"Une acquisition d'Alliance & Leicester par le Crédit Agricole nous semble peu convaincante"

Guillaume Garabedian, gérant chez Meeschaert, estime que, alors que le Crédit Agricole est en quête d'acquisitions, la banque a un besoin urgent de se diversifier, tant dans ses sources de revenus qu'à l'international. Reste qu'un possible achat du Britannique Alliance & Leicester ne lui semble pas, pour l'heure, le projet le plus approprié.

latribune.fr- Le Crédit Agricole a dévoilé son intérêt pour la banque britannique Alliance & Leicester. Pensez-vous que cette cible soit pertinente?

Guillaume Garabedian- Le Crédit Agricole a un vrai besoin d'évoluer. Le groupe est très centré sur la banque de détail, et reste peu présent dans la banque d'investissement et les activités sur les marchés financiers. En outre, il est peu présent à l'international et a un important besoin de se diversifier. Toutefois, l'opération concernant Alliance & Leicester nous semble peu convaincante. Nous ne sommes pas persuadés qu'il s'agit de la bonne cible. En outre, des incertitudes planent sur le prix, qui risque d'être trop élevé. C'est pourquoi nous sommes un peu sceptiques quant à cette possible acquisition. Il n'est pas certain qu'elle serait bien perçue par le marché.

Le Crédit Agricole dispose-t-il de la force de frappe suffisante pour réaliser une telle acquisition?

Une telle opération pourrait avoir un effet positif sur le bénéfice du groupe, mais cela est fonction des modalités de financement. Si l'acquisition est réalisée par les caisses régionales du Crédit Agricole, elle pourrait avoir un impact positif sur le résultat. En revanche, si l'opération est menée directement par Crédit Agricole SA, l'effet risque d'être négatif en termes de bénéfices. Les doutes concernant la pertinence d'une acquisition d'Alliance & Leicester reposent beaucoup sur le fait que les détails de l'opération sont encore inconnus.

Le groupe a annoncé vouloir réaliser de nombreuses acquisitions. Comment expliquer cette boulimie du Crédit Agricole?

Ce phénomène intervient alors que la mise en place de la fusion entre le Crédit Agricole et le Crédit Lyonnais est presque achevée. A présent, le groupe entre dans une deuxième étape, avec comme point stratégique le renforcement dans la banque d'investissement - ils ont d'ailleurs recruté des personnes chez Lazard. La stratégie comprend également le développement de la présence à l'international et sur les marchés financiers.

En outre, cette stratégie est motivée par le fait que les grands concurrents du Crédit Agricole, BNP Paribas et Société Générale, sont déjà très présents sur ces segments. Le Crédit Agricole doit ainsi obtenir une dimension supérieure, face à ces deux grands concurrents. De plus, le groupe a besoin d'accroître sa présence sur des secteurs plus rentables que la banque de détail.

Quelles sont les possibles cibles européennes pour le Crédit Agricole?

Le groupe peut notamment se renforcer en Italie et en Espagne. En Italie, il est présent dans le capital de Banca Intesa. Mais ce projet n'est pas encore net. Il n'y a pas, pour l'heure, d'intérêt tactique pour le Crédit Agricole à se renforcer davantage en Italie qu'ailleurs. En Espagne, il n'existe pas de cible évidente pour le groupe. Mais dans tous les cas de figure, le point déterminant sera le prix.

Cette boulimie d'acquisition n'est-elle pas une fuite en avant afin de grossir à tout prix?

Non. D'autant que le Crédit Agricole a de plus grandes raisons de grandir à l'international que d'autres établissements déjà très présents. C'est un moyen de grossir dans le bon sens pour le Crédit Agricole.

En Bourse, comment cette stratégie peut-elle se traduire?

Le titre Crédit Agricole dispose d'une décote face à ses concurrents. Son PER (Price Earning Ratio, cours sur bénéfice) est notamment inférieur à ceux de ses concurrents. Cette décote pourra se résorber avec une montée en puissance dans les secteurs les plus rentables. Mais, surtout, le challenge pour le Crédit Agricole sera de trouver un vrai projet d'acquisition, lisible et convaincant. Quoi qu'il en soit, le groupe ne fait que rentrer dans cette nouvelle phase de son développement, axée sur les acquisitions. La banque est loin d'en avoir fini avec ce thème.

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