi l'UDF, ce contrat ne fait que concentrer la précarité sur les populations les plus fragiles. Pour sa part, l'OCDE a estimé hier que le CPE faisait passer les jeunes salariés d'une protection "très faible" pendant deux ans à un système à l'inverse "trop restrictif" par la suite.

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