BNP Paribas, ou l'art du mouvement

En s'emparant de la BNL en Italie, BNP Paribas prouve qu'une stratégie bien menée est forcément opportuniste. Cette opération, si elle va à son terme, est un coup de maître.

Depuis 2004, BNP Paribas n'est plus la première banque de la zone euro, un titre qui n'est pas simplement honorifique. La banque présidée par Michel Pébereau, premier artisan d'une habile stratégie de croissance, et aujourd'hui dirigée par Baudouin Prot, son digne successeur, s'était à l'époque fait souffler la première place sur le podium par le SCH. En prenant le contrôle du britannique Abbey National, le groupe espagnol avait donné le coup d'envoi à la consolidation du secteur bancaire européen. Il a fallu attendre un an et demi pour qu'une banque française entre dans le bal, et il s'agit donc de BNP Paribas qui est partie à la conquête de la BNL.

L'opération est habile à plus d'un titre. Tout d'abord elle est cohérente avec la stratégie de renforcement de la banque sur son métier de la banque de détail. Ici, il faut aller chercher la croissance où elle se trouve, c'est à dire aux Etats-Unis, en Europe de l'Est voire en Chine pour les plus téméraires. La banque de la rue d'Antin, ensuite, achète un établissement de taille moyenne, en évitant ainsi les affres d'une "méga-fusion" entre égaux, de surcroît en phase de redressement.

Enfin, Baudouin Prot et ses équipes ont habilement su attendre que les verrous du système bancaire italien sautent les uns après les autres pour sortir du bois. Le BBVA, premier assaillant de la BNL, n'avait plus le coeur à y retourner. Quant au chevalier blanc, l'assureur Unipol, il était empêché d'aller au bout de son offensive. Bref, la BNL était quasiment en déshérence d'actionnariat et la banque française apparaît presque sous des allures de sauveur.

Là est tout l'art du mouvement de BNP Paribas qui se retrouve du coup à portée du Graal: la fameuse première place parmi ses homologues. A l'occasion, la banque en profite pour creuser à nouveau sensiblement l'écart avec une autre championne hexagonale, la Société générale, vers laquelle tous les regards se tournent maintenant.

S'il convient de saluer comme il se doit le joli coup de BNP Paribas, encore faut-il ne pas perdre de vue qu'elle s'offre la BNL au prix fort: 9 milliards d'euros, ce n'est pas rien pour une banque qui était encore déficitaire en 2004. Mais mettre la main sur le sixième réseau italien a un prix et l'acquéreur a bon espoir que grâce à son savoir-faire les résultats ne tarderont pas à s'envoler.

Et puis aujourd'hui, le thème de la croissance revient en force. Les marchés financiers applaudissent aux opérations de croissance externe. En cela aussi, BNP Paribas sait se montrer opportuniste. Elle réalise en effet une opération importante, bien plus que les acquisitions "ciblées" qu'elle privilégiait jusqu'à présent, au moment où ce type de mouvement a la faveur des investisseurs.

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