Un accord Mittal-Arcelor annoncé ce soir

Le conseil d'administration d'Arcelor va annoncer son ralliement au groupe de l'Indien Lakshmi Mittal. Pour l'emporter, ce dernier a procédé à un nouveau relèvement de son offre.

Arcelor s'est rallié aux propositions - améliorées - de Mittal Steel et les deux groupes vont fusionner pour créer le numéro un mondial de l'acier: c'est ce qui devrait être annoncé ce soir à l'issue du conseil d'administration d'Arcelor qui se tient au Luxembourg. Obtenu au prix d'un relèvement sensible de l'offre de Mittal, cet accord met un terme à une bataille homérique de cinq mois, qui avait d'abord vu Arcelor utiliser tous les moyens pour contrer l'offensive du groupe de l'Indien Lakshmi Mittal.

Selon les agences de presse Reuters et AFP, les conseils d'administration des deux groupes, réunis à Londres pour Mittal Steel et à Luxembourg pour Arcelor, ont donc pu jeter les bases d'un accord, dont la confirmation est attendue dimanche soir.

Elément clé de cet accord: le ralliement d'Arcelor serait obtenu au prix d'un nouveau relèvement de l'offre de Mittal. Alors que ce dernier proposait jusqu'ici 37,74 euros par action Arcelor, il aurait accepté de porter son offre à 40,37 euros, selon l'AFP.

Ce mariage annoncé mettrait un terme à une bataille boursière d'une rare violence qui, depuis le déclenchement des hostilités par Mittal fin janvier, a connu bien des rebondissements. Totalement refusée dans son principe par la direction d'Arcelor, l'offre de Mittal a suscité de nombreuses initiatives de la part du groupe européen pour tenter de la contrer. Selon le groupe luxembourgeois, en effet, ce mariage "n'avait pas de sens industriel et sous-évaluait le groupe européen". Son PDG Guy Dollé avait même multiplié les attaques contre Mittal, estimant que celui-ci faisant dans "l'eau de Cologne" quand son groupe fabriquait des "parfums".

Les dirigeants d'Arcelor ont notamment entrepris de cantonner leur filiale canadienne Dofasco dans un trust néerlandais pour empêcher Mittal de la revendre le cas échéant, et ont élaboré un projet de rachat massif d'actions Arcelor pour rendre du cash aux actionnaires.

Surtout, ils ont lancé un projet alternatif de rapprochement avec un autre sidérurgiste, le russe Severstal. Mais l'arrivée de ce dernier en chevalier blanc est un scénario qui a suscité l'hostilité de nombreux actionnaires, dont l'homme d'affaires franco-polonais Romain Zaleski, qui détient à ce jour 7,8% du capital d'Arcelor. Mercredi dernier, le groupe a même été contraint du fait de ces résistances d'annuler une assemblée générale extraordinaire. Pour tenter de calmer la fronde, Severstal a aussi modifié son offre, proposant de ne prendre que 25% du capital au lieu de 32% prévus.

Du fait de cette résistance de la part de ses actionnaires, la possibilité d'un changement de cap complet d'Arcelor, au profit de Mittal, avait commencé à se dessiner à la fin de la semaine. Dès vendredi, un porte-parole de Mittal affirmait que le groupe était "en discussions avancées" avec Arcelor en vue d'un rapprochement, confirmant ainsi les informations publiées vendredi matin par La Tribune.

Et de son côté, le porte-parole d'Arcelor déclarait: "nous confirmons que Mittal est en discussions constructives et avancées avec Arcelor, qui pourraient déboucher ou non sur une offre d'achat recommandée par la direction d'Arcelor".

Le fait est que Mittal semble avoir accepté de faire de nombreuses concessions, tant en matière de gouvernance d'entreprise - la nature très "familiale" de la direction du groupe Mittal était vivement critiquée par Arcelor - que sur la plan industriel, avec la cession envisagée de certains actifs peu productifs.

L'accord de ce jour consacrera en tout cas le triomphe de Lakshmi Mittal dans sa détermination à consolider le secteur mondial de l'acier.

La cotation des actions Arcelor est suspendue depuis mercredi à la demande de l'Autorité des marchés financiers (AMF) française qui s'inquiétait de l'opacité entourant les négociations sur l'avenir du groupe.

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