La BCE relève son taux directeur d'un quart de point

La BCE a comme prévu porté son taux directeur à 2,75%. L'augmentation à 2,3% de l'anticipation d'inflation de la BCE pour 2006 et les propos de Jean-Claude Trichet confirment les prévisions des économistes, qui parient sur un taux à 3,25% d'ici la fin de l'année. Fait nouveau, aucune indication n'a été donnée sur le calendrier de la prochaine hausse.

Probablement tentée par un tour de vis plus ferme, la Banque centrale européenne a finalement conservé aujourd'hui son rythme de croisière adopté depuis le début de l'année: elle a annoncé une hausse d'un quart de point de son taux directeur. C'est à Madrid qu'a été annoncé ce troisième relèvement des taux depuis décembre, après plusieurs années de politique monétaire très accommodante.

Si la plupart des économistes s'attendaient à ce verdict, certains estimaient qu'un demi-point de hausse n'était pas inenvisageable. De fait, non seulement le président de la BCE avait largement préparé le terrain depuis début avril pour cette troisième hausse des taux, mais il a réintroduit dans son discours la formule de "forte vigilance", au sommet de son échelle de Richter concernant l'inflation. "Le conseil a discuté d'une hausse de 50 points de base des taux", a d'ailleurs reconnu Jean-Claude Trichet lors de son intervention cet après-midi.

Reste que les fortes perturbations sur les marchés ces derniers jours, directement liées aux craintes de stagflation, ont largement éloigné cette possibilité (lire les articles ci-dessous). Une fois évanouie la possibilité d'un relèvement d'un demi-point, l'euro, qui cotait environ 1,2760 dollar avant cette annonce, a reculé dix minutes plus tard jusqu'à 1,2729 dollar, avant de se rétablir quelque peu.

Mais à entendre le discours de Jean-Claude Trichet, il ne faudra pas attendre très longtemps pour assister à une nouvelle augmentation du loyer de l'euro. "Notre politique monétaire reste accommodante (...) La BCE va continuer à surveiller de près les risques inflationnistes", a-t-il déclaré. Or la BCE a relevé dans la foulée cet après-midi sa prévision d'inflation pour 2006 à 2,3% contre 2,2% prévus initialement. "La BCE continuera à augmenter les taux directeurs si son scénario de reprise économique et de développement de l'inflation se confirme", a-t-il ajouté.

Voilà qui devrait confirmer le pronostic des économistes sur les prochains mouvements de la BCE sur les taux. Avant le discours de Jean-Claude Trichet, le consensus des économistes suivis par Bloomberg tablait sur un relèvement supplémentaire d'un quart de point par trimestre à 3,25% d'ici la fin de l'année. De fait, la persistance du prix du pétrole à 70 dollars le baril, la reprise économique européenne après l'asthénie de l'an dernier et des emprunts de particuliers et d'entreprises au plus haut depuis le début de la BCE en 1999 ont propulsé l'inflation au dessus de 2%, la limite de tolérance de la banque centrale.

"L'inflation au mois de mai s'est élevée à 2,5%, le rythme le plus élevé depuis septembre 2005. Depuis février 2005, le taux d'inflation a chaque mois été supérieur ou égal à 2%, la cible à moyen terme de la BCE. En outre, les crédits au secteur privé ont augmenté de 12,3% en avril sur un an, soit un plus haut depuis la création de l'euro en 1999", relève Nicolas Bouzou, chez Xerfi. L'économiste estime que la BCE est désormais aux prises avec un véritable dilemme: prendre le risque de laisser se développer les pressions inflationnistes ou contribuer au ralentissement de la croissance et à la baisse des Bourses.

Mais d'autres économistes restent plus confiants et minimisent l'impact de ces relèvements. "Alors que nous anticipons de prochaines hausses, jusqu'à 3,25% cette année et 3,50% en 2007, cette hausse reste faible dans un contexte historique et en comparaison des taux d'intérêts américains et anglais. A ces niveaux, ils n'auront pas d'impact significatif sur la croissance économique. Un resserrement modéré de la politique monétaire a déjà été pris en compte par les investisseurs et ne devrait pas perturber les marchés européens", indique ainsi la société de gestion Threadneedle.

Fait nouveau, Jean-Claude Trichet n'a donné aucune indication sur le calendrier de la prochaine hausse des taux. Mais tout porte à croire qu'elle aura lieu le 31 août. De fait, l'annonce qui doit être faite le 3 août ne sera pas suivie du traditionnel discours, ce qui rend peu probable un mouvement monétaire à cette date.


Jean-Claude Trichet se prononce en faveur d'une Bourse européenne
Le président de BCE a jugé aujourd'hui qu'"une option européenne est préférable" dans le cadre de la consolidation actuelle des grands groupes boursiers. Répondant à une question sur Euronext, qui a conclu début juin un accord de fusion avec l'opérateur de la Bourse de New York (Nyse), Jean-Claude Trichet a déclaré: "une option européenne est préférable à une solution externe". "Mais ce n'est pas notre responsabilité de décider" dans ce domaine, a-t-il ajouté. Un nouveau soutien de taille pour Deutsche Börse, éconduit par Euronext, après que Jacques Chirac s'est dit mardi favorable sur le principe au projet Deutsche Börse/Euronext lors d'un sommet avec la chancelière Angela Merkel.

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