New York et Washington, parents pauvres de la lutte contre le terrorisme

L'administration Bush vient de réduire de 40% les fonds alloués aux villes de New York et Washington pour se protéger du terrorisme. Un choix tactique et politique hasardeux à l'heure où les risques d'attentats resurgissent en Amérique du nord.

Stupeur et tremblement! Alors que les Américains s'apprêtent à célébrer la mémoire des victimes disparues voilà cinq ans lors des attentats du 11 septembre 2001, l'administration Bush vient encore de ternir son image auprès de l'opinion publique et du Congrès, pourtant aux mains des Républicains. Le département à la Sécurité intérieure (DHS) a décidé de réduire de 40% les fonds alloués à New York et Washington pour la lutte contre le terrorisme, tout en augmentant de 60 à 70% ceux de villes comme Louisville (Kentucky) ou Omaha (Nebraska), en théorie moins susceptibles d'être l'objet de nouvelles frappes terroristes.

Pour 2006, le DHS a non seulement réduit l'enveloppe attribuée aux villes américaines pour leur défense, la ramenant à 711 millions de dollars contre 830 millions pour l'exercice fiscal précédent, mais a augmenté le nombre de ses bénéficiaires. Elles sont désormais 46 et non 43 à se partager cette subvention, Memphis, Orlando et Fort Lauderdale ayant été ajoutées cette année à la liste du département.

A New York, dont le budget passe de 207,5 millions de dollars en 2005 à 124,4 millions en 2006, la pilule passe très mal. Elu démocrate du Bronx à la Chambre des représentants, Joe Crowley a jugé cette situation "intolérable" et estimé que la population de la Grosse Pomme "s'était faite royalement b***er!!" lors de l'attribution des budgets. Par le plus grand des hasards, Louisville a perçu huit millions de dollars alors que le président de la commission de la Chambre chargée de répartir ces crédits est un élu du Kentucky...

Dans la capitale fédérale, également meurtrie en 2001 et dont le budget a aussi diminué de 40%, l'humeur n'est guère plus légère qu'à New York, même si le Washington Post a choisi l'humour pour dénoncer les arbitrages de l'administration. "C'est vrai, ça fait trop longtemps que le bison du parc national de Grand Teton (Wyoming) vit dans la peur d'Al-Qaïda", ironisait le week-end dernier un éditorialiste du célèbre quotidien.

Au-delà de la colère et de l'humour qu'elle inspire parfois, les choix de l'administration ne seront pas sans conséquences. Michael Bloomberg, le maire républicain de New York, a beau déclarer que "la ville ne s'est jamais mise en danger", en se plaçant en situation de dépendance vis-à-vis de la manne fédérale, les autorités locales s'inquiètent. La police de New York comptait sur cet argent pour financer un projet de 81 millions de dollars visant à protéger les ponts de la métropole et le quartier de Wall Street, jugés comme les cibles les plus probables de prochains attentats.

Répondant à ses détracteurs, le secrétaire à la Sécurité intérieure, Michael Chertoff, a déclaré que New York avait reçu "plus d'un demi-milliard de dollars" pour sa sécurité depuis 2001. Un argument dont les habitants de la ville n'ont cure à l'heure où leurs journaux font leurs gros titres sur ce contentieux budgétaire, mais aussi sur l'arrestation, ce week-end au Canada, de 17 membres présumés d'une cellule inspirée par Al-Qaïda.

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