La Fed tranche en faveur d'un statu quo sur ses taux

Après dix-sept tours de vis consécutifs de sa politique monétaire en deux ans, la Réserve fédérale a marqué une "pause" dans son cycle de hausse des taux. Un geste qu'attendaient la plupart des agents économiques en raison du ralentissement conjoncturel observé outre-Atlantique.

Pour la première fois depuis juin 2004, la Réserve fédérale (Fed) a fait l'impasse hier sur le relèvement de son principal taux directeur. La plupart des agents économiques s'attendaient à ce statu quo, à 5,25%, après dix-sept hausses consécutives en deux ans. Il faut dire que les dernières publications d'indicateurs témoignent d'un net ralentissement économique outre-Atlantique, qu'une hausse supplémentaire du loyer de l'argent aurait accentué.

"La croissance économique s'est tassée par rapport au dynamisme de l'an dernier, refletant à la fois le ralentissement du marché immobilier et les effets des multiples hausses des taux d'intérêt, ainsi que la flambée des cours de l'énergie", indique la Réserve fédérale dans son communiqué.

Après la déception sur la première estimation de la croissance économique au deuxième trimestre, à 2,5% seulement contre 5,6% au trimestre précédent, les chiffres du chômage publiés vendredi ont achevé de noircir le tableau. C'est un taux de chômage à 4,8% fin juillet que le ministère du Travail a affiché, alors que les économistes tablaient sur un taux étale à 4,6%. Sans compter une déception toute aussi cuisante sur le nombre de création de postes sur le mois.

De quoi conforter les économistes qui, déjà nombreux, s'attendaient à un verdict neutre sur les taux. De fait, après les chiffres de l'emploi vendredi, 80% des arbitragistes s'attendaient à un statu quo sur les marchés à terme. Et seuls 5 des 23 spécialistes en valeurs du Trésor américain tablaient encore sur une hausse.

Ces derniers mettaient en avant le fait que Ben Bernanke, qui a succédé en début d'année à l'illustre Alan Greenspan, devait faire preuve de rigueur afin d'asseoir sa crédibilité. Du coup, certains bureaux d'analystes, à l'instar de Goldman Sachs ou Mizuho Securities USA, pariaient plutôt sur un dix-huitième relèvement du taux directeur, à 5,5%. "Bernanke a une réputation de "colombe" (qui, au contraire du "faucon", est enclin à surpondérer les risques qui pèsent sur la croissance par rapport aux risques inflationnistes, ndlr)", indiquait ainsi Glenn Haberbush, économiste chez Mizuho. "S'il relève les taux à 5,5%, il perdra un peu de son plumage blanc et pourra ensuite évoluer vers une politique monétaire plus modérée".

Reste maintenant à savoir si cette "pause" sera de courte ou de longue durée, ou même définitive, au vu d'une inflation qui, elle, ne fléchit pas. L'indice de hausse des prix sous-jacent, hors éléments volatils comme les produits frais et l'énergie, se maintient au dessus du seuil de tolérance de 2% de la Fed. En juin, l'indicateur a grimpé à 2,4% en rythme annualisé, son plus haut niveau depuis avril 1995. De plus, les dernières publication de cet après-midi sur ce sujet font planer la menace d'une boucle prix-salaires. Non seulement la hausse du coût unitaire du travail a grimpé à 4,2% au deuxième trimestre, contre 2,5% au premier, mais la productivité a reculé à 1,1%. Autant de frais qui pourraient être compensés par des hausses de prix par les entreprises.

Même si "les pressions inflationnistes devraient reculer", notamment en raison de la "politique monétaire", "le comité estime que les risques inflationnistes demeurent", a indiqué la Fed dans son communiqué. Mais le calendrier d'une éventuelle hausse des taux n'est bien sûr pas précisé. "Il dépendra des prochaines publications en matière de conjoncture et d'inflation", note simplement la Fed. Autant dire qu'elles seront suivies avec la plus grande attention.

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